La vache et l'avocat

CLkikoz


Comme chaque jour, CLkikoz se rendit auprès de son compagnon. Elle avait le cœur gros de le quitter bientôt pour son voyage en solitaire. Une traversée qui lui paraissait déjà longue, alors qu’elle n’avait pas commencée. Elle voulait profiter de chaque instant et c’est dans cet empressement qu’elle arriva :

Mon Prince ! Votre Blanche a fait au plus vite. Que je suis heureuse de vous retrouver !

Ses baisers prenaient de la langueur et ses éteintes de la vigueur. Elle voulait tout emporter… mais elle partirait seule…

Assurez-moi que je n’ai rien oublié…

Elle lui conta son trajet et le nombre de jours requis, la quantité de nourriture à prendre, l’argent dont elle devrait disposer, les objets qu’elle voulait toujours conserver avec elle, ceux qu’elle lui laisserait en garde. Il lui faisait confiance, la sachant femme raisonnable et la conforta dans ses décisions. Sa générosité de cœur parlait : il lui avait toujours laissé la liberté de choisir son chemin, sa destinée, jamais il ne l’avait contrainte et ne le ferait pas aujourd’hui.

Merci mon Prince, vous êtes si bon avec moi… Je vous reviendrai vite !

Elle sortit de sa poche un petit billet sur lequel était inscrit un numéro.

Je vais vous confier ceci et ne riez pas je vous prie… j’ai joué à la loterie automnale alaisienne!

Evidemment il éclata de rire. Il trouvait que tenter sa chance ainsi ne valait pas un bon placement à la banque, mais comme toujours il lui pardonna cette petite « bêtise » et comme ils en avaient pris l’habitude, chaque bêtise valant un baiser, il en profita…

Une fois de plus le temps leur parut rétrécir comme une peau de chagrin devant le bonheur qu’ils avaient à le partager. Cette vie faite d’autant de séparations que de retrouvailles cesserait bien un jour mais dans l’immédiat elle ne leur donnait que les morceaux de tendresse indispensables à leurs lendemains.

Demain, je reviendrai, gardez des forces, j’aurai quelque chose à vous montrer…

Elle souriait ne voulant pas dévoiler son idée. Il n’était pas curieux. Il la prit simplement contre lui et lui chuchota moult propos délicats. Il savait qu’elle avait besoin de réconfort dans ces instants de doute. Elle fit le plein de ses encouragements et le laissa, en lui rappelant toutefois combien elle tenait à lui :

Mon Prince, je vous aime, j’ai hâte de revenir. Reposez-vous encore. A demain …

Elle s’éloigna, une larme qui ne savait être de bonheur ou de tristesse perlait dans ses yeux…

CLkikoz


Impatiente de montrer sa nouvelle acquisition à son compagnon, CLkikoz était venue avec sa jument, jusqu’à l’hospice. Elle la laissa en toute confiance dans le terrain qui jouxtait le bâtiment, gravit l’escalier quatre à quatre et se jeta dans les bras de Babun :

Mon Prince, bonjour ! Vous avez devant vous la nouvelle Blanche : Dame de Palencia…
Etes-vous d’accord de m’accompagner à l’extérieur, je voudrais vous présenter ma compagne de route.

Se prenant pas la main, ils regagnèrent l’extérieur de l’hospice. CLkikoz présenta « Bizi » à son bien-aimé.

La jument était vive et quelque peu farouche, mais il lui restait quelques jours avant le départ pour faire meilleure connaissance avec sa nouvelle cavalière. Une tache blanche se dessinait entre ses deux yeux lui conférant un regard tout à fait particulier.

Mon Prince, j’espère qu’elle me conduira au plus vite vers le chemin du retour. Je suis déjà impatiente de vous revenir alors que je ne suis pas encore partie… suis-je ridicule…

Ils ne s’étaient pas retrouvés à l’air libre depuis leur visite dans le jardin, veille de la dernière rechute de Babun. Ne voulant pas abuser des forces de son cher et tendre, elle lui proposa de rentrer. Ils s’arrêtèrent à l’oratoire, renouveler leurs prières et finirent de passer un agréable moment dans la petite chambre de l’hospice. Elle ne manquait aucune occasion de l’embrasser et de se nicher contre lui, faisant le plein de tendresse. Elle en emporterait une grande quantité dans son cœur.

J’ai la chance de pouvoir vous dire à demain… prenez soin de vous, je vous aime, j’aurai plaisir à vous retrouver totalement remis… Qu’Aristote vous en donne la force, qu’il me donne le courage de m’éloigner et surtout qu’il me protège pour revenir vite…

CLkikoz


Aujourd’hui CLkikoz avait pris juste un petit travail pour avoir plus de temps à passer avec son compagnon. Elle arriva tôt à l’hospice, les bras chargés d’une sambocade et d’une compotée de pommes et poires à la cannelle. Elle avait aussi apporté des livres.

Lorsqu’elle entra, Babun n’avait pas encore terminé son repas : un brouet avec oignons, poireaux, choux et fèves, enrichi de quelques morceaux de bœuf et de pain.

Bon appétit mon Prince ! Votre blanche vous fournit la desserte aujourd’hui….

Elle posa sa tarte au fromage blanc et fleurs de sureau et manqua de renverser le mélange de fruits. Sa précipitation et surtout son émotion la rendaient d’une maladresse effarante. Elle l’embrassa et s’assit sur le bord de sa couche, le dévorant du regard. Elle remarqua que ses traits s’adoucissaient de jours en jours et que sa main gauche le servait aussi bien que sa droite le faisait avant l’accident.

On pourrait croire, mon Prince que votre gaucherie est née avec vous, votre habileté est à s’y méprendre…

CLkikoz affichait une fierté candide. Elle sortit les livres de sa besace et alla les ranger auprès des autres sur la petite étagère qui avoisinait la fenêtre. Elle ne dit rien sur les titres des ouvrages, un peu confuse de vouloir imposer à son compagnon la lecture de livres religieux si son choix n’avait été fait que par crainte de la mort ou par amour pour elle…Elle y avait tout de même glissé un recueil des coutumes du Languedoc sachant que son tempérament de juriste trouverait intérêt à une telle publication. Timidement elle ajouta :

Vous n’êtes pas obligé de tout lire… mais cela peut vous occuper en mon absence…

Elle avait prononcé le mot. Elle serait absente. Aussitôt un voile de tristesse se plaqua sur son visage. Elle détourna le regard pour refreiner ses larmes. Elle avait promis de ne pas être triste. Mais comment ne pas l’être quand la séparation de l’être aimé se profile au lendemain. Brusquement, elle se retourna et se jeta dans ses bras pour y puiser force, courage et tendresse.

Mon Prince, je vous aime… j’ai tant besoin de vous...

Ils partagèrent gâteau et compotée, jeux et taquineries, baisers et étreintes, repoussant au plus loin le temps de la séparation. Mais elle vint malgré tout :

Je dois vous laisser maintenant, je reviens demain, si vous souhaitez un message pour Tonnerre, préparez-le je vous prie. J’ai un message pour vous d’Alais, Dame Enduril vous salue… Vous verrez, elle est charmante. Mon Prince, je vous aime et vous espère. Qu’Aristote vous ait en sa sainte protection… à demain….

CLkikoz


Après la messe, CLkikoz avait improvisé une grande promenade, pour faire plus ample connaissance avec sa nouvelle monture. Les rives du Gardon étaient splendides. La forêt aux couleurs de cuivre et d’or se réfléchissait dans les eaux leur donnant des reflets de feu.

Elle arriva à l’hospice, à cheval, en descendit promptement, laissa sa jument en attente au pied de la bâtisse. Elle gravit les marches qui la séparaient de son compagnon sans prêter attention à la religieuse qui s’y trouvait, manqua de la bousculer et se confondit en excuses avant de poursuivre.

Elle entra et immédiatement vient embrasser Babun, sans un mot. Elle se nicha contre lui et on aurait pu l’entendre ronronner s’il nous avait été permis d’assister à la scène. Son bien-aimé avait passé sa main gauche derrière la nuque de sa Blanche et la tenait près de lui, caressant tendrement sa chevelure. Elle releva la tête, le regarda profondément et lui murmura :

Mon Prince, c’est aujourd’hui…

Il leur revenait en mémoire le long trajet qu’ils avaient fait depuis septembre. Elle lui prit la main, y déposa un baiser et la garda longuement, comme si elle voulait l’emporter pour le voyage. Ils avaient pris l’habitude de cheminer ainsi pour se rendre dans le Sud, main dans la main…

Subitement, elle se tourna vers lui :

Pourriez-vous me prêter votre couteau, je vous prie ?

Il fut surpris de sa demande, mais pensant que c’était pour le voyage, il le lui confia volontiers. Elle s’en saisit, dégagea une mèche de cheveux de derrière son oreille gauche, et d’un geste vif mais précis, la coupa à la racine, rendit le couteau, prit dans sa poche un mouchoir brodé de la lettre B, y enveloppa la mèche et tendit le tout à Babun :

Gardez ceci, ainsi votre Blanche sera toujours un peu avec vous, mon Prince. Je vous aime, et vous reviendrai vite, le plus vite possible…

Il leur était difficile de se séparer, mais leur confiance était réciproque. Leur dernière étreinte fut aussi silencieuse que la première, chacun cherchant à écouter battre le cœur de l’autre…

Mon Prince, je ne vous délaisse jamais de ma pensée, je vous aime, je suis vôtre, hasta siempre…

Elle plongea son regard dans le sien, lui sourit et ajouta simplement :

A bientôt…

Elle sortit sans se retourner, mais aussitôt arrivée en bas, vit que son Prince la regardait partir par la petite fenêtre. Elle enfourcha sa monture, fit un signe à son bien-aimé et disparut entre les arbres du verger…

Banator

Dans la matinée, on vit au-dessus d’Alais voler une colombe blanche. Elle connaissait bien les lieux. Elle survola le verger et alla se poser directement sur le bord de la fenêtre de l’hospice où se reposait encore Babun.

Annonçant sa venue par un roucoulement elle n’eut pas le temps de frapper du bec que le destinataire avait déjà saisit le message qu’elle portait à sa patte.

Manifestant quelque impatience aux nouvelles, Babun maugréait après son manque de rapidité à défaire le ruban qui maintenait le parchemin roulé. Il n’aimait pas que les choses lui résistent…

Enfin, il put lire :

Citation :

Bonjour mon Prince,

Mon voyage a commencé dans le froid mais la bonne humeur.
Notre groupe progresse facilement, Djahen est un excellent guide.
Ses compagnons de l’Ost sont d’un commerce agréable.
N’ayez crainte pour ma sécurité, je suis bien gardée.

Toutes mes pensées se tournent vers vous.
Laissez-moi encore vous dire combien je vous aime.
Mes plus tendres baisers sont pour vous, rien que pour vous.

Prenez soin de vous.

Votre Blanche… hasta siempre !

Il donna les quelques graines qu’il s’était procurées, espérant la venue de cette colombe et le temps qu’elle picorait, prépara une brève réponse de gaucher. L’écriture lui était devenue facile maintenant, aussi facile qu’avec sa main droite toujours meurtrie…

Il renvoya l’oiseau, après lui avoir murmuré de taquiner de son bec l’oreille de sa douce…
Cette idée le fit sourire… Il aimait la plaisanterie…

Banator

Aujourd’hui Babun se sentait en forme et c’est dans un champ de blé que la colombe le retrouva. Il était allé y glaner quelques épis, pour elle justement, pour la récompenser de ses services.

Elle vint se poser sur son épaule et attendit qu’il la libère de son parchemin. Il la reconnaissait et savait qu’il lui donnerait une réponse. Il reprit donc le chemin de l’hospice. L’oiseau se laissait porter docilement et les épis de blés formaient un bouquet à sa main. Etrange convoi qui traversa le verger sous les yeux étonnés de cueilleurs.

De retour dans son « chez lui » provisoire qui durait, il prit le temps de lire et relire les nouvelles qui lui parvenaient :

Citation :

Mon Prince,

Petit imprévu sur notre parcours, rien de grave, je vous l’assure.
Nous avons juste ralenti notre marche.
Le voyage n’en sera que plus long, mais j’espère que vous aurez la patience de m’attendre.
Les arrêts répétés me donnent l’occasion d’écrire quelques poèmes que je vous ferai parvenir bientôt.
Au Prince de mon cœur, je veux redire mon amour : je vous aime.
Que mes baisers les plus aimants vous parviennent.

Veillez sur vous, mon Prince

Votre Blanche…hasta siempre !

La colombe avait picoré quelques grains et ne se priva pas de boire dans le hanap posé sur la petite table, alors que Babun préparait sa missive.

Il sécha son parchemin, le roula et le plaça sous l’aile du volatile qui aussitôt prit son envol, fidèle à son devoir de messager.

Banator

Alors qu’il rentrait du jardin, Babun eut l’heur de voir la colombe posée sur le bord de la fenêtre. Sans plus attendre il la libéra de son message.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Beau jour que celui-ci : six mois d’amour et je suis si loin de vous !
Mais ma pensée ne vous quitte pas et si vous le permettez, j’ai composé « notre histoire » sous forme d’acrostiches.
Je m’autorise aujourd’hui de vous en livrer le premier mois :

«en mai, Révélation»

Réveille une douce espérance, joli mai,
Epoque d’un printemps, gravé à jamais.
Vaillant cœur, pour celui d’une vierge
Enigmatique, dans une petite auberge,
Lance follement ses volées de bonheur,
Aubade faisant chanter en son honneur.
Touchée en plein cœur par ce secret auteur,
Immédiatement, elle cherche cet admirateur.
Oh ! Ravissement ! Son nom enfin, il révèle
Noyant d’une infinie joie les yeux de sa belle.

Je vous aime mon Prince et vous offre mes plus tendres baisers…
Prenez soin de vous,

Votre Blanche…hasta siempre !

Plaisir et émotion se lisaient sur le visage de Babun. Il renvoya la messagère avec une tendre réponse dictée par ce doux souvenir…

Banator

Une blanche colombe en provenance de Le Puy se posa sur le bord d’une petite fenêtre de l’hospice et donna quelques petits coups de bec pour annoncer sa présence.
Babun ne tarda pas à la libérer de son message.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Mon voyage se poursuit mais j’éprouve quelques faiblesses en arrivant aux portes du Languedoc. Rien de bien grave, ne vous souciez pas pour moi. Lisez la suite de « notre histoire », vous comprendrez que je suis toujours heureuse… Je vous aime tant….

«En Juin, Bonheur»

Blanche, ce valeureux Prince la dénomme.
Oripeaux jetés, sa passion elle consume,
Navigue au grès de tendres enchantements,
Heureuse d’avoir compagnon si aimant.
Emportée par les volées de bonheur,
Une vie nouvelle, remplie de douceur
Redonne tous les espoirs à son cœur.

Ces espoirs ne me quittent pas, je reviendrai, mon Prince.
Dans l’attente de ce jour, je vous envoie mille baisers d’amour.

Prenez du repos et gardez confiance,

Votre Blanche…hasta siempre !

Après lecture et réponse, il rangea le nouveau parchemin avec la mèche de cheveux et les autres missives venant de sa belle. L’oiseau avait déjà repris son envol chargé de doux propos encourageants. Babun gardait confiance, son coquelicot blanc lui reviendra, il l’attendra avec patience et amour…

Banator

Vole, vole la pensée. Si elle avait une couleur, elle serait d’une blancheur pure. Si elle avait une odeur, elle serait le parfum d’une belle. Si elle avait une saveur, elle serait douce comme le miel. Si elle avait un son, elle serait le roucoulement de l’amour. Elle a un nom : Banator. L’oiseau se posa dans un mouvement souple et gracieux. La colombe blanche patienta.
Babun s’empressa d’ouvrir le message.

Citation :

Bonjour mon Prince,

C’est au galop que nous entrons en Auvergne. J’y ai trouvé des sources vivifiantes. Le relief se dessine mais nous progressons de manière convenable. Comme promis « notre histoire » se poursuit.

«En Juillet, Confiance»

Certitude de lendemains joyeux,
Ondoie dans le fond de leurs yeux.
Nourri soit leur amour éthéré !
Franchise promise et avérée,
Intimité, cernée par les clepsydres,
Assurance de n’être pas hydres,
Noble duo, de douces et agréables.
Confidences s’affirme capable.
Evolue ainsi leur amour véritable…

Mon Prince, mon amour pour vous ne cesse de croître, je vous aime chaque jour davantage. Vivement que je me dirige à nouveau vers le sud ! Prenez patience et forces et attendez-moi, je vous prie, Je fais au plus vite.
Tendres baisers à vous, Prince de mon cœur. Je vous aime…

Votre Blanche…hasta siempre !

La colombe attendit la réponse et s’éleva dans un bruissement d’ailes. Vole, vole la pensée

Banator

Une blanche colombe entra par la petite fenêtre ouverte et vint se poser sur les genoux de Babun qui lisait les dernières nouvelles des Royaumes dans l’AAP. Aussitôt, il posa le journal et se saisit du message, heureux de voir que sa compagne ne l’oubliait pas et espérant de bonnes nouvelles.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Nous poursuivons notre chevauchée en Auvergne, nous avons croisé quelques érudits et tout va bien. Ma jument est solide et brave. J’ai plaisir à vous envoyer le chapitre de « notre histoire » qui guide encore mon cœur vers vous aujourd’hui :

«En Août, Promesse»

Préambule d’un mariage, en bon fils,
Réponse mande par Carmen Fatalis.
Oui, oui, oui, la belle encourage.
Merveilleux et tendre présage,
Engagement mutuel est pris.
Serment d’unir leurs deux vies
Succède à trois mois de dialogue,
Espérance intense d’un bel épilogue.

Je vous aime mon Prince et garde toute confiance. Portez-vous bien.
Recevez mes baisers les plus tendres et les plus aimants.

Votre Blanche…hasta siempre !

Un instant le souvenir de sa demande en mariage à sa Blanche lui illumina le visage, il l’entendait encore lui répondre «oui» par trois fois. L’émotion passée, il s’attabla, plume dans la main gauche et rédigea quelques mots qu’il confia à l’oiseau. Banator reprit son envol vers le nord, sans faiblir.

Banator

C’est à tire-d’aile que Banator avait franchi les lieues qui séparaient CLkikoz de Babun. Sa mission quotidienne lui était familière et avec agilité elle se posa sur le rebord de la petite fenêtre de l’hospice. Elle n’attendit pas : son destinataire la libéra aussitôt du parchemin qu’elle avait pour mission d’acheminer. Inutile qu’elle reparte, elle aurait sans doute une réponse en retour.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Nous avons la Bourgogne en vue, et ce voyage sans vous me parait bien différent… Vous me manquez terriblement, souvenez-vous de « notre histoire », lorsque nous avions pris les chemins.

«En Septembre, Voyage»

Visiter les Royaumes, ils décident.
Odyssée, leur amour consolide.
Y parcourant moult chemins,
Avançant main dans la main,
Guignant des paysages les charmes,
Expédition joyeuse ils entament.

Qu’il était doux ce temps-là, mais je sais qu’il reviendra. Je garde espoir. Je vous aime d’aussi loin que je sois, mes pensées sont toujours vers vous : valete ! Mon Prince !
Mes plus suaves baisers sont pour vous, rien que pour vous…

Votre Blanche…hasta siempre !

La Bourgogne, était un souvenir lointain depuis leur départ, mais vivant par tout ce que chacun d’eux avait pu y faire. Babun regrettant de ne pas faire partie de cette expédition nota dans sa missive combien il était présent auprès de sa compagne par la pensée. Il renvoya la messagère après lui avoir susurré de revenir vite avec des nouvelles.

Banator

La colombe de CLkikoz arriva en fin de journée à l’hospice. Rien ne la retenait, elle accomplissait son travail avec toujours la même vélocité et la même grâce. Elle vint se poser en douceur sur le bord de la fenêtre, battit des ailes vigoureusement pour en faire tomber l’eau qui perlait encore dessus et attendit que Babun la libère de son message :

Citation :

Beau jour mon Prince,

Je foule ma terre natale, notre terre. Nous voici en effet parvenus à Chalon. Qu’il est doux de retrouver âme qui vive, ces chemins sont si silencieux. Vous me connaissez, je suis si bavarde ! Parler aux arbres me convient un temps seulement. Je n’ai pas oublié la suite de « notre histoire ». À vous de la découvrir.

« En octobre, Fidélité »

Fichtre ! L’accident du Prince
Inconscient, de sa belle l’évince.
Dévouement, foi dans le Très Haut,
Empressement, chassent le fléau.
Loyauté, la Blanche sait garder.
Ils s’aiment, sans embardées.
Tendresse, baisers, humour,
Etanchent leur soif d’amour.

Mon Prince, j’ai encore soif. Je vous aime et j’ai hâte de vous revenir et ma fidélité n’a pas changé.
Que mes plus tendres baisers vous parviennent
Prenez soin de vous, mon Prince.

Votre Blanche…hasta siempre !

On vit l’oiseau repartir, sous la pluie fine de novembre, un parchemin à l’abri de ses rémiges.

Banator

Inépuisable, la colombe revenait à Alais. Bizarrement elle passa au dessus du verger, contourna le bâtiment de l’hospice et poursuivit son vol en direction du centre du village, survolant la place. Elle se dirigea vers la taverne « Au Fer Rouge ». Aurait-elle perdu le nord ? Pas du tout ! Elle trouva le destinataire du message. Babun se sentant en forme était sorti de sa cellule et visitait la ville.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Me voilà à nouveau dans la campagne, nous sommes très proches de l’arrivée. J’ai hâte de retrouver notre taverne. J’y ai tant de merveilleux souvenirs, mais je suis aussi pressée de commencer mon voyage retour. Comme promis, voici la fin de «notre histoire» :

«En Novembre, Espérance»

Ecoutant leur cœur battre à l’unisson,
Sereinement ils attendent la moisson.
Perspective d’un avenir sans ennui,
Elle songe à sa vie avec lui.
Reconnaissant, le bien-aimé
Aspire à bientôt la légitimer.
Notre belle et son doux seigneur,
Convaincus de jours meilleurs,
Entrevoient leur futur bonheur.

Il nous appartient d’en écrire la suite. Mon Prince, ce bonheur est à notre porte. Je reviens bientôt. Je vous aime et vous fais parvenir tous les baisers de «ma peine» et tous ceux de notre plaisir.

Votre Blanche…hasta siempre !

La colombe repartit chargée de conseils et baisers. Elle trouvera sa destinataire, où qu’elle soit ! Nul ne peut arrêter son envol…

Banator

Venue de loin, très loin, la colombe arriva et se posa sur le bord de la petite fenêtre de l’hospice. Elle n’avait pas réussi à trouver le destinataire dans le village, sans doute était-il au champ, dans une ferme ou à la mine. Elle attendit patiemment le retour de Babun, se reposant des ses nombreuses lieues de voyage.

Citation :

Beau jour mon Prince !

Je suis enfin arrivée, l’Oranger de Palencia m’accueille. Quelle joie de me trouver ici, parmi tous les merveilleux souvenirs que nous y avons.
Mon déménagement me prend du temps et de la force, mais je suis si heureuse que rien ne m’arrête. Je repars ce soir et galope vers vous.
Je vous espère en bonne forme, prêt à m’ouvrir vos bras qui me manquent tant. Mon Prince, l’émotion me gagne dans ce village. Je vais rentrer nos orangers. Le froid se fait déjà sentir.

J’ai retrouvé avec plaisir notre amie Marusse. Nous avons trinqué à votre santé : Nasdrovié ! C’est encore un moment de bonheur.

Je vous aime et pense très fort à vous.
Portez-vous bien.
Je vous embrasse tendrement.

Qu’Aristote veille sur nous et éclaire le chemin qui me conduit à vous.

Votre Blanche…hasta siempre !

En rentrant de la messe, Babun découvrit l’oiseau qui toujours, à l’image de sa propriétaire, faisait preuve d’une patience angélique… La blanche colombe de Blanche avait persévérance et courage, comme elle, comme sa Blanche. Il la récompensa et la renvoya avec un tendre billet vers les terres lointaines de Bourgogne.

Banator

Vole, vole, la colombe au-dessus des forêts, villages, plaines et collines, rivières et chemins…

Toujours avec autant de grâce elle se posa sur le rebord de pierre de la fenêtre que le soleil avait délaissé en cette fin novembre.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Je suis sur le chemin du retour. J’aurais aimé rester plus longtemps pour saluer tous nos amis, mais mon cœur n’a qu’un profond désir : celui d’être auprès de vous très vite. Je chevauche donc à bride abattue vers le sud.

J’espère que vos jours ne vous semblent pas éternité comme ils le sont pour moi depuis que j’ai quitté Alais.
Mon Prince, je vous aime et me réjouis à l’idée que dans une semaine je pourrai vous visiter à nouveau. Accordez-moi votre patience, je garde l’espérance de vous retrouver en forme et toujours aussi aimant.

Que mes plus tendres baisers vous parviennent et qu’Aristote nous garde en sa protection.

Votre Blanche…hasta siempre !

Babun avait déjà préparé une lettre racontant sa sortie de la veille, son sentiment d’être un peu perdu dans cette ville dont il ne connaissait pratiquement que l’hospice et toujours des pensées pour sa Blanche, des conseils, des rêves de lendemain… Le parchemin témoignait de ses réflexions sur leur avenir, signe qu’il avait recouvré toute son énergie et que sa sortie n’était maintenant qu’une question de jours.

L’oiseau était chargé, mais il reprit son vol avec autant de vélocité et d’élégance qu’à l’accoutumée. Babun regarda la colombe s’éloigner, jusqu’à ce qu’elle ne devienne plus qu’un point blanc fondu dans le gris du ciel.

Banator

L’hiver approchant, les ailes de la colombe étaient alourdies par les frimas lorsqu’elle arriva à l’hospice et se posa en douceur sur le rebord de la petite fenêtre où l’attendaient quelques grains de blé.
Babun la libéra de son message, sans tarder :

Citation :

Bonjour mon Prince,

Je retrouve Chalon. Nous avons fait un bon bout de chemin déjà et demain nous aurons un pied sur un petit bout de l'Auvergne. Hélas, il nous faudra traverser tout le Dauphiné avant de retrouver cette terre qui nous accueillit si bien il y a deux mois. J’ai hâte. Si vous saviez combien mon impatience est grande !

Mon Prince, je ne suis que pensées pour vous et vous espère assez reposé pour m’aider à mon arrivée…
Je vous aime et prie chaque jour que notre amour n’ait pas souffert autant que vous ayez pu le faire depuis votre accident. Je vous aime d’amour sincère et profond.

Que le Tout–Puissant nous reconnaisse et nous guide sur les chemins de la vie.

Je vous envoie mes baisers les plus aimants de la Bourgogne qui nous rapprocha, il fut deux saisons déjà.
Mon Prince, que ma colombe soit pour vous ma façon de vous adresser des «volées» de bonheur » !
Je serai bientôt près de vous.

Votre Blanche…hasta siempre !

Il lut, relut… les « volées de bonheur » l’avaient frappé bien avant elle. Il répondit et renvoya l’oiseau fidèle…

Banator

Dès le matin, Babun s’était installé à la petite table pour écrire à sa Blanche. Il savait que la traversée du Dauphiné l’avait angoissée et trouva les mots rassurant qui convenait à la situation. Il ne manqua pas de lui redonner espoir d’une vie agréable à Alais vers où cette longue chevauchée la ramenait. Laissant en attente la fin de ses écrits, il attendit la venue de l’oiseau aux nouvelles, lui ouvrant la fenêtre malgré le froid que la faiblesse du soleil déposait sur la région.
A son arrivée, la colombe entra et alla se poser sur l’épaule de son destinataire, lui roucoulant à l’oreille. Ce jeu semblait plaire à l’oiseau et amusa Babun qui le libéra sans attendre de son fardeau.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Nous longeons le fleuve depuis Chalon et bientôt nous devrions atteindre le confluent malgré l’épaisse brume qui manqua de nous perdre. Nous avons la chance d’avoir avec nous un homme de qualité, habitué aux voyages. Il nous conduit à merveille, heureux d’être entouré par quatre jolies femmes.

J’ai toujours de grandes pensées pour vous, le chemin me parait si long jusqu’à vous.

Mon Prince je vous aime. J’ai tellement hâte de vous retrouver que je presse sans cesse l’allure de Bizi. Je lui parle de vous comme à une confidente et je crois qu’elle me comprend.
Je rêve de cet instant où je vous reviendrai. Espérez-moi dans la quiétude de l’hospice et la certitude de mon amour.

Qu’Aristote veille sur vous et guide mes pas.
Recevez mes baisers les plus tendres et mes pensées les plus aimantes.

Votre Blanche… hasta siempre !

Babun rajouta quelques lignes à son parchemin et renvoya la colombe sans tarder…

Banator

La colombe avait traversé les quelques lieues qui séparaient CLkikoz et Babun en un rien de temps. Elle arriva directement sur l’épaule de son destinataire qui rentrait de l’oratoire. Dans une sorte de jeu elle fit basculer le chapeau de celui-ci avant de lui donner un léger coup de bec derrière l’oreille
Plus les jours passaient, plus l’homme et l’oiseau devenaient complices.
Babun saisit le parchemin et sortit d’une petite corbeille quelques grains de blé qu’il présenta à la colombe en récompense. Sa main droite toujours affaiblie commençait cependant à lui rendre quelques services.

Citation :

Bonjour mon Prince,

Voilà, nous sommes entrés en Dauphiné ! Et nous avons été fouillés dès le passage du Rhône, comme la dernière fois. Si vous saviez comme je redoute ces terres inhospitalières. Seule la pensée de vous retrouver bientôt me donne force et courage.

De grâce, pourriez-vous joindre vos prières aux miennes pour qu’Aristote éclaire mon chemin et nous protège.

Mon Prince, je vous aime et respire votre amour chaque jour dans la lettre que vous me dictiez il y a bientôt deux mois. Elle ne me quitte pas, pas plus que ma pensée ne vous oublie.

Je me hâte et vous espère totalement rétabli, pour qu’enfin vous puissiez goûter aux charmes d’Alais.
Je vous envoie une brassée de baisers, mes plus tendres, mes plus aimants, mes plus gourmands.

Votre Blanche…hasta siempre !

Sans plus attendre, Babun renvoya l’oiseau avec pour réponses encouragements et tendresse.
Déjà la colombe avait traversé le verger et disparaissait au-dessus du Gardon. La pensée a des ailes…

Banator

Une colombe volait au-dessus des champs et des prés d’Alais. Elle arriva directement sur la petite table de la cellule de Babun alors que celui-ci prenait entrainement aux osselets avec sa main droite. Sa persévérance n’était plus à noter, elle ne le quittait jamais. L’exercice s’avérait toutefois difficile et la colombe manqua de prendre un mauvais coup, ce qui la fit battre violement des ailes en signe de désapprobation. Elle se laissa cependant délester de son message.

Citation :

Bonjour mon Prince,

J’ai le regret de vous apprendre que mon retour prend du retard. Un de nos compagnons de voyage est resté retenu à la frontière, plus qu’il ne fallait. Par bonheur, il a pu nous rejoindre et nous reprendrons la route dès qu’il aura trouvé un cheval, ce qui devrait être possible dès aujourd’hui.

Mon Prince, je ne compte plus les jours mais les heures qui me séparent de vous. Je sais qu’il est bien tôt pour se lancer dans ce genre de calcul, mais mon impatience trouble mes esprits.

Ma dévouée colombe me fait l’heur chaque jour de me ravir de vos nouvelles. Mon Prince, je vous aime et suis si pressée… J’ose souhaiter que vous ne souffriez trop de mon absence. Sachez que mes pensées ne vous quittent jamais.

Mon doux ami, votre fidèle compagne vous embrasse chèrement et vous espère chaque jour davantage.

Qu’Aristote vous ait en sa protection.

Votre Blanche… hasta siempre !

Exceptionnellement Babun signa de la main droite son billet de gaucher : « Toujours vôtre ». L’écriture était hésitante mais d’une grande sincérité. Il renvoya l’oiseau avec ce merveilleux cadeau que sa Blanche saurait reconnaître.

Banator

A vol d’oiseau CLkikoz n’était plus très loin d’Alais, mais par les chemins il lui faudrait encore du temps. On vit donc sa colombe se rendre à l’hospice y porter des nouvelles. Babun occupait ses journées, se plongeant dans la longue lecture des ouvrages que sa belle lui avait laissés, rédigeant quelques plans pour leurs projets d’installation tout en surveillant d’un œil l’approche de la messagère. Il l’accueillit avec plaisir dès son arrivée.

Citation :

Bonjour mon Prince,

La distance qui nous sépare s’amenuise, mon impatience s’accroît.
Nous avons pu reprendre notre voyage malgré la fatigue de deux de nos chevaux. Ma brave jument me reste fidèle, elle sent qu’elle approche. Elle et moi piaffons, chacune à notre façon…

La signature de votre dernier billet me donne les plus grands espoirs quant à l’heure de votre sortie. Je suis si heureuse de vous savoir bientôt rétabli.

Qu’il sera doux de retrouver la chaleur de vos bras qui me manque tout autant que la douceur de votre voix et la tendresse de vos baisers. Mon Prince, je vous aime. Mes pensées les plus affables sont à tout moment en votre direction.

Je prie le Tout-Puissant de veiller encore sur vous et le remercie d’avoir béni ma route pour l’instant.

Mon cœur vous dédie les baisers qu’il vous siéra d’accepter.
A très vite, mon bien-aimé.

Votre Blanche … hasta siempre !

… l’oiseau reprit son envol chargé en retour d’un billet rempli d’amour, de tendresse et d’espérance…

Banator

Mais que faisait la colombe ? Elle flânait ! A-t-on jamais vu ça… Elle semblait profiter du peu de distance qu’il lui restait à parcourir pour aller se régaler d’un fruit au verger. Babun l’ayant reconnue faisait preuve de patience : elle viendrait bien…
En effet, une fois rassasiée elle se dirigea vers sa destination et se posa directement sur l’épaule droite de l’homme qui la guettait depuis quelques instants. Il prit la colombe, la libéra de son message et elle revint se poser à la même place, semblant lire par-dessus son épaule.

Citation :

Beau jour mon Prince,

Me voici en Languedoc ! J’en suis heureuse et soulagée…
Je me sens ici en terre amie et vous savoir si proche me remplit du bonheur de vous retrouver bientôt, très bientôt.

J’ose espérer que les médecins ne s’opposeront pas à la sortie dont vous me parliez. Je prie le Très-Haut qu’il en soit ainsi et que nous puissions goûter ensemble l’hospitalité d’Alais.
Mon Prince, voilà exactement deux mois que vous logez à l’hospice. Je souhaite du plus profond de mon cœur que vous en quittiez les murs, non pas qu’ils soient nuisibles mais je vous sais sensible à la liberté de vous mouvoir et aspire tant à vous savoir affranchi de la contrainte de l’isolement qu’ils vous imposent.

Mon amour n’a pas faibli un seul instant, je vous aime, je vous aime comme au premier jour, non pas celui de votre accident, mais celui de l’Aubade que vous me fîtes donner, un certain soir de mai.

J’ai hâte de venir vous offrir mes baisers mais pour l’heure, nous devons nous satisfaire de les échanger par ma douce colombe. Ils sont pour vous, rien que pour vous et je vous les envoie.

Votre Blanche…hasta siempre !

L’oiseau n’eut pas envie de picorer et repartit directement chargé d’un nouveau billet.

CLkikoz


C’est quelque peu fatiguée, mais le cœur en fête que CLkikoz se rendit à l’hospice. Elle avait attendu ce jour avec impatience et son émotion pouvait se lire sur son visage. Un léger coup d’œil à la petite fenêtre, elle était fermée et pas une ombre derrière… Elle pressa le pas, gravit les marches de plus en plus vite… arriva essoufflée devant la porte de la petite chambre où devait se trouver son compagnon, s’arrêta net. Et s’il avait changé d’endroit ? Il ne serait pas convenable d’entrer sans prévenir… Elle prit une respiration, remis de l’ordre à ses cheveux et toqua. Son cœur faisait presque autant de bruit que son poing sur le bois de l’huis. Elle n’eut pas à attendre la réponse qui se fit immédiate. D’un geste vif elle poussa le battant, ne prit pas le temps de refermer et se précipita dans les bras de Babun pour une tendre et longue étreinte et moult embrassades. Elle lui murmura :

Mon Prince, votre Blanche est enfin de retour, vous m’avez tant manqué… Beau jour que celui qui nous réunit !

Elle s’écarta légèrement et se mit à le dévorer du regard, puis légèrement rougissant, à son habitude, lui dit :

Vous me semblez en bien bonne forme, mon absence vous aurait-elle profité ?

Elle avait envie de le taquiner comme lui le faisait si souvent, son bonheur de le retrouver lui donnait une verve qu’elle ne savait contrôler. Il lui fit part du plaisir qu’il avait de la revoir et de la possibilité qui lui était offerte de se rendre libre de l’hospice très bientôt. Elle en fut ravie. Tout en écoutant les discours de son bien-aimé sur sa vie dans cette petite cellule bien morne en l’absence de sa douce amie, CLkikoz fouillait dans sa besace pour en sortir un cadeau qu’elle avait apporté de Tonnerre. Elle le présenta à Babun :

Mon Prince, elles viennent de vos arbres qui jouxtent L’Oranger de Palencia. Des amis m’ont aidé à les mettre à l’abri des rigueurs de l’hiver et j’en ai cueilli les derniers fruits pour vous, pour nous…

Ils partagèrent leurs oranges, en échangèrent des quartiers ne se quittant pas du regard. Chacun de leurs gestes étaient empreints de la tendresse qu’ils avaient mise en réserve, attendant cet instant de retrouvailles. Elle relata son voyage, il raconta son attente... Subitement, elle l’interrompit :

Mon Prince, je vous aime, je n’ai eu de pensées que pour vous… J’ai prié sans cesse que le Tout-Puissant vous accorde guérison et vous rende votre liberté, gageons que demain soit le bon jour…

La séparation fut difficile… Il la regarda partir de sa fenêtre, elle lui fit signe… demain…

CLkikoz


Aujourd’hui fut un grand jour. CLkikoz et Babun sortirent de l’hospice, main dans la main et se rendirent tous les deux à la mairie pour demander l’installation de CLKikoz à Alais. Peu de temps après, ils visitèrent les échoppes et la décision commune fut prise : sa Blanche serait bouchère. Babun devait assurer son déménagement avant de s’installer. Ses terres de Tonnerre étaient encore en culture et sa boulangerie fermée mais toujours inscrite sur les registres. Son heure viendrait, il ouvrirait lui aussi une échoppe à Alais.

Ils passèrent au marché foncier, mais le terrain dans lequel ils souhaitaient investir était déjà réservé. Le temps leur donnerait l’occasion d’accomplir leurs projets.

CLkikoz, les yeux plein de reconnaissance devant celui qui guidait à nouveau ses pas dans la vie se tourna vers lui et lui dit :

Merci, mon Prince, votre Blanche est très heureuse, vous verrez, nous serons bien à Alais…

Il la prit dans ses bras, ils échangèrent tous les baisers que le temps leur avait volés. Elle lui sourit et dans un murmure lui glissa à l’oreille :

Mon Prince, je vous aime… hasta siempre !!!