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 Gascogne, l'écrin de verdure

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Le scribe
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Le scribe


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MessageSujet: Gascogne, l'écrin de verdure   Gascogne, l'écrin de verdure Icon_minitimeVen 13 Juin - 22:28

Marlowe's
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Un brume duveteuse s'alanguit aux arches du Rialto, dansant à quelques pouces des reflets huileux, remous d'eaux noires, du large canal, où s'exhale enfin l'haleine nocturne, poisse humide, des venelles vénitiennes. L'écho des bottes, battant le pavé glissant, n'effraie guère le silence, la Sérénissime assoupie se pourlèche en sommeil de chat, rêvant à en fouetter d'autres, aux yeux de la cité insulaire, une intrigue comptant moins de trois générations reste une babiole anecdotique.

En la circonstance, l'homme ne rase pas plus les murs que ses joues, barbe parsemée de sel se perdant à l'ombre du feutre rabattu, trente cinq pouces d'acier reposant à la hanche, repousse à tire laine avisé, rentrant bredouille à ces heures perdues, réflexion acérée offerte au surineur de l'Arsenal, proposition assurée pour le bretteur de balcon, une rapière, affichée à l'espagnol, annonce la couleur aux affranchis, ni grâce ni merci ne sera octroyé.

Arrêt de l'encoignure d'un pont, propice aux ronds dans la flotte, la défouraille s'accompagne en paroles grommelées, à l'indifférence des visages aux frontons sculptés. Ici, se causer, pendant l'heure mouvante des lagunes, revient à tutoyer les anges.


Maldito cobarde ! Elle va m'émasculer, certain.

Maugréant contre l'infortune, les descendant des catins de Babylone, l'état déplorable des routes du continent en général et les flambeurs insouciants en particulier, l'hidalgo se signe au passage de la Basilique Santa Maria della salute, et gravit les degrés de pierres d'une passerelle arquée. En toute autre capitale, l'hostel se découvrant au sortir de l'étroit passage, serait qualifié d'exhibitionnisme. Aux clapotis salés rongeant les merveilles mêlées d'orient et d'occident, l'architecture a charme discret, limite miteuse.

Il s'y engouffre, parcourant rapidement les étages et les couloirs aux arcades élancées, contreforts obscurs piégeant la faible lueur des torches d'essences aromatiques, pourpre et or étincelant parfois aux parures colorés des plafonds. Posséder nuque souple demeure essentiel à la fréquentations des palais de la ville contrôlant l'Adriatique, et les principales places marchandes méditerranéenne. La surcharge des motifs n'exclut pas la subtilité.

Une infime hésitation le retient, à l'ouverture de la porte dernière. L'aide de camps d'Attila marquait sans doute la même au rabat de la yourte de l'Orbator. Enfin, l'un de ses trente sept seconds successifs, le dernier survivant eut ces paroles peu connues : "il me rechte le princhipal", lors de sa nuit de noce, envers son épouse, dotée d'une légitime inquiétude toute féminine, et d'un domaine de belle ampleur razzié par la horde, à l'encontre d'un mari, non seulement barbare mais de surcroit indubitablement dépourvu et de bras et de jambes. Cicatrices nettes d'un tranchage adroit, quoique colérique. Pour tout dire, le Grand Maître des Steppes Infinies Correctement Tondues (on a beaucoup exagéré la non repousse de l'herbe sur son passage, être Hun n'exclut point une passion forcenée pour la pelouse), était un brin soupe au lait.

Le sang andalou l'emporte, Pablo Ravujo y Bodeganegra toque au battant, néglige l'attente d'une réponse, et pénètre à grandes enjambées dans la pièce, se découvrant d'un même mouvement. Le cabinet de travail offre un ordre pointilleusement négligé, un délicat secrétaire surchargé de lettres et de carnets, rayonnages de reliés pleine peau, plancher et tapis brodés finement se mêlent à l'envie, sofa négligé d'un châle, malgré un foutoir évident, le hasard n'a pas sa place dans le décor.


Il recommence ma Dame.

La femme lève le front, doigts massant ses paupières irritées par la trop longue annotation d'une carte.

Pardon ? Il a encore écrit au Roy de France ?

Pablo ricane à l'évocation de cette pétition en faveur d'un espacement réduit des meules de foins au bord des routes. Une broutille classée sans suite par le secrétariat du Louvre. Un passage lui en revint spontanément aux lèvres.

"De fait, cette mesure aura directe influence sur la natalité du royaume, offrant aux sujets la possibilité de croissaient sans peine..." Non, il se cloitre deux semaines.

Elle semble se densifier soudain, infimes plis en parenthèses des lèvres, l'homme a un tassement fugace, face à certaines péniches, l'éclusier la boucle et rame. Il se tait, écoute la voix du givre.

A mille lieues de la cité des Doges, ignorant les éclats d'une colère issue de ses actes, Marlowe's s'éveille, peu avant l'aube, au rythme paisible des souffles de ses compagnons endormis, les frontières de la Gascogne sont à porté de regard, sous l'œil rond et attentif du coq, il récupère son hâvresac, enfourche sa cavale et trace vers le sud. Suivant les indications de Blanche pour rejoindre le monastère.

Le funambule sourit, l'échiquier est en place, les joueurs ont entamé la partie, les ramifications s'étendent en profondeurs, et nombres auront lucidité douloureuse aux soleils à venir. Lui décline la diagonale du fou, le réseau de protagonistes s'est entrelacé aux rien du marlou, pour l'heur, il s'enfonce dans les coulisses, confiant dans les saltimbanques hétéroclites réunis ces derniers mois. Le cirque est en ville, y'a déjà des clowns qui rodent, Marlowe's s'éclipse en se marrant.


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Blanche Morbaque
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Les portes se sont ouvertes, sur un unique visiteur à figure de propriétaire. Leurs pas les ont mené vers une discussion stratégique derrière un battant de bois claqué. Le temps a défilé entre fumée et vin frais. Paix aux hommes trop silencieux, pas assez malins pour l'ouvrir quand il faut, de l'art de ne pas savoir se délester de ses secrets, à en abandonner la découverte à d'autres et de fait ne se rendre utile qu'à nourrir les asticots en pleine terre. Une lame rougie, une gorge ouverte, le prix de mille barriques de vieux chêne.

Et toujours les cartes en fond de décor. Une nappe de papier au lourd bureau, là où se déposent les prises de gueules et les oppositions. Dans la poussière de la cour se croisent les bottes des hommes appliquant les ordres qui tombent des fenêtres comme des boites de bonbons sucrés. Une voix pour deux, un seul cerveau pour une armée de bras. Les épées sont au fourreau, sages et inoccupées, si des tranchants sont en action, il n'y aura que la nature pour s'en plaindre et toutes choses restant égales par ailleurs, elle n'a jamais su gueuler assez fort pour se faire entendre.

Quelque part, plongés dans une activité gestuelle frénétique, bavassant autant que leurs doigts confectionnent, comparant et soupesant, heureux de tester nouvelles techniques, deux charpentiers s'égaient d'idioties millimétrées. Une essence ou une autre, l'équilibre est essentiel, rien n'est abandonné au hasard, la chose pousse au méticuleux, le rabot en caresse amoureuse, le ciseau en déclaration timide, traçant des veinures discrètes, soulignant les douceurs, girondes. A leurs mains, mouler les pièces.

Les chevaux engraissent, font plus ample connaissance aux balades crépusculaires, sur les crêtes d'un chantier frisant le gigantisme. Les débats se poursuivent au pas accordé des bêtes, les culs déposés en selle, pour se rendre compte sur le terrain des meilleurs emplacements, des trajectoires idéales, prouver qu'on a forcément raison et l'autre pas et devoir admettre que même un tombereau de mauvaise foi, parfois, ne suffit pas.

Jusqu'à ce que la nuit, prétentieuse et possessive, les déloge pour se réapproprier le paysage, ils avancent bercés de leurs propres vocalises, contents en bons crétins d'une idée chapardée aux déambulations de leurs voyages communs. Les retours aux pierres sont lestés d'audaces créatives et les cartes, aux bougies soumises, attrapant un jaunissement prématuré dans cette lumière blafarde, étoile après étoile, questionnées encore et encore.

Si leurs désaccords à la troupe ne sont dévoilés, par cette conscience instinctive qu'une décision à deux têtes se doit d'être scellé de l'irrévocabilité de l'union, personne ne pourra leur ôter la connaissance prégnante, qu'à deux on est plus cons et qu'à l'être, il faut savoir être grands. On ne bâcle pas un plaisir partagé de foutaise, à se payer la face du monde, il ne faut pas lui octroyer de choix, que le siècle s'incline et qu'il dise merci.

Même leur seule concession à la pureté des temps n'est que blancheur artificielle.
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Le scribe
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MessageSujet: Re: Gascogne, l'écrin de verdure   Gascogne, l'écrin de verdure Icon_minitimeVen 4 Juil - 21:31

Blanche Morbaque
Gascogne, l'écrin de verdure 19984618074602c97711201

Notre sortie du jour a été saluée par l'éclat généreux d'un soleil estival. C'est pas qu'il fasse chaud, c'est qu'il faudrait être un grand malade pour se balader dehors autrement qu'en chemise, délesté des gilets, manteaux et autres couvertures trop épaisses. Ca tape, même les ombres préfèrent se coucher, s'étirer jusqu'à la distorsion, effaçant leur propriétaire d'origine en flou gribouillé.

Heureusement, c'est pas pour nous jeter des fleurs qu'on mériterait pas, inutile, elles nous sont dues de la plus ridicule pâquerette aux opulentes digitales, la marche pour accéder au terrain n'est pas longue, pas même le temps de commencer à se dire qu'on va transpirer. Un test à l'envergure du réel à nos portes.

Les bottes plantées dans le tapis de verdure taillé au millimètre, les mains serrées délicatement sur la canne, je piochais la concentration dans la poursuite de la conversation.


Tu peux dire ce que tu veux, j'en démordrais pas, faut vraiment être un barbare pour aller pêcher la truite avec un hameçon de seize.

Il faut évaluer la distance du point de chute, soupeser la densité du vent, écarter un peu plus les guiboles pour ancrer l'équilibre, épaules fixes, les yeux plissés pour ne pas les cramer aux rayons qui dardent, de biais, juste pour faire chier. C'est pas le trou le plus facile du parcours, on devait être royalement murgés la nuit où on a coché l'emplacement sur la carte. Si c'est pas à cause de l'alcool, je tendrais à penser qu'on est vicelard de nature pour aller le carrer dans un renfoncement de terrain qui oblige à donner de la hauteur sans perdre l'avancée linéaire.

Dans le gazon à perte de vue, de l'extrème Ouest où il stoppe sa conquête à lécher les bords déchirés d'un lac à sa lisière Est jalonnée de bois, dix-sept trous et demi ne doivent leur cavité qu'aux calculs minutieux de nos cervelles bouillonnantes. Rien n'a été laissé au hasard, pas même leur nombre, sujet de débats houleux ayant trouvés un terme dans cette conclusion qui peut paraitre saugrenue, dix-sept et demi. Et pourtant que le péquin à l'oeil luisant d'étonnement n'aille pas s'y tromper, c'était ça ou s'entretuer. Je suis trop bien payée pour qu'il reste en vie, ceci explique cela.


Moi un gars qui m'annonce qu'il a cravaté une truite au seize, tout ce que j'ai envie de lui répondre c'est ...

La légèreté du bois à porter au dessus de l'épaule me surprend encore, le mouvement de hanche en souplesse, pour la seconde fois de ma vie j'ai dégoté une raison de m'attacher les cheveux, tignasse blanche contrainte en ruban rouge, satiné, la prise de vitesse dans la descente est contrôlée et la balle quittant son support s'envole taquiner les nuages, tout en accélération, le talon rejoint le sol..

Erf, trop courte j'le sens.

Appuyée à la canne je suivais la trajectoire de cette chose d'une rondeur parfaite par dessus le paysage, la mine frippée par la certitude d'avoir retenu mon bras un chouilla trop longtemps et craignant le ricanement jubilatoire du merdeux qui ne manquerait pas de choire de ses lèvres. La balle s'écrase au sol, roule jusqu'à me faire croire que peut être ... et s'arrête à dix centimètres de son objectif. Soupir.

Ouais ouais, ben agis plutôt que glousser comme une donzelle. A toi.

Ca était un boulot titanesque que de réaliser l'ouvrage. Des tombereaux de terres retournées pour moduler les déclivités à nos goûts et caprices, des heures infinies à faire baisser le niveau des bouteilles pour déterminer où il faudrait creuser et les espacements qui seraient remblayés, une attention de tous les instants à la repousse du gazon mais finalement y'a pas à regretter les efforts fournis, c'est du bel œuvre, peut être ce que la compagnie a réalisé de plus beau depuis sa création, toute raison gardée mettons que c'est presque aussi beau que le traquenard de 1448 à Harsewinkel.

A l'usage, on aurait du le décaler de quelques degrés au sud ce trou.

Un écrin de verdure, immergé des tendresses avinées de deux mercenaires en vacances, irrigué à la sueur des hommes de troupe, un cadeau de Marlowe's et Blanche Morbaque au Duché. Et personne pour dire merci, évidemment.


Cordoba Marloë
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Une louche. Au manche étiré, la rondeur contenante martelée en bloc biseauté, ne pouvant certes pas remplir sa fonction utilitaire. Mais une louche quand même. Face aux mystères du monde, partage d'une attitude distinctive avec les gallinacés. L'œil rond, légèrement fixe, dignement outragé. Presque pincé. Qu'est-ce à dire, un incongruité, bubon palpitant au fronton de la réalité, impossible à percer. Mordiable, la garce résiste, n'eut été ce téton aguichant, obstruse métaphore de la perplexité, Cordoba guigne la gagne en trois manches de surcot, sûr.

Il tapote pensivement la louche, indubitablement impossible de la nommer différemment, contre sa nuque hâlée, ils viennent de créer, sans nul doute, le premier mémorial dédié à l'unité d'élite des steppes, la vue a de quoi faire baver un mongol d'admiration éperdue, et le cheval avec, et l'ancêtre acariâtre fourrée dans ses fontes, les chamans sont farceurs, en prime. Le tapis d'herbes coiffées, propre sur la dune, court sur les cotés, ronronne sous ses bottes. Il a encore un peu de mal à saisir comment son projet visant à définir les conditions de la sieste idéale a pu déraper au point de se transformer en activité corporelle.


Pas pire que la lou... cuillère s'pas. La truite, ça se cueille.

Le ton est à rendre pantois la famille affirmative entière. Au silence respectueux des brins taillés, il suit l'ascension parabolique du projectile taillé, reconnaissant, malgré les hautes murailles de son fort intérieur, que la forme cubique pu se révéler entrave à l'usage. Il se mâchonne, en guise de consolation, son dernier argument, métaphysique incandescente.

Forcément, si c'est rond ça roule. T'as de sacrées sensations ma poule...

La confusion entre son rire limpide de ruisseaux cascadant et les caquètements des pimbêches le vexe à en faire semblant d'étudier le terrain.

Rendent pas si mal ces crânes...

Le moinillon reconvertit en signalétique, indiquant, du haut de son bâton, la marmotinnière. Le nom générique des trous, réminiscence du prime dessein. Dix sept têtes et demi dénudées à l'os, se mirant aux rayons d'un guilleret été.

T'imagines ? Une paire de cité en une poignée de jour... Et une ville par semaine, c'est nos épées contre leurs murailles. L'armée Béarnaise monte la sauce en loucedé, les mines valsent, le commerce s'effondre, la soldatesque vident les caisses...

Il se délasse le poignet en tournoiements d'ustensile, jauge la distance, siffle, dubitatif.

Le rapprocher aussi... Et encore, les coulisses nous échappent... Les grincements de dents, les atermoiements, les petites alliances mesquines, les soutiens du bout de la diplomatique plume, et le rire camouflé de certains.

Le funambule ajuste ses appuis, cale son regard, épaules dégagées, taille souple, le réglisse mâchouillé en coin de lèvres. Pupilles flottantes au flou, le ton vague, cherchant l'instant et le mouvement.

Ouais... Sacrée bande de saltimbanques, la représentation mérite applaudissements... Mais je doute que les drilles du nord viennent réclamer un bis. Pourtant, le rideau ne tombera que pour...

Réunir l'énergie et l'oubli, relâcher l'immobilité à l'aspiration de la trajectoire, l'envoi va toucher la rondeur sculptée, assurance de la continuité, l'orbe s'annonce flamboyante, à la succulence du suspend.

...l'entracte.

L'apogée rondoit vivement, tente d'amorcer sa décroissante chute, et percute un pigeon en pleine poire. Balle et oiseau s'échouent, étroitement enlacé à l'écrin d'émeraude tendre.

Le marlou dégaine sa dague, taille une encoche supplémentaire au bois de la canne.


Pile ou face ? Chope la tranche. Si les augures s'en mêlent... Retournons mélanger les motifs.

Le monde chuchote, en douceur et profondeur, c'était chouette les grilles du monastère, mais les cliquetis d'ivoire sur le marbre damier s'amplifient, incitant à la danse, les dés roulent à nouveau dans la paume du destin, temps de refoutre les pognes dans la saumure. Les écuries se profilent, Cordoba hausse un sourcil vitreux.

Reste à caser le mariage dans cet exceptionnel dawa... Tu vois, l'hameçon de seize, passe encore, mais la frire au beurre, tssss...

Le mercenaire salut familièrement, d'un coup de canne, le cadavre pendu en salaison de jambon, un moine mauvais pêcheur, soit, déplorable cuistot, non.

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Joseph des Rouscilles
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Y'avait un oeil de pigeon dans l'potage, pas normal que Mademoiselle reste silencieuse aussi longtemps, d'abord ça c'est jamais vu et en plus c'est ni dans sa nature ni dans leurs pratiques. Elle prend ses grands airs de dame quand elle pose les mots mais ça n'empêche qu'en sous main tout le monde a sa phrase à placer. Mettons qu'c'est l'paravent de la bande, question de minois, elle présente mieux qu'un barbu de quarante piges et qu'le Chicard n'en parlons pas, quant aux jumeaux, vaut mieux les garder pour les relations privées, du public ils ne feraient qu'une bouchée.

Sauf q'une semaine c'est long, tu peux la prendre dans n'importe quel sens, commençant par l'Seigneur jusqu'au lundi ouvrier ou l'inverse on s'en carre, il reste systématiquement sept jours. Sept putains de jours. Pas inquiet le Joseph, circonspect. Y'a une explication à trouver et il la voit se pointer, au réveil, la buée du sommeil collée au plafond de planches équarries d'une grange miteuse.

Trop furtif l'arpette ces derniers temps, lui qui donne par essence dans le grandiose d'opérette, dès qu'il se fait furtif c'est là qu'il faut flipper, s'agiter du bocal pour un peu l'deviner. Mais à force de lui coller au train il s'est fait son idée le malabar, une esquisse au fusain des méthodes, croquis pas bien net des manières et du style.

Dans la truande c'est comme partout, y'a des cases à remplir. C'est jamais qu'une activité qui à force d'être pratiquée finit par ressembler à un métier. Et l'petit commerçant prend des habitudes, comme un vieux célibataire, il a ses préférences, ses goûts, ses affinités d'action. La feinte peut devenir prévisible, quand toujours le gus part à gauche.

La chemise estivale, le futal en pli calé aux godillots, l'herbe au coin des lèvres contemple le duo sans chercher la dissimulation. Sert à rien. Ils ont entre eux deux l'ombre de Mademoiselle, ses allures de fouine, son regard lointain dévoilant les folies certaines et d'elle il n'y a pas à douter, au plus malin elle tire révérence, des mâles jouant les coqs elle n'a que faire, s'ils s'entretuaient elle n'y verrait que basse vulgarité.

Il a laissé instructions au Chicard avant de décoller, un message pour ne rien dire à expédier par la voie habituelle et sur place est venu vérifier sa théorie. L'oiseau a ramener ses plumes à l'heure et le mignon lui a donné raison, lui calant la balle en pleine tronche, il signera pas l'avis de réception, la boule navrée de son sort s'est ramassée la gueule sans avoir droit à l'énoncé de ses fautes.

Les poings rangés au fond des poches le Joseph se fait un demi tour, ils vont pouvoir lever le camp, la dernière entourloupe éventée faut savoir abandonner le terrain, pas s'obstiner connement, les mercenaires ont fini de jouer à leur course macabre, échelonnée des crânes aux orbites vides, lui retrouverait Paris et ses pavés pas plus vivants, presque un soulagement.

Il a vu ce qu'il voulait, c'est pas sa partie de continuer à poursuivre le proprio à travers les champs de guerre, monte en l'air tout ce qu'on veut, fille de l'air même pas un peu. Le raclement de gorge lui arrache un éclat de corde vocale, à la revoyure l'ami, chacun sa route, à toi cette manche, à nous la veste complète. Peut être.



kharavan
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Ecoeurant.

Tout ce gazon, moutonnant à perte de vue.
Plus uni qu'un Klein, plus raz qu'un kilim, plus dru que la barbe de Devendra Banhart.
Plus vert qu'un petit pois anglais, beeurkh !
Les estomacs à l'envers, pour un peu il en oublierait de remâcher le tourteau de chaume qui vient se coincer entre ses ratiches.

Dodelinant, il encense longuement, sa petite tête perchée au bout du long cou serpentin, et enrubanne les buissons méticuleusement taillés de longs filets baveux tristement jaunâtres.
Le Vaisseau du Désert tire trois chiches larmes de son coeur sec pour les verser sur ce cauchemar de brouillards artificiels, cette débauche irrigatoire, cette effusion d'affusions, cette orgie aspersive.

Puis il noie son chagrin au fond du demi-trou qui fait suite au dix-septième, avant de tourner le dos aux jardins suspendus de Gascylonne.
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