La Mort du Lys de Fer

Agagamemnon


Non, laisse, mon bras ira pour ce soir.

Il enleva tout de même en grimaçant les bouts de tissu qui collaient douloureusement sur la chair à vif. C'est à peu près tout l'avant bras entre la main et le coude qui avait cuit tout à l'heure au souffle du dragon qui dévorait le Lys. Curieusement, le centre de la blessure, là où la chair paraissait le plus cuite, il ne le sentait pas. Vers les bords rougeâtres ou suintaient cloques et croûtes, par contre, une vraie sarabande de fers chauffés au rouge... L'alcool, pourtant, faisait déjà son oeuvre d'anesthésiste. Le bras et le reste s'engourdissaient.

Comme elle va me manquer la megere...Mais le pire ca serait...

Le pire ?

Wiatt se reperdait dans ses pensées. Agagamemnon la regarda plus attentivement par dessus les tout premiers brouillards qui montaient dans son esprit en même temps que le niveau des chopes descendait. Pire que la mégère, ça n'existait pas vraiment, en principe. Y'a des limites au mauvais caractère tout de même... Mais non, elle n'avait pas l'air de vouloir dire ça. Une nouvelle tournée surgit du néant devant eux. Histoire d'être tranquilles, tant qu'il maitrisait ses gestes, Agagamemnon détacha la bourse accrochée à sa ceinture et la poussa vers le patron. Il y avait là de quoi assouvir bien des soifs. Il connaissait un peu le tenancier de réputation, pas trop du genre voleur apparemment, alors payer d'avance, ça évite les discussions fatigantes.

C'est quoi le pire ?

De la main gauche il fit glisser une chope de plus en direction de sa compagne de beuverie. Fallait garder le rythme à tout prix. Aussi, histoire de garder le rythme, il enchaina sans attendre. Aussi bien, Wiatt était une fille, les filles sont bavardes et les bavardes démêlent toujours l'écheveau quand elles le veulent. Donc Wiatt s'y retrouvera. Simple syllogisme de base.

A Kobkob, que je connais bien peu, surtout rencontré sur les terrains de soule et pas toujours du même côté du terrain.
Il lorgnait trop sur les tonneaux
Pour être le premier au poteau.

Lever le coude, verser. Bon, d'accord, pas terrible comme épitaphe, mais allez donc parler de quelqu'un que l'on connait si peu. Kob, videur du Lys, qui était revenu d'entre les morts pour le plus grand bonheur de la Sorcière. Revenu, mais pas pour bien longtemps après tout. Et là, justement, quant à parler de celle qu'il connaissait le mieux, lui, Agagamemnon... bin mieux valait se préparer soigneusement. De là à dire qu'il retardait le moment...

lyselle


Elle avait passé quelques heures au lavoir, perdue dans ses pensées, les deux mains dans l'eau encore bien froide de ce début de printemps, frottant et battant tranquillement le linge qu'elle y avait apporté. Le savon avait adoucit le bout de ses doigts fins un peu fripés.

Le lavage terminé, pendant que le linge séchait au vent, elle s'était rendue au marché, acheter quelques fruits. Elle marchait dans les allées à pas lents berçant le p'tit bouchon pour prolonger ces rares instants de quiétude qu'il lui laissait.

La fatigue commençant à se faire sentir, elle fit demi-tour, son petit panier au bras, se dirigeant vers l'église... Une fumée encore épaisse attira son attention. Des volutes sombres et noires s'élevaient dans les airs envahissant le ciel clair par delà le clocher... par delà les murailles de la ville. Elle fronça les sourcils... Un feu... Mais qu'est-ce qui pouvait bien brûler pour laisser de telles trainées se mêler aux nuages? Une grange? Un moulin? Une ferme? Une étable? Son coeur se serra dans sa poitrine.

Elle s'arrêta un instant, le regard bleu sombre, les sourcils froncés vers le ciel. Pourvu que... gens et bêtes aient pu être sauvés... Les flammes d'une beauté si parfaite peuvent être si dévastatrices, si cruelles... Comme si elles aimaient rappeler à l'être humain qu'il était bien vaniteux de croire qu'il les avaient enfin domestiquées.

Elle adressa au clocher une prière muette... En vain, elle le savait... Le Dieu des hommes ne se préoccupait guère des créatures qu'il avait créées, elle en savait quelque chose...

Elle continua d'avancer une boule au creux de l'estomac et avisa l'enseigne... La Caverne Du Troll... Il y avait toujours du monde dans les tavernes... Ici peut-être saurait-on ce qui s'était passé. Tout se savait toujours si vite.

Elle se dirigea vers la porte de l'établissement, la main crispé sur son ventre qui venait de se réveiller. Une émotion indéfinissable semblait l'envahir.

Elle poussa la lourde porte et entra. Chaleur, voix, lumière, odeurs de cuisine et d'alcool mêlées... comme toujours dans une taverne... Le temps ici ne s'était pas arrêté.

Son regard fit le tour de la pièce, nerveusement, cherchant à qui s'adresser... Un besoin impérieux de savoir...

Au fond, perdue dans la sombritude, une longue crinière blonde et bouclée... Elle plissa les yeux... Wiatt? Le sourire naissant qui apparaissait sur ses lèvres mourrut. Une autre crinière apparut derrière... rouge et flamboyante comme le feu...

Aga!

Elle s'avança rapidement vers la table, fonçant les sourcils lorsqu'elle remarqua soudain l'état de sa chemise... ou de ce qu'il en restait... de ses cheveux roux roussis et... de... son bras. Brûlé... Elle se précipita, lâchant son petit panier qui se renversa pour laisser rouler les quelques fruits qu'elle ramenait du marché.

Aga!... Que... Que... s'est-il...? Elle n'y arrivait pas... Les mots ne voulaient plus sortir... Elle le regardait, les yeux brillants aggrandis par l'émotion.

Agagamemnon


Ca commençait déjà à tanguer, pourtant Agagamemon s'enfila la chopine suivante sans marquer la moindre pause.

Tiens...Rien de mieux que ce baume, garanti. Va pour ce soir mais si tu soignes pas demain tu vas chanter la messe crois moi

Alors là, tu ne crois pas si bien dire, ma chère !

Il envoya un sourire moqueur en direction du spectre de Namarië et lui tira mentalement la langue. Elle ne pouvait pas être loin, non ? Wiatt s'inquiétait pour un certain Kad. Il le connaissait à peine. Une fois encore il tenta se se rappeler quelque chose de précis du mendiant qu'il avait croisé près des ruines en s'éloignant du Lys mais rien de précis ne venait. Il tenta tout de même le coup à tout hasard.

Kad, le diacre de Béziers ? Ha, peut-être alors, peut-être... il y avait bien ce mendiant, hein, ça pourrait être lui non ?

Lyselle arriva tandis que la chope suivante passait de vie à trépas. L'esprit déjà trop embrumé, il la regarda venir près de lui sans bien savoir quoi dire. Mais à en juger par son regard anxieux, Lyselle s'inquiétait de l'état de sa chemise.

Non, c'est rien ma Lyselle, assura-t-il d'une voix légèrement pâteuse. C'est la faute à Wiatt. Elle est folle de mon corps et m'a couvert de regards brûlants, hihi !! Oups !

Du bras gauche, on avait beau dire, on n'était pas aussi adroit. Il s'essuya le menton dégoulinant de bière. Posa sa chope. Wiatt trinquait déjà à Nam', une belle descente chez les bitenboises, y'a pas à dire !

Tu veux boire avec nous ? bégaya-t-'il, soudain moins assuré. D'un geste approximatif, il fait signe au patron d'apporter une chopine de plus. On boit, heu... (hips) on boit... La chose froide lui rongeait le ventre se réveilla à ce nom et creusa dans ses chairs une nouvelle tranchée de vide. On boit pour Namarië.

Lyselle le regardait toujours, attendant une explication plus claire.

Le Lys de Fer a brûlé, ma Lyselle. Il ne reste plus rien.

C'est comme un couperet, ces phrases là. Agagamemnon reprit sa chope et la porta à ses lèvres. Une bonne gorgée pour se donner contenance. Namarië, oui... il fallait bien y arriver, finalement. C'était le moment d'évoquer et de cracher peut-être la cendre amère du désastre. Il étaient là pour ça, après tout. On appelle ça comment ? Un exorcisme ? Il laissa remonter à la surface toute une écume de sensations...

Ses rapports avec Namarië avaient été assez simples finalement, quelque chose d'instinctif. Un jeu entre deux chats où l'on dansait à de coups de griffes, à moitié pour jouer, à moitié se mesurer. Elle était roublarde la Maquerelle. Le métier voulait ça, évidemment, mais aussi les parts d'ombre qu'elle défendait farouchement. Parfois, les choses les plus simples sont les moins accessibles. Lui, il avait aimé ses silences comme ses provocations. Il y avait des mirages au creux de ses silences, des exigences de déesse dans la voix un peu rauque dont elle jouait parfois, une vraie voix de séductrice parbleu ! Au fond, ce n'était pas l'alcool qui la rongeait, contrairement ce qu'affirmaient ici ou là les rumeurs venimeuses. L'alcool... un cataplasme. Il le savait mais n'avait su l'aider. Lui arrivé trop tard, elle trop tôt partie. Il ne mesurait pas exactement ce qu'il avait perdu ce soir. Il sentait juste combien cela creusait un gouffre en lui. Il leva sa chope aussi haut qu'il le put. Le bras avait du mal à se stabiliser et dessinait des huits au dessus de la table. Il se racla la gorge pour reprendre le fil, restons joueurs, Sorcière, et puis va te faire foutre de nous avoir lâchés comme ça ! Et hop une libation !

Namarië, ma Querelle... imbibée d'alcool comme tu l'étais, tu as du flamber vite.
Pourtant,
t'avais bien trop le feu au khül
pour faire une bonne femme au foyer.

Une quinte de rire le saisit. C'était nerveux, un effet de l'alcool. Puis tout au fond de sa poitrine, une digue se brisa. Quelque chose déferla. Il restait de la bière heureusement, un très bon camouflage et puis ça dispensait de parler. Avec un peu de chance, personne n'aurait rien vu. Tu me payeras ça, ma Querelle. Et v'la une chope à ta santé !

lyselle


Visage défait... ravagé. Yeux brillants, émêchés, embués, noyés. Voix si atrocement méconnaissable... Mots étranges. Elle dévisagea Wiatt et fronça les sourcils. Ils étaient dans un tel état tous les deux.

Nam? Comment ça Nam? Qu'est-ce que... Sa voix mourrut. Ce noeud dans sa gorge qui s'était serré soudain au son de cette voix.
Nam... Elle tourna la tête vers le mur... dans la direction du Lys... regard à la fois intense et lointain... comme si ses yeux brûlants avaient pu percer tout à coup ces murs épais... ceux de la taverne, ceux des maisons qui s'alignaient sagement, ceux des murailles de la ville... juste pour voir, simplement pour voir, se rassurer... vérifier que tout était en ordre là bas...
Elle restait immobile, laissant glisser au dessus d'elle ces vacheries qu'ils se balançaient tout deux d'une voix si forte et si éraillée. Il n'y avait pas que la boisson qui faisait son oeuvre... Une pointe de désespoir les minait.
Elle revoyait ces images mouvantes, volutes de fumée qui s'élevaient au delà des remparts, tourbillonantes dans le vent... Par là justement... Le Lys... Un éclair de compréhension, déchirant et dévastateur.
La voix d'Aga, si faussement neutre... qui annonçait ce qu'elle venait de comprendre douloureusement. Puis celle de Wiatt, plus aiguë...

Les mots résonnaient encore dans son esprit soudain vidé.
Le Lys, détruit... dévoré par les flammes... Il ne restait rien... C'est bien ce qu'ils disaient ces mots si cruels à entendre... rien... ni personne... personne...
Ses jambes ne semblaient plus vouloir la porter tout à coup. Elle s'assit sur le banc, livide, le regard perdu.
Nam, tenancière du bordiau de la ville. Nam qui, quoi qu'en disent certains avait un coeur elle aussi, sans nul doute plus grand que celui de la plupart des gens de cette ville. Nam qui l'avait accueillie au bordiau il y a si longtemps déjà, une éternité... en pleine nuit, lui offrant refuge. Nam qu'elle avait immédiatement appréciée, sans trop savoir pourquoi, malgré l'apparente rudesse qui en émanait.
Nam s'en était allée en fumée, avec le Lys, dansant dans l'air frais de ce début de printemps pour l'éternité.

Juste punition divine diront certains. Saleté de vacherie de sort, oui!

Elle pencha la tête jusqu'à faire reposer sa joue contre le bras valide d'Aga qui tremblait. Alcool? Tristesse? Désespoir? Il l'appréciait aussi, elle le savait...

Elle attrapa au passage une chopine qui s'était perdue par là et la vida d'un trait... Au moins, si ce n'était pas suffisant pour endormir ses sombres pensées... ça le serait peut-être pour ce petit bouchon qui depuis un moment s'agitait...

lyselle


Aucun mot, aucune parole... Que dire? Il n'y aurait jamais de mots assez fort de toute façon. La mort était toujours une injustice, elle s'abattait autour de vous, fauchant ça et là, sans prévenir. C'était comme ça. Depuis toujours. Et cela le resterait. Elle en avait déjà fait cruellement l'expérience mais n'avait pas encore réussi à s'y faire depuis le temps.
Mutisme... Elle était donc frappée de mutisme. Comme toujours. Cotoyer la mort lui faisait cet effet.
Elle s'était contentée de boire en les regardant tous deux partager par moment souvenirs et chamailleries. Une ébauche de sourire apparaissait parfois sur son visage malgré tout à l'évocation de certains souvenirs. C'était tout ce qu'il leur restait. Les souvenirs.
Puis le calme était revenu au fur et à mesure que les chopines vidées s'amoncelaient.

Wiatt se leva, enfin, essaya d'abord... et finit par y arriver... assez bien d'ailleurs il faut le dire. Belle performance... Sacrée habitude pour en arriver là sans doute.

Elle allait prendre congé. Chacun allait s'en retourner... Pouvaient pas rester là c'est sûr... ça aurait servi à quoi, hein?

Elle sourit aux conseils de Wiatt. Et aquiesça aussi... Il fallait éviter de trop boire oui... Elle avait raison... Même la bière... Pour l'instant... Eh oui... L'avait pas de soucis à oublier lui, le tit bouchon...

Un regard bien sombre sous les points brillants que l'alcool avaient alumés... Les cordes... Ah oui? Les cordes... Un cadeau... Oui... Bien sûr... Oups... l'avait encore gaffé la Lyselle... Tsss incorrigible... Elle fit un effort pour ne pas rougir, fallait peut-être pas en rajouter non plus... L'en avait assez fait. Elle acquiesça tout en jetant un coup d'oeil vers Aga juste pour voir si le brouillard était assez dense pour qu'il ne relève pas les propos... qui auraient pu lui mettre la puce à l'oreille.

Elle ouvrit la bouche pour lui proposer de rester, de rentrer avec eux, elle pourrait dormir à la maison si le coeur lui en disait... mais se tut... Wiatt semblait soudain pressée de partir... Elle devait avoir ses raisons... et puis... en certaines circonstances, un peu de solitude... Elle se contenta donc de dire d'une petite voix.

Bonne nuit, Wiatt... et merci... pour tout... Et puis... J'espère bien qu'on se reverra, hein?

Elle la regarda s'éloigner, et sortir... sans se prendre la porte au passage mais de peu... Puis se tourna vers Aga... Il leur faudrait rentrer aussi... Il était tard... Et puis... faudrait soigner ce bras... Elle baissa les yeux vers la peau meurtrie et fronça les sourcils. ça devait faire mal... alcool ou pas...

Il faudrait rentrer nous aussi mon amour...

Agagamemnon


Au milieu de cette beuverie sans joie, un grand coup de lassitude descend. Un regret aussi, Agagamemnon aurait voulu fêter la libération de la Sorcière d'un mouvement plus festif mais enfin, nul n'est parfait, c'est pas toi qui diras le contraire, ô mon Cauchemar Portatif. Meuh nan je me fous pas de ta gueule spectrale.

Agagamemnon s'apprêtait à lancer une ou deux piques préventives au fantôme de la Maquerelle quand la tête de Lyselle se posa sur son bras comme un oiseau fatigué. Elle aussi regrettait les départs. Plus jamais ils ne regarderaient les fumées de la même manière. Regarde, se diraient-ils, la revoilà ! Imaginez un peu, voire revenir Miss Alais et les fantômes du Lys à chaque fois qu'on allume une pipe. Un coup à devenir non-fumeur si vous avez le coeur sensible. Ou à choisir une maison sans cheminée. Pas chaud l'hiver, mais la tranquilité ça se paye. Vous me direz, la fumée, c'est anonyme, ça tourne et ça s'étale en volutes au gré des vents, allez donc reconnaître une volute de Namarië au mileu des autres ? Hé bin si c'est possible, malheureux : celle de Namarië, c'est la volute qui grommelle.

Il passa le bras autour des épaules de Lyselle. Enfin, il essaya.

Du vvveux rentrer ma (hic !) Quyrelle... ? Lynelle... ? ma Lyquelle... ? rylle...(hoc !) ? quelle... ? selle... ?

Agagamemnon était un peu vexé : il n'avait même pas avalé son cinquième litron de bière que le voilà hors combat. La langue scotchée au palais. Le plafond de la pièce tournait de la manière la plus désagréable. Il se leva en titubant sans grâce. Demain, il aurait honte pur sûr.

Là... la charrette.

Sauvés, ma Lyselle ! se dit-il encore en lui-même, renonçant à proférer le moindre vagissement de plus avant de s'affaler contre la porte qui ne voulait pas s'ouvrir. Sauvés ! on va pouvoir rentrer en voiture. C'est toi qui conduis

luna.ciredutemps


La nuit a été longue. Il a fallut œuvrer en toute discrétion pour que les alaisiens puisse profiter de la surprise au petit matin. Arobass et Luna n’ont pas ménagé leurs peines. Pourtant leurs bras, leurs cœurs, leurs esprits et leurs âmes étaient gourds de tristesse et de regrets.

Trop tard, pensaient ils, Trop tard, nous sommes arrivés trop tard… Quelques semaines avant et cette ville était un paradis… Une fois encore, nous ne furent que les catalyseurs…

Ils chuchotent et travaillent. Ils poussent, tirent et parfois se chamaillent. Chamailleries sans importances pour cacher la douleur qui les lance.

Mais ils s’étaient promis, quand ils avaient appris les tristes nouvelles, que ce crime de la pensée ne resterait pas impuni.
Alors pour que personne, jamais n’oublie, ils déposent sur la place du village un souvenir pour l’avenir.

Le soleil se lève, les premiers alaisiens sortent, le regard encore ensommeillé, l’esprit embrumé.
Un pas dans la rue, la place… Et cet objet incontournable, qu’ils ne peuvent ignorer :






Luna se tourne vers la presse. Alais pour la première fois la découvre grave, furieuse, son sourire n’est plus. A tous elle s’adresse :

Il était une fois des mousquetaires
Quatre, même si l’un bien souvent préférait se taire.
D’alais, ils avaient fais leurs terre
D’asile, d’accueil, leur repère.

Pour Alais, ils ont espérer, inventer
Un autre avenir, une autre façon de rêver
Mais sur leurs têtes se sont déchaînées les vipères
Tant et si bien que ces cœurs purs, ils ont mis à terre…

Et vous, vous… alaisiens…vous qui soir disant êtes libre et fiers
Vous avez cautionnez, vous avez préférez vous taire…

Luna, d’un doigt accusateur, accuse les spectateurs uns à uns, plongeant son regard dans le leurs, les obligeants à aller chercher au fond de leurs cœurs les raisons si valable qui expliqueront leurs silences… plus tard, quand il faudra faire la paix avec sa conscience.

Vous vouliez des responsables ?
Vous avez assassiné votre liberté
Vous voulez des coupables ?
Devant vous, je me tiens sans trembler.

Allez-y, alaisiens, terre d’asile…
Vengez votre lâcheté,
Lapidez l’émissaire,
Ainsi votre crime vous pourrez taire

Mais sachez que malgré vos rancœurs
Vous saurez au fond de votre cœur
Que vous êtes les seuls responsables
De ce massacre mémorable.

Luna s’avance au devant de la foule, provocante, cherchant un regard, un geste qui osera nier ce que chacun sait…

Alais est coupable, la peste son crime lui fera payer.