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 Chapitre neuf : La vache et le piano

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Le Copiste
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MessageSujet: Re: Chapitre neuf : La vache et le piano   Chapitre neuf : La vache et le piano Icon_minitimeLun 23 Mar - 0:48

Joseph des rouscilles

Ca y'est l'Jo vient de comprendre pourquoi on a vissé des pattes aux vaches plutôt que des roulettes. Parce que c'est pas fait pour ça ! Possible qu'en pleine cambrousse ça puisse passer tranquille mais dans les rues parisiennes on fait pas mieux que la guibole articulée. Au minimum, faut compter un genoux, si t'arrives à t'en offrir deux, tu dois pouvoir t'en sortir sans trop de vapeur et avec quatre l'Joseph vous transhume toute la ville, pigeons compris.

Quand ils ont recroisé les hommes du guêt, le gaillard avait déjà lâché trop de patience pour se la faire discrète, il a donné dans le concret, beaucoup donné et ces messieurs ont eu la gentillesse de recevoir sans broncher, portant la baffe jusqu'à la conceptualisation du grand néant inconscient. Sont bien dressés, mieux qu'cette s'loperie d'vache à touches qui fait deux tours de patins dans l'vide avant d'avancer d'un mètre.

C'est pas de la progression, c'est de la reptation, grinçante en plus, pas crédible quoi. Une vache qui grince des roulettes et qui ahane de l'arrière, nous voilà jolis. Pour dire, elle fait autant d'vent qu'une vraie, l'odeur en moins, comme quoi, on n'est pas si mal.

La vieille Notre-Dame qui a tout l'air de s'éclater dans cette histoire refait un coup de tocsin, elle a pas grand chose d'autre à foutre faut dire, plantée à jamais pouvoir se dégourdir les moellons, elle s'occupe comme elle peut. Et rouler des cloches c'est pas plus couillon que s'tourner les pouces. N'empêche le Joseph en reste coit, leur aura fallu deux pleines heures pour arriver jusqu'aux halles, à s't'allure là, ils seront jamais à temps au rendez-vous, il entend d'ici les rugissements de roquets de Mademoiselle.


Pousse Carline, p'tite mère, s'te grosse Mirabelle va finir par nous faire tourner l'lait avant qu'on en ait vu la couleur.

Noter, non seulement il foutra plus un pied sur un toit mais de plus, on l'y reprendra pas à trimballer d'la musique dans une cité qui demande rien d'autre que pioncer après une rude journée de travail. C'est ça, faut laisser les honnêtes gens prendre le repos qu'ils méritent et à y être si on pouvait lâcher la grappe aux vieux monte en l'air, ça s'rait pas d'refus.
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Du silence les enfants, surtout du silence !




Asdrubal Vermillon

Asdrubal sifflote, savoure la balade, calé sur le piano, jamais s'foutre dans les arpions du Jo' quand il fournit l'effort, devient incapable de délocaliser l'attention plus loin que la prochaine goutte de sueur, une vraie plaie, et puis, les ballotages de la Carline demande appréciation élevée, un appel vicelard à bourrer les urnes.

Appuie la droite j'te dis ! Arrête de viser les ornières, après tu t'étonnes... Hé la mignonne ramène tes chouquettes, j'rafle l'panier, l'travailleur doit pas s'laisser abattre, Jo' paye la donzelle, plus un radis, râle pas tu vas perdre le souffle. T'en veux ?

Confortablement installé sur l'engin sonore, il engouffre une pâtisserie, saluant de son galure les badauds rigolards au passage de l'équipage, à l'aise, détendu d'la canne aux épaules des railleurs commettant l'erreur de s'approcher.

T'en foutrai de l'orgue de barbarie, t'sais c'qui t'dis le ouistiti ?

Le petit maitre caresse l'espoir que Babette aura préparé un thé brûlant, l'étape se rapproche, pas vite, il hésite à économiser les chouquettes.





Joseph des rouscilles

Au beau milieu du marché, un coup de frein, l'épaule calée à l'engin, ça bouge plus d'un millimètre, toute la masse joséphienne en opposition à la progression.

J'en veux pas non, j'aurai trop peur de baffrer celle qui va t'étouffer.

Ouais, l'aurait pas du, ça relance illico le moulin à parole du p'tit gars, à lui faire lever les mains au ciel au Joseph, à se ret'nir de lui serrer les doigts autour du cou. Surtout qu'y'aurait pas besoin de beaucoup pour lui péter les cervicales, c'est costaud comme un nouveau né ce gonze.

Mais ferme la non de dieu ! Bouffe et tais toi !

Un coup de rein pour remettre en branle, sec, histoire de l'secouer un peu l'animal perché, s'pas un ouistiti, c'est un mainate, blablablabla jamais il s'arrête. Et vas y qu'il va nous chanter la ritournelle du p'tit crincrin maint'nant. Sans stopper, le Joseph se baisse, ramasse une caillasse, la balance par dessus son épaule, au jugé. Touchera, touchera pas, au p'tit bonheur pas d'chance pour le Maître.

Pas un claque purin qu'il a, une fabrique à maux d'tête, du compost d'intelligence.

Il vous l'a déjà dit l'Joseph depuis combien d'années il supporte ce ... cette ... lui là !
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Carline

Au cas où elle l’aurait oublié, Carline sait maintenant pourquoi elle n’a jamais gouté les joies de la campagne, mais rien qu’a voir la suée qui lui dégouline dans le décolleté à pousser c’te saloperie d’vache, elle se dit qu’décidément ça doit pas être la joie tout les jours dans les cambrousses environnantes, surtout au niveau odeur.

Non seulement Carline ressent tout le poids des siècles de servitude de l’homme au profit de la nature mais en plus y a un merle qui lui siffle dans les oreilles depuis trop longtemps déjà. Le Cui Cui des p’tits oiseaux ne lui jamais procuré d’envolés lyrique, ni allumé des étincelles dans le regard et celui-ci ressemble plus a un pigeon parisien rachitique qu’a un rossignol.

Ca commence à lui chauffer sec à la reine des potimarrons. Les plans joséphiens sont plus c’que c’était. Ca manque de classe et la bande son vaut pas un pet. En plus, L’Asdrubal la reluque en s’empiffrant d’chouquette. Prêtre la chouquette qui fait déborder le vase allez savoir. Toujours est il que la moutarde lui monte aux oreilles et qu’le vent se met à souffler.

Lui reviens en mémoire une discussion ancienne sur les différentes manières de calculer la force et le sens du vent et d’un seul coup d’un seul la possibilité de mettre en pratique ces théories lui parait comme une évidence.

Stoppant son effort, Carline pose un regard mesquin sur l’Asdrubal. Sans se presser elle plonge sa main au milieu des chouquettes, et les enfile une à une sur les doigts si précieux du mainate.


Maintenant qu’les précautions sont prises, l’est temps t’envoler et d’nous montrer d’où viendra l’printemps, hirondelle des faubourgs !!!

Choppant l’Asdrubal par une cheville et par l’aisselle, Carline entreprend de lui apprendre l’art du vol plané.
Ca glisse comme un pet d’mouche sur une toile cirée, le bord d’la vache à corde signe l’envol du nain. La cane en gouvernail, le chapeau en nez d’fuselage et la redingote en aile porteuse, l’Asdrubal devient missile air sol. Reste à savoir à quelle distance le nain porte cette année.


Ohhhhhhh, la belle bleue !!! Mon Jo, l’été s’ra chaud, le nain volr haut c’t’année.



Asdrubal Vermillon

Sale temps pour les nains, privation de gravité sur Paname, interdiction au droit du sol, Asdrubal vole, en vrac, au dessus des tonsures de la plèbe, abandonnant des miettes de chouquettes en guise de sillage, un juron coincé dans le gosier, propulsé par la poigne massive de Carline, agrippant son galure en un réflexe ridicule, le pavé doit être sa vie, c'est lui que le petit Maitre voit défiler, sacrément vite.

Les gens sont prévenant, ils s'écartent avec politesse, dégageant un coin de trottoir pour le vautrage, le son est net, sans équivoque, un craquement sec, une brindille brisée, sans y prêter garde, entre deux mains enfantine, au silence d'un après midi d'été.

Les regards se détournent, certains sons se nichent à demeure aux creux des tripes, Asdrubal Vermillon, l'échine brisée, repose déglingué dans le caniveau, frêle barrage aux eaux usées, contournant peu à peu sa silhouette de chiffons, abandonnant contre son corps pelures, trognons et croutons.

Le souffle de la Camarde l'embarque, au détour d'un rire, il n'a pas lâché son chapeau, pas sûr que le barbu lui file les clefs du paradis, s'en fout, il crochètera l'entrée de service.
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MessageSujet: Re: Chapitre neuf : La vache et le piano   Chapitre neuf : La vache et le piano Icon_minitimeLun 23 Mar - 0:55

Joseph des rouscilles

Faudrait qu'il la tue, sur place, tout net. Faudrait.

Il a pas ouvert la bouche, pas bougé.

Il a pas fait semblant de pas voir.

De la bonne grosse réalité.

C'est pas une façon d'y passer. P'tain non, c'est pas une façon ... Dans le métier tu crèves sur un coup, tu crèves parce qu'ils ont fini par te foutre la pogne dessus et qu'tu te balances au bout d'une corde, tu crèves d'avoir trop profité du soleil d'une retraite aux frais de la princesse.

Les mains dans les poches, il attend.

Que ça passe.

Appuyé au piano, les yeux ouverts.

De la bonne grosse réalité.

C'est pas une façon d'y passer. Y'en a des centaines, sans avoir à chercher loin. Tu peux te faire éclater la tronche sur un calcul de poudre mal dosé, te faire arracher la gueule par un clébard qui se conduit en propriétaire, finir sous les tenailles du bourreau, te péter la panse pour avoir bouffé tout ton trésor de guerre, tu peux ...


N'y touchez pas.

Il a pas haussé le ton.

Juste décollé l'épaule du piano, au cas où.

Il regarde.

De la bonne grosse réalité.

C'est pas une façon, non, mais c'est fait. Alors il se remue, tranquillement, sans broncher, va récupérer le fardeau, jete un regard à Carline, ni mauvais, ni bon et il se barre.






Asdrubal Vermillon

La nuque serrée dans un étau, un coup d'visse à chaque pas, chauffé à blanc, tisonne les vertèbres en saccades, une odeur abominable, de sueur rance, à plein pif, avec un soubresaut de brochet, Asdrubal s'retourne aux bras de Jo', et dégobille une pleine ventrée de chouquettes à peine digérées. Crachouille des filaments de glaires, s'essuie la bouche d'un revers de main, la loupe, s'fout un doigt dans l'œil. Essaye de faire le point sur la trogne du roumégueur ébahi, regard vitreux.

J'ai loupé un truc ? M'bavouille pas dans l'esgourde ! Arrête j'te dis ! Oh, y m'pose l'cœur d'artichaut là !

Dans l'anatomie humaine, l'cul est souvent plus lourd que la tête, le petit Maître s'effondre, jambes coupées, haletant, essaye de mettre son claque, peine perdue, la tremblote sonne le glas à ses os.

C'qu'on fout là ? Et l'piano ? Me suis pas cogné une cheminée pour des prunes ! Z'êtes pas une bande de loufiats, z'êtes un cirque à... à... cirque ! Ouais !

Tentative de verticalité, rien à fiche, ça tricote dans tous les sens.

Euh Jo', j'crois qu'faut qu'tu m'porte...

L'idée lui colle le bourdon, il s'imagine déjà dans un p'tit harnais, à demeure sur le dos du massif, r'marque, il sera bien placé pour balancer des torgnoles sur le crâne à Carline, 'fin, si les deux décident de jouer la bestiole à galipettes... A l'image de la scène, y'a subit tiraillement entre resucée de nausée et hilarité migraineuse.





Joseph des rouscilles

Rencontre intime de deux blaires aux dimensions antinomiques.

Faudra m’sucer les feuilles s’tu veux que j’te transporte.

Y’a du Joseph, des pieds à la ceinture, qui tente de faire son malin et puis y’a toute l’autre part du bonhomme qui s’joue une chansonnette aux paroles pas trop fouillées …

merd’alors … merd’alors … merd’alors …. merd’alors ….

C’est répétitif mais ça exprime bien l’idée de fond, sous-jacente, l’infrastructure du vide. L’était plus là, mort, carpette, essscrabouillé, démantibulé, limite disloqué, puis paf ! Asdrubal le retour, la vengeance du chapeauté bigleux, façon coucou sortant de sa boite à musique, un peu plus répandu peut être, dégoulinant, bavouilleux de la babine. Quand le Joseph déconstruit le discours comme la Carline le nain de jardin.

Il se le cale sous le bras, lui claque une lichette de bécot aux poils sur la joue et demi tour fillette aux guiboles ramolos, si le saint patron des vieux cons a pas voulu d’toi c’est qu’tu peux pas être aussi mauvais que la puanteur qui s’exhale de ton avaloir.

L’enjambée engouffre du pavé plus vite qu’une mouche s’envoie une bouse fraîche derrière la trompe. La foule attroupée autour du piano et d’la Carline abandonnés sans autre forme de cérémonie qu’un cul tourné profite des techniques de pêches du Joseph, à grands coups de battoirs.


C’est marée haute les bigorneaux, allez vous trouver un autre rocher NOM DE DIEU !

Sûr, d’une main, il manque l’effet de masse, m’enfin l’est pas mécontent, ça défoule pas mal, on s’éparpille sans demander de complètement d’information sur les horaires et la couleur du drapeau à la baille de leurs occupations de péteux.

Le coup d’arrondi zieuté à la Carline, cette fois est plus souriant que vindicatif même s’il y reste un quelque chose qui va traîner dans le coin un bout de temps, il a la mémoire sélective le géant gras du bide.


On repart, Carline pousse dont, t’as l’air en forme et toi bébé, cales toi du mieux qu’tu peux que j’ai pas quarante bras moi.

On va te l’livrer oui s’foutu piano et j’te jure que l’autre va nous prouver qu’il a pas les doigts coincés dans le derche.

La prochaine fois qu’t’y passes p’tit Maître, tu penseras à pas te goinfrer comme un porc avant, au prix des chouquettes …

Tiens ça c’est une bonne conclusion, meilleure que ce qu’annoncent les cloches, combien de coups avant huit heures ?




Carline

Bon, y'a eu l'envol, y'a eu l'atterissage, y'a eu comme un silence, lourd, plombant même. Comme un sentiment d'une gaffe énorme et d'ennuis encore plus enorme encore. Y'a eu comme un soupir de soulagement et comme un sentiment de regret qui n'oserait pas s'exprimer.
Ouf... Quoique... Pas mort mais pas tout à fait vivant non plus... hum... Moitié, moitié quoi !!!

Y'a l'Jo qui prend les choses en main, l'nain pantifié et l'piano. Y'a pas l'est fort c't'homme là. Agacé mais fort !
Carline pousse donc. Sans rien dire. Pas trop l'moment de la ramener tout compte fait. Un ptit coup d'oeil en passant sur les menottes d'Asdrubal. Intactes, pas de soucis, l'maitre es serrure pourra encore oeuvrer. Et l'imagination de Carline d'oeuvrer, elle, pour la création d'un plateau à roulette avec élévateur qui permettrait au nabot de s'dresser vers l'objet de ses convoitises. Sourire interieur, pour eviter toute interpretation, au pire, y a moyen de le transformer en bestiole de foire. Et puis avec un tel attirail, il pourra ptetre enfin atteindre le décolleté des aguicheuses de faubourg sans monter sur un marche pied...


Pousse Carline qu'il a dit l'patron, pousse y a plus qu'ça à faire. Les nains savent plus prendre le vent d'nos jours et les saisons sont plus c'qu'elles etaient...
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MessageSujet: Re: Chapitre neuf : La vache et le piano   Chapitre neuf : La vache et le piano Icon_minitimeLun 23 Mar - 1:08

Joseph des rouscilles

Les escargots transbahutent leurs bicoques, le Joseph c’est les nains qu’il se fade. La sueur au front, la rage grondante aux guiboles, ça aide à avancer. Le piano ricane à l’arrière, la corde tendue à bloc, il tintinnabule de la touche à chaque pavé trop haut perché. Quand on a une voix de crécerelle on devrait pourtant apprendre à la boucler. Même le ciel a des allures de se payer sa poire, il le sent, le zénith rigolard, le nuage tout blanchi de joie moqueuse. La traversée de Paris, on lui en recausera, il aura des choses à raconter sur le service tourisme de la capitale.

Les funambules sont doués pour les fils il parait, celui là aurait l’occasion de démontrer que la réputation n’est pas usurpée. C’est pas les regards qui se posent sur la troupe qui le démange le mastard de la dérobe, c’est le gaillard agrippé à ses épaules. Un coup qui foire à ce point faut lui trouver un responsable, la face de péteux à larme poétique ferait parfaitement l’affaire. Y’avait de la gamme montante en préparation, du rugissement de déclaration de guerre en mûrissement, d’un dos à un do, ça allait pas durer longtemps, pas de siège, du franc qui claque. La conjoncture d’un trébuchet dans l’axe d’une arbalète chargée jusqu’à la gueule.

S’envoyer l’intégralité des halles ainsi harnaché tient de la fable pour mômes crédules, personne n’avait eu l’idée de l’agencer pour une course poursuite après le temps affublé d’un tas de bois à roulettes se prenant pour une vache, d’une rombière lestée de mamelles et d’un mini bonhomme qui vient de se raccourcir d’une paire de pilons. L’entrée dans la rue n’a rien d’un bal pour débutantes sinon les odeurs de transpirations de fin de soirée et les pieds en compotes d’abrutis sachant pas aligner trois pas sans déclarer leur amour aux yeux d’hirondelles omettant le trois dans le décompte des tours.

A la porte de l’hôtel, le calvaire prend fin, le nain est déposé sur le trottoir et le Chicard mimant les joies de la retrouvaille ramasse la première talmouse de détente.


Où elle est la donzelle ? Dedans … bien.

L’œil s’envoie la façade en lascive inspection, à croire qu’il savoure par avance. Un Joseph remonté plus serré qu’une pendule suisse, le clapet du coucou s’ouvre en basses dissuasives de demander l’heure.

Ha elle a dit d’attendre ! J’vais aller lui faire la musique de fond à la gamine, ça aidera à patienter.

Le loquet rebondit contre le battant qui retombe sur ses pas, y’a plusieurs façons de s’annoncer, il a choisi l’option qui s’ajuste à l’humeur du moment. Faudrait qu’il patiente gentiment avant de livrer les courses de Mademoiselle, puis peut être qu’il aurait à dire merci pour l’aumône si on lui glissait un pourboire dans la paluche, non mais, le monde va mal et c’est rien de le vivre faut encore le subir.

Il prend pas le temps de chercher, la crapahute, il a donné pour la journée, pour la semaine, pour l’éternité. Planté au milieu de l’entrée, même pas il s’offre de la contempler en plein jour, toute nimbée de la lumière fracturée par sa rencontre avec les fenêtres. Il se calle tout l’oxygène de la pièce derrière les poumons et lâche les vannes.


MARLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOWE’S


MARLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOWE’S

MAAAAAAAAAAAAAAARLOOOOOOOOOOOOOOOOOWE’S


Sur tous les tons, en modulant les fréquences, à exploser les cordes vocales, rien à foutre, faut qu’ça sorte, faut que le minot se ramène et plus vite que le clafoutis digéré. Un frémissement dans l'atmosphère, la voix se répercute sur les pierres, galope dans les couloirs, s'enfile les escaliers sans trébucher, frappe à chaque porte et quand elle croit que le boulot est terminé, à l'autre bout, le Joseph la repousse au turbin.
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Du silence les enfants, surtout du silence !




La Chique

Aux tonalités le Chicard parierait pour un orage foudroyant, ça lui fait gratter la fesse droite frénétiquement. Faudrait pas qu'il lui abime le tourtereau, l'est plutôt d'accord avec la Demoiselle, un type pareil ça se consomme. Seulement faudrait avoir le temps d'y goûter et même s'il comprenait pas bien ce qui avait pu allumer la mêche, pour sûr c'est pas un dé à coudre de flotte qui suffira à l'éteindre.

Au claquage de porte sur le pif de l'humanité, l'oeil de flétan du Chicard tente d'apporter des réponses au cerveau, pas une tâche aisée, que non, seulement il y croit le rond d'humidité sous paupière, il se dit que si y'en a un qui est capable de percuter la dedans c'est lui.

Il fait dans le traveling arrière, note la présence d'une vache cornue, de la Carline à qui la course a filé des couleurs. Tiens, si la donzelle lui avait fait de l'effet possible qu'il aurait tremblé à l'unisson des mamelons, sauf que tout ce que ça lui invoque c'est la vieille purée dégueulasse qu'on refile aux troufions en casernement. Il lui décroche quand même un sourire, on n'est pas des sauvages, même la tambouille ratée a le droit à sa part de politesse.

Puis, tout ruisselant, tel une flaque guettant du coin de la goutte le moment de son évaporation, un Asdrubal bloblottant. Il sait pas additionner un plus un le Chicard, alors ...


Ben forcément, une vache s'pas facile à dégoter par ici ...

Tiens, l'avait du s'en voir des pierres le Joseph, elle avait de drôles d'idées la Demoiselle à aller leur demander un ruminant, pis quant à savoir ce que le joli fessier voulait en faire y'avait un monde que La Chique n'était pas prêt de visiter. Voir, il devait avoir du goût pour le lait frais au réveil, mais où qu'il allait pouvoir se la mettre ? Au milieu du salon ça ferait un poil baroque non ?
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Tout ce qui brille est or.




Carline

Bon, qu’on vienne plus jamais dire à Carline qu’avec des Si on mettrait Paris en bouteille au risque de se becqueter la mandale de sa vie. Parce que des Si voyez vous, elle en avait plein les esgourdes et des Do aussi et des La, plus faux que les sermons des curetons jours de soldes d’indulgences et on parle même pas des Ré et autre Fa…daises.

Fadaises, oui, m’sieur dames. Des fadaises que Paris était tout p’tit. Des fadaises que ces pavés étaient les plus beaux du monde. Des fadaises que c’était la ville des lumières.
D’abord, Paris c’est grand comme un jour sans pain et sans vin pour qui se trimballe un piano à roulette, et pis les pav’tons sont pt’ être beaux mais quand ils vous font trébucher tous les trois pas parce qu’l’nigaud de cantonnier est pas foutu de les jointer correctement, vous paraissent déjà nettement moins sexy. Se mettent à r’sembler à un tas d’pavasses avachies sur ce qui devait être une ballade digestive. Quand à la lumière, parlons-en de la lumière. Jamais là quand il faut celle là, doit être de mèche avec les cognes y a pas d’autres explications qui tienne. A vous faire croire que vous êtes sur la scène de l’Olympia quand tout ce que vous demandez c’est de la discrétion bordel ! Et aussi absente que le courage chez un Hérault de France quand la roue de votre bahut s’est pour la énième fois bloquée dans les pavés cités plus hauts.

Bref, la Carline commençait à en avoir ras les miches de c’te traversée et c’est pas les coups d’œil furibards du cul de jatte qui amélioraient quoi que ce soit. Et que celui qui a déjà traversé Paris avec un piano vache jette le premier poncif. C’est avec un soupir de soulagement à en faire exploser son décolleté plutôt lâche, qu’elle vit apparaître le terminus de leur train de l’enfer.

La vue de Chicard faillit la faire sortir de ses gonds tant son regard lui rappelait ceux des bovidés. Impressionnant la ressemblance qu’il pouvait y avoir entre son calvaire à roulette et c’t’espece de rejeton de la nature. A parier qu’en plus l’un et l’autre dézinguaient la gamme avec autant d’ardeur.

Le hurlement du Jo vit Carline s’affaler sur le piano, soupirant, levant les yeux au ciel pour ce qui fut peut-être la première prière sincère de sa vie :


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