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 Vadrouille aux portes de Vendôme

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MessageSujet: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:40

Marlowe's Posté le: Jeu 24 Jan 2008 03:34
Vadrouille aux portes de Vendôme 15247926734692cfb19f96a

Verger du père Michaud. Solitude d'après bataille.


Une odeur fade flotte en brume imperceptible, annonciatrice de fragrances lourdes et grasses, s'élève de la plaine, attirant nuées noires des corbeaux, bruissent les taillis aux museaux curieux des goupils, ce qui était, il y a peu encore, humains emplie de vie, devient viande, embrassant la terre froide de givre, gisant abandonnés entre les carcasses, tordues, rigides, des chevaux. Un cri silencieux semble s'élancer des silhouettes difformes, figées en postures grotesques du mutisme cadavérique, ici se sont affrontées les illusions, ici retourne au plus anciens des mystères, les existences fugitives des amants de la guerre.

Il marche parmi les siens, plus d'ennemis dans la mort, juste la préfiguration de ses pas à venir, les habits souillés de sang coagulé et de sueur sèche, au loin, vers les murailles, il devine les formes des vivants, le monde reprend ses droits, il ne se sent pas le cœur à les retrouver, pas déjà, lors ses veines bouillonnent toujours en sourdine, de la fureur du combat, la parole et les mots routiniers sont hors de sa portée, il endossera, à nouveau, les habitudes, oui, mais cela, pour l'heure, est au delà de ses forces.

Il connait ce besoin, de se purifier, de se retrouver, dans l'exil des autres, dans le retranchement de toute compagnie, ressaisir son humanité, des limbes obscures où elle s'est enfuie, car comment autrement, survivre au massacre, si ce n'est en égarant son attachement à la raison de l'espèce.

Le visage masqué par le calfat de ses cheveux, il franchit un muret de pierres moussues, enserrant un large verger hivernal, les essences en sont nombreuses, mêlés de chênes ancestraux, feuilles flétries, brindilles dénudées, se brisent sous ses bottes, Marlowe's erre, en abandon, à la protection de la nature, délaissant jugement et réflexion, respirant les parfums du lichen et de l'humus, frottant ses paumes à l'écorce rude des arbres, funambule cherchant un nouvel équilibre.

Un hennissement connu amène un sourire ténu, entre les ramures, près d'un bassin alimenté d'une source, sa cavale paisse, agitant sa crinière à son approche. Un temps. Appuyé contre son poitrail. Mélange de respirations, de chaleurs, il laisse, enfin, échapper un long soupir.


Une fois de plus hein... Mhm, t'as déniché un bivouac ma belle...

Quelques instants lui suffise à rassembler le bois d'une flambée, se félicitant sotto voce de sa prévoyance, il sort des fontes une chemise propre, décroche son mantel des harnais, et, torse nu, ne tarde à s'ébrouer à l'onde claire, se décrassant des peurs, du carmin des chairs, frottant sa peau poisseuse, presque une renaissance.

Calé contre la selle, au plus proche des flammes crépitantes, laissant les gouttelettes d'eau s'évaporer, la fatigue s'abat brutalement, ses paupières se ferment, main reposant sur l'épée, comme un gosse serrant son fétiche, il tombe dans un sommeil pesant, sans remords, repus des assauts, dernière pensée consciente, que les rêves l'épargnent.

_________________
Vadrouille aux portes de Vendôme Marlou1ac1



Blanche Morbaque
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Verger du père Michaud. La solitude n'est pas de taille.


Ca fait déjà un moment que toute la sainte moelle de la troupe a été renvoyée en colonne de sommeil. Fini, terminé, pliée l'affaire, merci pour le son et lumière. Ils n'ont pas rechigné à retrouver leurs pénates de toiles, épaules basses et gouaille au repos, mes gaillards se font poissons hors de l'eau, gueule ouverte mais inactive. Les ruraux ont été libérés de notre présence, reprenant ce qui leur appartenait. Ceux là se souviendraient de la petite histoire, des souvenirs à raconter. Qu'ils viennent pas se plaindre, on leur a permis de s'emplir la tête sans même exiger paiement. Je nous proclame artistes, faiseurs de vieux jours pour paysans décatis.

Quant à moi, le sommeil me fuit, une fois encore ou une fois de plus. S'il fallait comptabiliser les heures de nuit passées à l'état de veille, je devrais réussir à doubler mon âge. Pas que j'y tienne, pour dire juste. On n'est plus collé serré depuis longtemps lui et moi, le mieux qu'on arrive à faire, c'est s'accorder une trêve dans la lutte. Je fais semblant de détourner le regard et lui s'aventure l'air de rien, mains dans les poches, air léger aux lèvres, façon j'vais la choper tant qu'elle est occupée ailleurs.

Chacun ses esquives et rituels pour aller quérir le repos, moi je déambule, pour aller vers rien et revenir à nul part. La tête vide de fatigue inutile puisque inassouvie, simple mécanique qui avance. Tout droit, par là, à laisser mes guiboles choisir, si ça leur convient à moi aussi, je discute pas avec mes harpions. La botte se fait maître à bord.

Faut il quelle soit crétine tout de même, pas un gramme de cervelle dans le talon et pourtant, c'est que du plein, pas un centimètre cube d'air. Le son m'a ramenée à moins de flottement, le pied en suspens, petit décalage à gauche, le reposer sur la terre ferme plutôt que piétiner encore l'amas de chairs qui avait du ressembler à un visage plus tôt.


Et merd...

J'aurai du éviter le regard circulaire, comme je m'évite la description qui pourrait suivre. Un champ de bataille, quand tout a été fait, que les combats sont consommés et les vies à prendre emportées, ne ressemble à rien d'autre qu'à celui qui l'a précédé et sans l'ombre d'un doute à celui qui le suivra. Parce que couvrir une plaine de ruines humaines ne demande guère d'imagination, le guerrier se fait peintre sobre, quelques taches de rouge vieilli, du noir pour marquer les contrastes, et ce flou ridicule que l'esprit impose pour tenter de masquer un peu la réalité.

Autant ne pas s'appesantir sur la vision, longer le charnier m'a paru plus salvateur. Difficile de prendre une décision quand on n'a envie de rien et bien qu'elle se soit fourvoyée une fois déjà, j'ai rendu à la pointe de la botte le mandat de tracer l'itinéraire. Poings bien au chaud dans les fontes, la balade se fait flânerie insipide. C'est que leurs conneries m'enlèveraient le goût de la marche.

Il doit bien rester quelque part un endroit où se poser loin du monde. Des fois, l'idée se fraie passage dans la réalité pour trouver solution. Il y a là-bas petit portillon de guingois qui donne l'impression de vouloir tenir promesse. La flemme de ramener les mains à l'air froid, j'ai me suis octroyée l'entrée d'une cuisse pesante et grince, sur ses vieux gonds bouffés de rouille, le râleur se prenant pour une interdiction de pénétrer les lieux. Un faux sentier m'a éviter d'avoir à dénicher un but, il suffisait de suivre, j'ai suivi.

J'allais commencer à apprécier le trouble de l'air des trilles de piafs au réveil quand l'odeur de fumée s'est prise au jeu de me chatouiller la narine. Allons bon, c'est donc bien réel que sur cette terre la solitude n'est jamais possible. Un coup d'oeil dans la perspective de troncs alignés et un sourcil qui salut, étonné, la découverte. Il n'y a plus que toi pour garder les yeux ouverts Blanche. J'ai ramassé quatre bouts de branche qui s'emmerdaient sylvestrement et adopté pas d'embuscade. Une main posée aux naseaux de la jument pour un salut qui demandait silence, deux buches pour réalimenter son feu de camp improvisé, j'ai été me coincer le dos contre un arbre, jambes étendues, sourire au lèvres. Si les lames t'ont raté, faudrait pas que la froidure te croque.




Marlowe's
Vadrouille aux portes de Vendôme 15247926734692cfb19f96a

Verger du père Michaud. La solitude s'entaille.


Le sommeil, plénitude d'abandon, se laisser aller au monde, à soi, virer les oripeaux, égoïsme parfait de l'être, s'en cogner, et se laisser emporter, renouer avec les racines insaisissables du mythe, en revenir un peu plus entier, presque différent, à la découverte renouvelée du monde, immédiatement rhabillé de son propre regard, de celui d'autrui, et, pendant un battement de paupière, s'en foutre.

Présence. Il écarte la main de son épée, s'ébouriffe les cheveux, sur la frondaison des arbres, la nuit esquisse son fusain aux dernières lumières du jour. Les flammes reposent, à la terre adoucit en feuilles humides, de ce silence crépitant, murmure sourd de la source enfouit, sa cavale s'essaye aux ronds de buées, naseaux frémissants, solitaire, les braises sont compagnie, à deux, déjà elles deviennent légendes.


Il y avait une montagne. Lointaine. L'herbe haute de la plaine s'ouvrait de mille chemins à mes pas, le voyage en déplacement intérieur, écoute du corps, marcher en compréhension de l'existence.

Les bribes du rêve disparaissent de ses pupilles, feux follets à la surface d'un sombre étang. Marlowe's reconstruit le foyer en pyramide de branches sèches, vague geste de la main.

Rien à offrir, ni sel, ni pain, ni vin surtout. Eau limpide à profusion, doit rester des figues racornies planquées dans les fontes.

Il passe sa chemise, pose le mantel aux épaules, étirement à la limite du frisson.

La défaite est repoussée. La guerre déclarée, en soi, c'est déjà une victoire...

Il siffle doucement, Sans Nom décide d'aller explorer un épineux propice aux gratouillis, moue dubitative à Blanche, l'existence joue sa partition, parfois Marlowe's arrive à saisir son rythme, parfois.



Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

Verger du père Michaud. Attitude sans entraves .


Indépendante dans son genre …

L’autorité ne se décrète jamais, pour ce qui concerne les hommes, encore moins si elle doit toucher les bêtes. Ca veut ou pas. Ou pas donc. Le dessert fout le camp.

La pitance ne doit aucunement faire défaut au réveil, précepte druidesque. Avale ton poids chaque fois que t’ouvres un œil, tes cannes resteront droites. Ca ne touche pas à la profondeur philosophique, à peine si ça effleure le pragmatisme médical. Une règle qu’il a imposée à la troupe à coup de beuglements sauvages, adoptée et intégrée par les gueules qui engloutissent plus qu’elles ne savourent et les estomacs reconnaissants. Du coup, ça tiraille en gargouillis diatoniques.

Evidemment, la saison n’est guère bien choisie pour une escapade improvisée. Verger ou potager se font radins, achalandés façon diète, serrage de bide. Pas la période pour l’œuf de piaf, pas non plus celle où remettre en pratique ses talents d’alpiniste en branchages. Il faut aller puiser dans les leçons des vieux barbus, routiers de père en fils, au cuir ajusté à supporter le défilement du temps.

Un peu d’amplitude pour la promenade, j’ai renvoyé mes surplus vestimentaires hivernaux aux racines qui avaient occupé leur jour à me labourer le dos, fait claquer cette cervicale capricieuse et un rien de flotte gelée pour s’ancrer définitivement dans l’instant.


Camarade, un déjeuner de bivouac, ça se chasse, et les agréments s’empruntent.

Si la provende ne vient pas à toi et qu’à quelques pas de là se trouve grenier rempli, il suffit de le vider. Du diable si on ne serre pas les doigts au collet d’un garenne et d’une bouteille.


Dernière édition par Le Copiste le Sam 1 Mar - 1:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Eglise de Vendôme: Abbatiale St Martin de la Chlamyde   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:43

Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

C'est encore loin la religion ?


Les extrêmes d'une journée flirtent. Se découvrir avec un lever de soleil après l'épuisement d'une nuit mortelle, se perdre de vue en pleine lumière, pour finir par bourlinguer en chenapans crétins et heureux d'une balade digne de mômes de cinq ans. Le seul problème qu'il reste à résoudre étant celui de décider lequel des deux serait le plus compétent à crocheter la porte et quelle méthode il faudrait employer.

Deux zigotos ayant pleine maîtrise de leurs moyens, parfaitement conscients que leurs corps ont dépassés depuis longtemps la période de l'existence qui vous pousse à faire n'importe quoi juste pour voir si c'est faisable, ne devraient pas se trouver l'un en face de l'autre à s'empailler sur une comparaison technique du levier et du bélier. C'est pourtant ce que le brin d'herbe sous nos bottes écoute d'une chlorophylle attentive avec, pur bonheur, une vision en contre plongée imprenable.

Il n'y a pas qu'un avantage à tenir cahier de sa vie, mais celui à ne pas négliger est la faculté offerte à s'enfuir du sujet. Plus précisément à tricher avec la perspective. J'ai sous les yeux ce qui se fait de moins mauvais en matière d'humanité, du bonhomme honnête, celui pour qui il ne semble pas inenvisageable de se dire, s'il était réellement dans la mouise, je bougerais mes miches pour l'en sortir. La conclusion émerge du ressenti plus que de l'analyse concrète. J'ai pas pour habitude de me fier à une bouille, fut elle souriante, ni à un timbre de voix, c'est un ensemble d'éléments intangibles, non quantifiables qui font l'image. Celui là transpire le besoin de l'autre, pas à ranger dans la catégorie des blasés, fatigués du monde, l'ironie toujours au coin des lèvres. Rien que ses réveils sont preuves qu'il n'en a pas terminé avec les questions sans réponse et celui qui ne sait pas est le plus conscient des hommes. Tu ne sais pas, moi non plus.

Il réussit à m'arracher mes sourires.

Trêve de sombre sincérité, il reste que la route a été reprise, la discussion close sans être tranchée, sur un haussement d'épaule mutuel, on verrait bien sur place. Genoux ployés par une discrétion qu'on s'impose, plus pour le jeu que pour une réelle utilité, l'avancée tourne à la franche réjouissance. A cette heure, il ferait beau voir qu'on nous tombe dessus. Le villageois se fait marmotte hibernante, fenêtres closes, charentaise au coin du feu, je n'irais pas le leur reprocher, pas à dire, ça gèle. Il est passé devant parce que même si comme tacticien c'est pas lui que je choisirais, il connait le terrain et ça, c'est irremplaçable. Gare, je ne me moque pas, je commente, nuance. D'ailleurs le commentaire s'est à l'instant fait trop précis, le truc qui échappe, bêtement, et qu'on regrette amèrement, longtemps, très longtemps.


Joli p'tit cul ...

Ca c'est con, mais aussi, allez refuser d'énoncer l'évidence quand elle se tortille sous votre nez éclairée par une lune généreuse entre deux nuages cotonneux. C'est pas le type de réflexion qui me vient normalement, je compte plus les hommes qui ont traversé ma vie car elle n'est faite que de ça, ils sont mon quotidien, mon environnement naturel, au point qu'eux ou moi, c'est idem. Alors, je ne sais pas, un moment d'égarement, pas possible autrement.



Marlowe's
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C'est encore loin la religion ?

Tais toi et crochète !


Immédiat mouvement machinal, il pivote, cherchant la donzelle gaulée en pouliche, genre y'en a une qui s'balade en nuisette, où ça ? Perplexité affichée, la nuit est aussi vide qu'la caboche d'un écuyer. Doucement les rouages se mettent en branle, le cheminement de la compréhension est aisé à capter, suffit de suivre la marée pivoine affluant au visage, sa larme en disparaitrait presque.

Faut dire, les mots ont un sens, mais le ton donne la saveur de l'estime.

Sûr, il est censé dire un truc, désinvolte de préférence, histoire de contredire les mirettes écarquillés et le brasier des pommettes, mince, le marlou peut pas s'trimbaler avec une tronche de première communiante.


Ouais ! On fait la paire.

Sa race ! Et causer de la boulangère aussi non. Pas normal qu'il fasse une chaleur pareille en cette saison, c'est toutes leurs expériences alchimiques là, ça détraque le cycle naturel. Faut du raide, pronto. La logique inciterait à fracturer une taverne, l'égarement incite de se diriger vers l'église, connaissant Girafe, il a forcément un vin de messe à foutre une nitouche en goguette.

Maison du Seigneur ouverte à tous, mon derche. Même la Vierge est béante à coté. File une épingle à cheveux.

Toussotement discret de Blanche, il la regarde, l'incongruité de sa demande lui grince aux ratiches. Hochement de tête, refus de soutenir son regard, les statues des philosophes aux yeux peint risquent de s'offusquer de l'exhortation l'envahissant. Il tire un poignard à la tige de sa botte, et entreprend de trifouiller le cadenas massif les séparant d'un assouvissement compréhensible, voir légitime.

Mordiable. Tu m'as fracassé la gueule dans les largeurs, n'empêche, t'es gironde.

Le rapport entre le cadenas obstiné, leur avoinée et la remarque, difficile à souligner, mais existant. Mauvais rictus à ses lèvres, plante le poignard dans le bois, dégaine sa rapière et abat la lourde coquille de la garde sur l'acier récalcitrant.

Là ! Si tu veux te donner la peine...

La porte s'ouvre, poussée délicatement à la pointe de l'épée, Marlowe's s'efface un peu, chacun son tour de mener l'expédition, il est définitivement pour le partage , pas son sourire innocent qui contredit l'ensemble.



Blanche Morbaque
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Quand j'serais grand ...


Les choses sont plutôt bien pensées, la nature est une maline. On ne peut pas voir la gueule qu’on tire, et là je dis, tant mieux. Gironde, ça a du me placarder le masque pétri d’intelligence d’un gallinacé les deux pattes dans l’fumier, pleine saison des amours. Mâchoire béante, la géante, inclinaison de tête perplexe, gironde.

C’est une giroflée à cinq pétales que tu vas te prendre.

D’accord, la violence même feinte est une tactique de repli on ne peut plus basique, mais sur le moment, j’ai rien trouvé de mieux. Se donner la peine pour retrouver contenance.

Dévoile nous tes trésors baraque à gourou, les renards sont dans la place. L’architecture aristotélicienne est d’une sobriété touchant à la répétition. Sûr qu’à vouloir faire dans le périple original pour flinguer la routine c’est pas le tour des églises du royaume qu’il faut entreprendre. Rangées de bancs, certainement achetées au lot à un type qui avait senti l’affaire juteuse dans la montée en puissance de la divine philosophie, l’autel, de bois ou de pierre selon les moyens débloqués, trois chandeliers pour trois pauvres chandelles et au fond, une sacristie à la porte qui fait de l’œil à toutes les générations de mômes. Pensez donc, derrière ce battant crèche la sainte vinasse et ô délice de l’imagination enfantine, le défrusquage organisé du cureton de service. La bâtisse ne déroge à aucune des règles de l’art.

A tel point que le regard en balayage de décor m’a tiré un souvenir à frétiller des guiboles. Une ancienne manie, issue d’un passé qui commençait à peser en nombre d’années. Accroupie, la main au sol pour tenir un équilibre en pointe de bottes, j’ai opéré une vérification, leçon apprise après la plus grosse gamelle de mes sept ans. Là, rien à dire, aussi lisse et patiné que la cervelle usée du Loupiot. Dallage et semelles vont s’offrir une caresse, en quatre pas d’élan, ça glisse tout en souplesse jusqu’au chœur.


Wooooooooooooouhou !

Ici on pourrait inverser la constatation de départ, je peux pas voir ma gueule mais l’obscurité ambiante n’est pas suffisante pour me voiler la sienne. Un livre ouvert cet air là, le moment précis où j’ai maudit mes apprentissages de lecture. Mains dans les poches, talon qui claque, demi tour pour poser les yeux ailleurs.

Alors, qu’est ce qu’il planque de bon votre homme buré ….

Les mioches ont un désavantage sur les adultes responsables que nous sommes, ils manquent de masse musculaire, les obligeant à ourdir les plus savants plans quand il me suffit de tirer d’un coup sec sur la porte d’une pauvre armoire pour que l’atmosphère s’orne d’une paire de sifflements d’admiration. Le contenant se vide de sa consistance, le jambon vole bas cette année, prévision de chutes de lard, gaffe aux feuilles de salades traîtresses, conseil de la grenouille, affûtez les canines et surtout mâchez couverts. Il fait dans la charcutaille grasse le petit père en robe noire, la bouteille joviale au rouge chatoyant et le pain donnant corps à la prophétie. Vive la charité et le partage. On fait dans le casse dalle portatif, la déambulation en activation de mandibules, poursuite de visite, il y a des coins d’ombre qui nous ont échappé.

C’est que l’homme d’église est un finaud, il cache ses instruments de voix céleste dans les tréfonds de pierre. Deux bouteilles se posent sur un rebord chêne plaqué, deux culs se serrent sur un banc en gestion d’étroitesse, vingt doigts entament la série de craquement annonciatrice de conneries sonores en devenir.


Trois, quatre.
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MessageSujet: Re: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:54

Marlowe's
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Bom ! Bom ! Bom !

Rame galérien, la Phénicie est encore loin, le soleil cogne, la mer étale, tripes en rognes, gueule de chien, soif à la gorge, sueur piquante sur le sel des plaies ouvertes, rame fils de rien, les échardes déchirent les paumes, Venise est une brume, et le rythme cingle du fouet.

Bom ! Bom ! Bom !

Andalucia ! Terre des braves, l'astre rouge se mélange à la poussière, il va falloir se remettre en selle, la poitrine étouffée du bandage, déjà pourpre de sang, papillons lumineux devant les yeux, déroute, ne pas oublier la face de son père, les patios fleuris flambent à l'horizon de la défaite, et les fontaines de Tolède ne repoussent plus les sables du désert.

Bom ! Bom ! Bom !

Il marche droit. Savoir pourquoi est accessoire, le gibet est dressé, une rengaine de vihuela résonne dans les rues désertes, il n'a pas peur, finir à l'air libre, mains attachées, mais libre de son sourire, et les rêves ont eu la saveur de ses lèvres.

Bom ! Bom ! Bom !

Réveil en sursaut, haletant, migraine aux tempes, un temps, la voix de Calembredaine, assourdit, s'éteint, il se redresse, vire la jambe de Blanche pesant sur son torse, rappel des souvenirs, l'église, le vin, un concert à l'orgue, encore du vin, bouche pâteuse, qu'est-ce qu'il fout là, grogner un bon coup, attraper une boutanche, rasade, enfer, toujours du vin, si le sol s'arrête de tanguer, il pourra rassembler ses idées, gémissement fébrile, extirpe ce qui lui meurtrit les côtes, comment cette louche est arrivée là.

Bribes de songes tournoient, Marlowe's interrompt le ronflement de la mercenaire d'un coup de coude, ricanement réjoui malgré la tronche ravagée, sacrée compagne de beuverie, ouais, il pourrait lui demander cela, mais d'abord un solide petit déjeuner.


Bien dormi ? T'as une façon de distribuer les giroflées... Hrm...

Le marlou se marre, grimace, une tisane d'écorce de saule et une plâtrée d'œufs frit aux jambons, et surtout, surtout, pas de gueulante, le premier qui braille se morfle sa botte de fondamentale façon.



Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

Si je me souviens bien, j’ai eu le réveil pessimiste, une mise en rapport des sensations avec une réalité possible.

On est morts ?

Voyons, en admettant que ma dernière heure vienne, il est certain que c’est en enfer que je serais accueillie. L’antre du Sans Nom a-t-elle pour ciel une toile de tente ? Peu probable. Gueule de bois donc. Confirmée par le son de ma propre voix à mes oreilles, délicatement collante et l’étrange certitude que mes ongles sont en train de pousser. Déglutition de texture douze sur l’échelle à vinasse, compacte façon mortier.

J’ai évacué la question de savoir comment on était arrivé là dans la mesure où j’étais absolument incapable de déterminer quel était l’endroit de notre point de chute. C’est pas les tentes qui manquent dans ce bled. Alors celles-ci ou les autres …

Et puis le problème n’était pas là, il se situait plutôt dans la ligne qui conduit de l’horizontalité à la station assise. Une alternative à trancher. Omettre une étape et s’assoire sans passer par toutes les phases de rétablissement ou tout en douceur, à caresser l’air au point de s’en faire oublier. Tout compte fait, j’ai pris un intermédiaire et prié ma cervelle de bien vouloir suivre l’ascension. J’ai senti une hésitation de sa part, comme le besoin de rester lovée dans les couvertures, ce jour là, elle a failli prendre son indépendance.


Dormi, bien … je sais plus.

Etat des lieux. Tente, bon ça, j’avais déjà repéré, lit, admettons, le p’tit con, normal, une bouteille, elle avait du nous suivre jusque là et tant qu’elle se faisait discrète ma foi, pourquoi pas et une louche. Ho, la louche. Je sais plus si j’ai bien dormi par contre elle, je vois bien. Comment on a pu faire un truc pareil ? Non, ne pas chercher de réponse et enfouir ça dans les tréfonds d’un subconscient qui n’était plus à une horreur près. Amen. Plus qu’à espérer qu’il n’y avait pas eu de témoins. Sinon, je les tue et puis on en parle plus. Décision ferme et irrévocable. C’est pas que je tienne spécialement à préserver une quelconque réputation mais il y a des limites à ne pas franchir dans le genre j’assume mes actes.

Position de repli stratégique. Les coudes enfoncés dans les cuisses, les yeux rivés au sol, la récupération est en bonne voie. Certainement pas celle de la rédemption. Une odeur de cuisine, une remontée acide, une sanction. Coup de talon ferré dans le tibia.


Va bâffrer ailleurs.




Calembredaine
Vadrouille aux portes de Vendôme 137089867947975f7bbf80b

Odeur de nourriture, clin d’œil a Aznar, l’une des louche tourterelles était enfin aptes à se servir d’ustensile de cuisine à la manière recommandée par chef coq. Faut dire que le spectacle de la veille, dans les alentours d’un clignement de l’œil d’Hekate, avait bien failli la faire rire. Ça manque pas d’imagination, ni même d’enthousiasme…peut être juste un peu…

Les deux mains sur les yeux d’Aznar.


Heu, m’dame…
Comment elle s’appelait déjà…
Baisse les yeux quelques instants. Oui, bien blanches.


BLANCHE !
Z’auriez pas oublié une pièce d’habillement ?


L’Œil noir d’abord, ensuite, le tangage, ensuite, la pièce tombe.
Calembredaine le rire aux bord des lèvres, les mains sur les yeux d’Aznar qui tente de s’échapper, l’en verra d’autres, mais bon… Le sourire s’étend… Regard vers le marlou et sa cuillère à l'arrêt...


Ah c’est les joies du campement !
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MessageSujet: Re: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeJeu 27 Mar - 1:28

Marlowe's
Vadrouille aux portes de Vendôme 15247926734692cfb19f96a

Mais elle a failli lui faire valdinguer la poêle, déjà que réunir les ingrédients nécessaire et allumer le feu avec un minimum de mouvements lui a pris trois plombes. Savourant un juron entre ses dents, il retient une bourrade, d'abord elle la rendrait, façon carillon à déchausser sa migraine, et rien que l'idée de l'effort arrache un gémissement.

Alors il moufte que dalle, sans sourire, faut pas abuser, et s'écarte juste hors de portée. La tambouille prends forme, pourra se gratter pour en baffrer, ou alors va falloir découvrir la douceur plus vite qu'Archimède a trouvé le savon.


T'as des réveils à donner envie d'rester pieuter toi.

Les bonheurs simples de la vie. L'engueulade du p'tit déj' bituré, l'oignon trouvé au fond d'un sac, important l'oignon, la base de toute cuisine, avec l'huile d'olive, nanti de ces deux ingrédients le marlou peut tout concocter. Crissement de semelles, limite du supportable audible, pas la peine de lever les yeux, le rire toujours au coin de la voix le renseigne immédiatement sur l'identité du visiteur.

Il avale doucement sa salive, très doucement, Marlowe's connait la propension de la zouave à partir en trille au moindre zigouigoui rigolo, ça loupe pas, il encaisse en grimace à la vieille école, façon affranchi, passe l'ongle d'un pouce le long d'une joue plissée, la compréhension des termes employés parvient à ce qui reste de conscience bloblotante aux rivages de son liquide rachidien.

Ah ouais. Duraille de pas le noter maintenant. Rien à dire, ça conserve le mercenariat. Eclair de lucidité, regard en coin à la louche, non, délire éthylique, forcément, autrement... Non, y'a pas d'autrement !


Hrm. J'rajoute des œufs ? Ouais hein, terrible les œufs pour la croissance.

Enfer, il peut même pas siffloter, un coup à gerber, allez, prendre un air aussi dégagé qu'un ciel d'été, doit être dans ses moyens ça.



Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

Depuis ce jour je sais que le silence est mesurable, quantifiable, qu'il a un poids et qu'il pèse lourd. Une mesure au-delà des consensus établis, dépassant de bien loin les convenances reconnues. Chape de pierre mêlée de ferraille aux bouts arrondis et limés pour qu'il soit certain qu'ils ne puissent le déchirer.

Le ridicule ne tue pas, dommage. J'en reviens à ma première impression, la mort dans le fond, pourquoi pas. On doit être délesté de toute considérations vestimentaires une fois trépassé. J'ai pas de froc, ha, ha et alors. Mourir, mais qu'elle merveilleuse idée, comme la chose serait douce sur l'instant. Aller quoi, un coup de foudre bien senti, ça lui coûte rien au ciel.

Laissez moi face à une armée, j'en fais mon affaire, jetez moi dans une mélasse de soldatesque furieuse, hors de question que je recule mais ça, lutter contre une rousse à la gueule fendue en deux par un sourire frôlant le fou rire, je dois avouer que je patauge. Réflexion faite, il ne s'agit plus de pataugeoire, c'est la grande marée que j'aurai pas vu venir. On se croit pénard, les doigts de pieds en éventail sur un sable chaud et on se ramasse la plus grosse lame de fond que l'océan, le petit rigolo, pouvait préparer en ricanant comme un con. Il faudra m'accorder que je n'ai pas fuit face à la menace, forcément, j'ai pas eu le temps.

S'il faut rapporter les faits avec honnêteté, je me dois d'écrire ici la réponse qui restera dans l'histoire, celle qui a franchi mes lèvres quand l'information a eu traversé le marasme de la cuite.


Frdtfaoierua tlhh tgjb

Ou pas loin. Peut être encore un peu moins de voyelles. Ce que je cherchais à dire, rien, ou au secours, ou pourquoi moi, ou plus simplement et merd...

Le seul truc intelligent que j'ai fait, ça été de ne pas le regarder. Les yeux rivés sur n'importe quoi pourvu que ce ne soit pas lui. La honte passe encore, mais le côté duo comique, ha les enfants vous en ratez pas une, non vraiment on vous invitera au prochain mariage vous nous assurerez l'ambiance, c'est trop pour moi. Et de toute façon, je n'avais pas besoin de contempler sa face de merdeux blafard pour connaître d'avance ce que devait donner le spectacle. Tout dans la voix et ses oeufs foireux. Sincèrement, tu nous as pas aidé beaucoup.

Il y avait une décision à prendre, impossible de rester figée éternellement, à un moment ou un autre ça finirait par paraître cuillère évasée. Je n'utiliserai plus jamais le mot louche. Je les maudis, toutes, de la plus petite à l'énormité qui sert à Tambouille quand il nous mijote un de ses ragoût clapotant de gras. La prochaine que je croise, je l'ignore, je nie son existence même.

J'ai cherché du regard où avait atterri le futal qui me faisait tant défaut, constaté que bien sûr, comment aurait il pu en être autrement, il s'était logé à l'autre bout de la tente, me suis levée, royale, ou peu s'en faut et larguant les bottes, ça faudra qu'on m'explique tout de même, me suis réajustée façon, il ne s'est rien passé, tout ceci n'est qu'un complot du pouvoir en place pour lutter contre le mercenariat qui leur fait tellement de tort.

Là ! ça c'était fait. Restait à regainer mes mollets du cuir des bottes et poser mon autorité en rebouclant un ceinturon lesté d'acier effilé. Les pouces calés à la ceinture, y'avait plus qu'à enchaîner.


Alors, on les mange ces oeufs !

Ho mon dieu ... pourquoi ? Et toi p'tit con, pitié, relève pas.

C'est décidé, je fous plus les pieds sous une tente si elle n'est pas dotée de porte et de verrous ! On appelle ça une auberge ? et ben peut être ! Je m'en fous.
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MessageSujet: Re: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeJeu 27 Mar - 1:40

Calembredaine
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Calembredaine, débouche les yeux d’Aznar, la lune était couchée. A peine un sourcil qui se lève à l’énonciation du problème de consonne de blanche, les dents qui mordent les lèvre inférieure devant l’air pratiquement serein du Marlou, pratiquement.

« Allez Calembredaine quoi chut vas y pas en rajouter, d’accord, c’est L… non, non, surtout pas allez respire… »

Ses pommettes prennent une couleurs d’un joli carmin fleuri, pendant qu’elle reprend sa respiration. Blanche repart direction pantalon… Démarche caneton. Elle s’évente avec sa main.

« M’enfin, cesse donc, des séants t’en a vu, déjà plus que ton compte alors souffle »

Mortifiée est la blanche rhabillée, elle prend l’air faussement décontracté d’un puceau au premier rendez vous, les mains sur le ceinturon, presque convaincant, pratiquement.
La phrase est anodine, pourtant, rien de…

« Non, non… »

Vraiment rien d’étrange. Le ton peut être, ou juste, l’ensemble.
C’est l’explosion.
Ah pourtant elle a essayé, elle a tout fait pour ménager la susceptibilité mais là, alors qu’elle allait proposer un coup de main au marlou pour faire cuire son omelette, voilà la contre attaque du rire réprimé, trop réprimé, trop contenu, et donc… Dans un pouffement camoufflé en sanglot malhabile, que personne lui demande pourquoi elle pleure à l’évocation des œufs, elle trouveras bien, ce sont bien des larmes qui coulent, les spasmes s’arrêtent pas à s’étouffer dans un draps… et tant pis si personne n’est dupe, elle se marre.

Elle se redresse, suffocante, les derniers spasmes et le sourire camouflés par une masse de cheveux, elle souffle sur une mèche et essuie une larme.


Aaah… désolée… ah … Pfiou…

Semblant de rien, la tête basse, et toujours l’estomac qui bondit, elle y arrive pas, vite une diversion, la cuisine, et … Et …. Là sur la table… entre fourchette et… Ne vois pas ça…

Rhooo C’est LOUCHE

Plus moyen de rien cacher, c’est bien franc et direct, même qu’elle pleure de rire sur l’épaule désespérée du marlou, qu’elle fait même une tape sur le dos de Blanche trop tard, de toute manière, fallait que ça sorte….




Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

J'y ai cru un quart de secondes de trop, au point de me libérer l'esprit de toutes pensées suicidaires. Moment de grâce où les sales coups donnent l'impression de se carapater pour aller enquiquiner un autre poivrot en instance de réveil. On n'était pas loin du planage façon je vais bien, tout va bien. L'allégresse est à nos portes p'tit con, la salve a été évitée, pas à dire, on est trop forts, avec une omelette on s'invente un passe pour le paradis des ivrognes.

Oui, mais non. Le tressautement d'épaules de la rouquine était de mauvaise augure, à me vriller le nerf optique gauche, à adresser une prière au saint patron du sabot de mon cheval. Faites qu'elle se retienne de nous exploser à la tronche, je promets de ne plus faire picoler mon canasson juste parce que je trouve ça fendard.

A noter, l'invocation de tout animal quadrupède n'est d'aucun effet sur les spasmes cardiaques d'une rouquine en mal de foutage de gueule matinal. J'aurai du respirer un bon coup, à la limite de la noyade oxygénée, me rappeler le nombre de bouteilles qu'on s'était envoyées, ne pas omettre que le rire est le ciment de l'humanité. J'aurai du, mais je l'ai pas fait.

Quand le mot .... a franchi l'écluse ouverte à toutes eaux de ses lèvres, mes doigts se sont refermés sur la garde de ma lame. Pas d'envolée lyrique sur le froid de l'acier qui m'aurait fait frémir, rappelant la mort que j'ai si souvent distribuée sans même un faire part au destinataire. La seule poésie que j'avais aux lèvres était une toute petite phrase mal construite, j'vais me la faire.

Je suis du genre têtue qui tient parole, j'avais juré qu'au moindre témoin des têtes allaient tomber, aucune raison que je change d'avis. Avec le recul, des raisons je pourrais en trouver mille, là, seule la buée des vapeurs d'alcool réfléchissaient et elles étaient plutôt colère.

La donzelle me tournait le dos, à s'esclaffer sur l'épaule navrée du blafard, j'ai levé la lame au dessus de mon épaule, pris position de trois quart, fermé un oeil pour assurer la visée et tenter une sauvegarde de la camaraderie avinée.


Marlowe's ! baisse la tête nom de dieu ! J'vais faire sauter ça comme un bouchon mal scellé.

Le fait de ne pas avoir dit p'tit con ou merdeux ou encore soiffard aurait dû m'alerter sur l'état délétère dans lequel je nageais, dommage, j'ai pas pris la peine de m'arrêter à ce détail.





fanchenn
Vadrouille aux portes de Vendôme 502864345472bd46d25b4c

Un groupe de cavaliers pressés, puis trois pèlerins qui le sont beaucoup moins, croisés sur la route au sortir de Vendôme. Dont une pèlerine, pour être précise. Vaguement navrés, les deux hommes, comme tant d'autres au sortir des batailles : ça clopine sur le chemin, devant elle. Et ça cause : ça, pour causer... Les dépassant d'un pas ferme, son panier au bras, Fanchenn leur jette un coup d'oeil : où donc les a-t-elle déjà vus, ces deux là ? Mais oui, au verger bien sûr ! Les deux types, pas la femme...

Sans plus s'attarder elle poursuit son chemin, toute à ses pensées. Les adieux de Namarië, si opportunément venue la rejoindre, mais si vite repartie. Le regard étrangement vide de sa consoeur, poursuivant... des horizons bien flous. Se reverront-elles un jour, rien n'est moins certain. Il reste pourtant tellement à lui confier, et ces derniers jours ne leur ont guère laissé de répit.

Les tentes sont maintenant toutes proches. Nul mouvement en vue, même si la matinée est plutôt avancée. Des voix pourtant lui parviennent à travers la toile.
Franchissant la portière son lourd panier en main, Fanch s'arrête, un instant déconcertée par le spectacle qui s'offre à elle :
son Fils aux fourneaux, cuiller en main, l'air faussement dégagé ;
dégoulinant sur son épaule, la chevelure secouée de spasmes d'une Calembredaine qui, manifestement, ne se ressent guère sa blessure fraîchement recousue.
Et là, juste devant elle, lui tournant le dos, la haute silhouette surmontée d'une tempête de neige de la gardienne du Chicot. Laquelle s'apprête à...
Son sang ne fait qu'un tour.


A'tt' ça !

Le panier s'écrase au sol, libérant une pluie de pommes et autres noix qui rebondissent et roulent de toutes parts, tandis que Fanch saisit à pleines mains la lame d'acier pointée vers elle (comment ça, c'est toujours pas par ce bout-là qu'...???), et s'agrippe à l'épée qui menace SON FILS, tout en trébuchant sur l'anse du panier, pour terminer sa chute le nez dans les reins de la menace ambulante.

... malheur'z !

Un instant estomaquée par la rudesse de l'impact autant que par le coup de sang qui l'avait saisie à la vue de la scène, Fanchenn se remet péniblement sur son séant, et regarde avec étonnement ses mains ensanglantées par l'épée tombée en travers de ses genoux.

Mais c'est qu'ça coupe, ce machin !

Cordob' ! Ca va ?





Marlowe's
Vadrouille aux portes de Vendôme 15247926734692cfb19f96a

La céphalée ravage son crâne avec une sournoise délectation, un voile pourpre colore le paysage en dégueulis de pastels abjectes, le jaune luisant des œufs palpite doucement, au rythme pervers des éclairs de douleurs, sillonnant son front en rides tressées, les reflets du soleil, sur les courbes entêtantes de la louche, caressent ses pupilles d'une hypnotique et malsaine danse, annihilant sa volonté, une mélopée pernicieuse racle son injonction à même ses os, vrillant ses muscles d'obsédantes envies morbides, ses doigts, encore tremblants de la cuite nocturne, s'emparent de l'objet dévoyé de sa prime fonction, ondoyant de vibrations maléfiques, serpent métallique à gueule oblongue, sa face déformée s'y mire, un tic dépravé tord sa bouche, sa larme rouge semble creusée dans sa chair, et le blanc couvrant son visage se pare des formes d'un livide suaire putrescent, les sons distordus d'un antique langage sussurent au creux des silences, couvrant le rire hystérique de la louve, la voix crissante de sable de l'immaculée guerrière, enveloppant son esprit en de vicieuses volutes, et le sang de la Mère nourrit la terre.

Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn...........suiiiiiinte le sacriiiiiifiiiiice soliiiiiiitaire.......Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn...suiiiiiiiiinte l'iiiiiiimmolation votiiiiiiiiiiive..................Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn........suiiiiiiiis les siiiiiiiiiiiinueuses saliiiiiiiiiiives du siiiiilence ultiiiiiiiime......Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn..............

Avec un léger soupir, Marlowe's masse, de l'index et du pouce, l'arrête de son nez, empoigne la louche, passe à coté de la mercenaire un poil abasourdie, récupère une pelle, et, sans lâcher l'ustensile, creuse un trou, profond, balance le foutoir au fond, hausse un sourcil vers Blanche.


Un dernier mot ?

Méritant parfaitement son nom, elle s'approche, se penche un peu, et dégobille une superbe gerbe, parfaitement visé, il la soutient par l'épaule, ne rajoute rien, et obstrue méthodiquement la fosse, tassant les mottes de sa botte, regarde Calembredaine, affalée au sol, du mal à s'en remettre.

Voilà ! T'aurais pu être à sa place jolie môme.

Il vire la pelle, chope un tissu, déchirement sec, va panser les mains de Fanchenn, coupures superficielles, claquement de langue.

J'vais t'donner quelques leçons d'escrime, une épée, c'est comme un gars, possède plusieurs bouts m'man.

Se précipite vers la poêle, juste à temps, distribue les portions, double pour Aznar, se cale contre un tonneau, enfourne sa première bouchée, éclate de rire, sont bien là, à la fraiche, fait beau, et leurs tronches vaut toutes les familles et amitiés du monde.
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MessageSujet: Re: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeJeu 27 Mar - 1:46

Blanche Morbaque
Vadrouille aux portes de Vendôme 19984618074602c97711201

Comme la rosée du matin, les images se découpent en gouttelettes fines, en suspension, imprécises mais réelles. Eclatées, en myriades d'incertitudes. J'étais là, décidée à faire rouler le rire de la rousse à six pieds de son corps, les muscles prêts à répondre à la moindre de mes sollicitations, saoule, mais professionnelle jusqu'au bout des bottes et tout à coup, je n'étais plus qu'une hésitation de remugles acides, les reins vrillés par une douleur qui se voulait aigue autant que présente, les mains délestées du poids de l'épée.

Il c'était forcément passé quelque chose entre ces deux affirmations, cette femme va mourir sous l'effet conjugué de ma volonté et de ma lame, et, mon estomac va se vider sous l'entrée en conjonction d'un occiput dans la maison de mon pauvre dos. La question restant à élucider étant quoi et à l'extrême limite du vice poussé dans ses derniers retranchements, comment.

Le déséquilibre a été géré par un corps à qui je rends encore grâce aujourd'hui. Soyez bénies mes guiboles, gloire à vous ô mes harpions louvoyant tels boucaniers sur mer d'huile. Peut être devrais-je leur faire prendre le grand air plus souvent. Ou, peut être pas.

Là se mesurent les opiniâtretés duelles. Dans le sens de la remontée rapide, messire estomac en personne, dans la fermeté à demeurer serrées, demoiselles ratiches elles mêmes. Il faut reconnaître qu'elles se sont trouvées largement soutenues dans cette lutte par des zygomatiques refusant de s'en laisser compter par un organe si bas dans l'échelle corporelle. De là à dire que tout le système digestif était perdant d'avance, il y a un gouffre que j'éviterais de franchir et pour preuve.

L'oeil morne, quoi que je me dois de ne pas frémir devant la dure réalité et donc de rectifier, les yeux faisant copains copains avec leurs homonymes sertis dans face de harengs, j'ai suivi les travaux de terrassement du p'tit con et, sans aller jusqu'à l'en remercier, approuvé intérieurement le verdict sabrant net l'avenir de l'ustensile de cuisine.

Trois pas pour couvrir l'objet de tous les délits, passés et présents, de mes pensées profondes. Un seul mot, clair, précis, n'offrant l'occasion d'aucune opposition ni contre argumentaire, raoul. La libération du corps comme de l'âme procure une sensation qui pourrait être rafraichissante si une nuit de picole ne venait la ternir. Une tape en passant sur l'épaule de mon compagnon de galère, le chemin vers la bouteille allait amener le point final à mes déclarations. J'ai enjambé la mère pour atteindre l'extérieur, extrait le bouchon d'un coup de dent précis, effectué le tir le plus tendu de ma carrière en matière de liège et rendu à la terre l'exacte quantité de vin que je me suis octroyée d'un revers de poignet. On a le gargarisme qu'on mérite. Je crois que j'ai lâché un soupir.

Quelques secondes ont coulé dans lesquelles le soleil me murmurait des histoires nocturnes à oublier, il avait raison, toutes les bonnes blagues doivent prendre fin au jour. Salut respectueux à l'astre avant de reposer mes bottes sous le nez de la créatrice du morveux.


Avec votre permission.

Retour de l'épée pseudo vengeresse à sa propriétaire, une caresse de mouchoir pour lui rendre son éclat, remise au fourreau qu'elle n'aurait jamais du quitter. Restait à se dégoter une place dans tout ce foutoir, chose rapidement réalisée, le pieu se trouvait libre, j'y ai déposé mon auguste fessier avant de récupérer la gamelle tendue. Sublime façon de combler la fringale naissante. La bouteille n'était pas loin, je lui ai fait prendre l'envol le plus logique du monde.

A la tienne gamine.

Une manière comme une autre de remettre les pendules à l'heure. On n'allait quand même pas se fâcher pour une ....



kemper
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Sombrer dans un sommeil profond a cet avantage de vous laisser, au réveil, le sentiment d’avoir eu la tête traversée par une multitude de rêve sans pouvoir vous en souvenir d’un seul.

Kemper quand il ouvre un œil, a ce sentiment,
A t-il rêvé à la frivole Lucette ou d’un pièce de bœuf grillée sur de la braise ?
Aucune idée mais il sait que la nuit a été riche en songe.

Il renifle deux fois, très rapproché, comme l’aurait fit un animal, l’odeur du gras l’appel.
Il sait qu’il a retrouvé des forces suffisamment pour se lever, à moins que ce soit la force de son estomac qui parvient à la hisser hors de sa couche.

Il s’approche du groupe constitué entre autre de Marlow’s et de Calembredaine, il ne reconnait pas les autres personnes présentes mais il s’immisce dans cette éphémère communauté, espérant glaner quelques morceaux de nourriture.

Il tient fermement de ces 2 mains les pans de la couverture qui recouvre ses épaules, son visage garde encore une pâleur cadavérique, on pourrait le prendre pour un jumeaux du Marlou s’il n’y avait pas la chevelure.
Alors que l'on se réconcilie et que l’on trinque, il clame, d’une voix rauque et le regard sombre :


« Voyez-vous Compagnons, J’ai eu une révélation durant mon sommeil :
Quand je mourrai, j’irai au Paradis car … »

Il prend une courte pause, il écarquille les yeux et reprend

« …c’est en enfer que je passe ma vie* »


puis il sourit, puis, comme si l'effort avait été trop important, il tousse

*petit emprunt à troubadour contemporain




Calembredaine
Vadrouille aux portes de Vendôme 137089867947975f7bbf80b

Les événement s’enchaînent, elle se laisse choir sans façon sur le sol, c’est fou ce que cela fait du bien, c’est bon, jusqu’à la douleur, les côtes qui se plaignent, le ventre qui se tord… toute une gymnastique corporelle appréciable… Elle s’assied, elle n’avait rien remarqué, observe le marlou panser les mains de Fanchenn, elle l’avait entendue dans un coin de conscience, comme très loin entre les rires sans plus aucune retenue. Elle s’essuie les yeux, se demande pourquoi le sang… Le marlou lui raconte un truc, ça lui passe au dessus de la jambe, tout ça c’est passé, elle se retrouve avec une gamelle dans les pattes, ça sent bon, d’ailleurs ça l’est, une bouteille passe de Blanche à elle, puis d’elle à Fanchenn, qui la passe au marlou.

Elle fait un clin d’œil à la guerrière, pas de distance, pas de froid. Elle sourit. [/i]

T’as toujours été mercenaire ?

Juste comme ça pour discuter, pis aussi, parce qu’y avait rien a faire, elle parvenait pas a savoir ou elle avait déjà vue cette femme. L’kemper arrive sur le coup, pâle comme son reflet, elle lui fait un signe de la main, genre viens par la qu’on te nourrisse, nouveau bruit de gamelle. Elle prête toujours l’oreille à Blanche…



Blanche Morbaque
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Etaler sa vie en tâches d’encre ne demande pas grand effort. Aucun partage, aucune concession à faire puisque aucun destinataire n’est prévu en lecture. La plume glisse soumise à la seule vérité des faits et aux aléas de mes interprétations de celle-ci. Le passage de l’écrit à l’oralité entraîne un tout autre processus. Ici, il s’agit de donner directement à l’autre une partie plus ou moins grande, plus ou moins réelle, de soi.

Ce n’est pas que mon existence ait connu tant de choses que je ne voudrais révéler. Mes faits et gestes ne sont pas cachés, suivez les guerres, je n’en suis jamais trop éloignée. Et à passer d’un employeur à un autre, je suppose que qui le désirerait pourrait remonter ma piste sans fatigue excessive.

La barrière à franchir se situe au plus profond de mon quotidien. A évoluer au sein de la compagnie, chacun de nous y a perdu le sens des conventions et encore plus, celui de la discussion personnelle. Vivre ainsi, au jour le jour les uns sur les autres, nous amène à un état de non communication latent. Des petits riens qui s’estompent, plus de bonjour un regard étant suffisant, plus de passe moi le pain, une main qui se tend en fait office, plus de comment tu vas, la gestuelle indique l’état. Chose que l’on ne voit pas arriver mais qui s’impose d’elle-même, un matin, on n’a plus besoin de se parler.


Ouep, je sais faire que ça.

Phrase crue, sans artifice, ma réalité.

La bouffe en lévitation entre la gamelle et ma mécanique de mastication, j’ai croisé le regard de la rouquine pour y trouver tout ce que je n’étais plus. Même ses yeux sourient et l’invite au gaillard venant de faire son apparition, un symptôme flagrant de vie. C’est étonnant de se prendre en pleine gueule, dans le visage d’une autre, le poids des années. Tout d’un coup se rappelait à moi ce corps si souvent maltraité. Un genou flemmard, les muscles mâchés, cette garce de cervicale, la torsion des boyaux d’une nuit trop courte, la fatigue.

Je ne pense pas être transparente pour qui me connaît depuis trop peu de temps, ma tronche a caressé le soleil tant de jours qu’elle y a pris teinte uniformisée, a gobé tant de vent et de pluie que mes tempêtes intérieures ne s’inscrivent lisiblement sur mes traits. Tant mieux.

Cette gosse me ramenait aux réflexions qui de plus en plus fréquemment revenaient, combien de temps encore cette aventure et si le moment était venu de déposer les armes. Je voudrais crever sur une bataille, sans plus avoir à me poser cette question. Un jour, qu’un autre décide pour moi que mon temps était abouti. N’importe quand, n’importe où, n’importe qui, mais qu’on me retire cette responsabilité. Je le souhaite, ardemment et pourtant. Quand la possibilité est offerte de la réalisation de ce vœu, l’instinct de survie refait surface et toujours j’en reviens parce que non, mourir des mains d’un inconnu pour devenir corps froid anonyme, noyé sous la masse d’autres corps sans plus de nom que moi, c’est inadmissible. En fait, je ne sais pas, il faudrait que ça s’arrête, c’est tout.

Je me suis levée, fait subir un brin de toilette à la gamelle, habitude de camps, et adressé un geste vague de la main à l’assistance.


Il faut que je rentre.

Comme si ma baraque était mes hommes, j’allais pousser la porte de la compagnie et retourner en leur sein, reporter, encore pour cette fois, la résolution qu’il faudrait finir par prendre. Dehors, rien de nouveau, moi je change, le monde lui s’en fout.




fanchenn
Vadrouille aux portes de Vendôme 502864345472bd46d25b4c

Les mains tombées sur ses genoux, elle balaie la scène du regard.
Son Fils, qu'elle regarde avancer, mine étrange et teint cireux, louche en main.
Elle soulève un sourcil en le voyant creuser, puis enterrer l'ustensile, avec une ultime offrande de la mercenaire. Rituel de cambuse militaire, sans doute...
Hmmm, faudra voir à leur trouver un Coq... Et en tous cas éviter de fournir la batterie de cuisine. Si possible...

Calembredaine se laisse tomber au sol, le visage ravagé de larmes mais un sourire radieux aux lèvres.
Fanch croise un instant son regard rieur : tout va bien, la jeune femme ne se ressent pas trop de sa blessure semble-t-il.
Et le petit Aznar revient déjà solliciter l'attention de sa mère.

Puis elle sourit lorsque Cordoba, accroupi devant elle, saisit ses mains.

Oh, c'est rien, juste une petite coupure, j'en ai vu d'autres.
Mais tu devrais faire attention tu sais : ça m'a l'air dangereux ces trucs-là !


Elle lève les yeux vers son Fils, fronce un instant les sourcils en le considérant attentivement, libère une de ses mains qu'elle élève vers le visage de son aîné.
Ecarte doucement une mèche de son front blême, gratte délicatement au creux de la fossette un amas de fard blanc desséché.
Mouillant son doigts d'un peu de salive, elle l'étale pour masquer une lacune, descend l'arête du menton où son ongle s'accroche à la râpe d'une barbe naissante.
A mi-voix elle demande :
Cordoba, te souvient-il de la Rapin ? Ses hululements du bout du Bout quand vous cachiez ses peintures, petits sacripants...
Et les séances de grime pour carnaval, ta soeur en duchesse et toi en capitaine pirate, les filles en mauresques et moi en sultane...
Et cette troupe de baladins Lombards, qui avaient investi le bordeau pour une représentation, jamais nous n'avions eu autant de pratique... ni rarement autant ri...

Elle esquisse un sourire à l'évocation de ces temps révolus, se demande où la Rapin est échue maintenant, avec sa collection de rouges et autres badigeons.

Attends.
Elle cueille au creux de sa main une goutte de sang. Du bout du doigt, avec application, la fait rouler sur la larme qui barre la joue opaline du jeune homme.
Sourit en le contemplant.

Ma main est encore sûre tu vois : elle n'a pas dévié.
Va pour les leçons d'escrime, mon Fils. Je doute que tu aies grand chose à m'apprendre sur les gars... mais pour ce qui est de vos épées, j'avoue mon ignorance. Ta soeur et toi, vous m'apprendrez.


Les mains de Fanch sont prestement enroulées de charpie, tandis que la soldate récupère son arme et s'empresse de la faire reluire.

Les écuelles circulent, fumantes, et chacun rejoint le cercle. Fanch fait signe à Lucette de venir s'attabler, et à quatre pattes rassemble quelques-uns des fruits épars dans le panier quelle pose à leurs pieds. Une pomme flamboyante est polie sur son jupon puis présentée à Aznar.
Fanch s'installe, et hume les effluves appétissants qui s'élèvent du plat.

Hier, le Bout. Aujourd'hui, cet abri de toile. Et demain ?
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MessageSujet: Re: Vadrouille aux portes de Vendôme   Vadrouille aux portes de Vendôme Icon_minitimeJeu 15 Mai - 0:19

Marlowe's
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Le soir balance ses artifices en prismes colorés, vifs pastels dégoulinants, violet nauséeux, pourpres suintants, éthiques nuages aux protubérances gazeuses, avachis aux crêtes des montagnes. Ses yeux sont mornes à l'horizon délavé, le visage sculpté par un soleil lointain, il tapote cuivre gravé au pommeau de son épée, absent au spectacle d'un romantisme échevelé, limite décoiffé, qu'abandonnent, en traîne d'ombres, épousailles de la nuit, les crépuscules de Touraine.

La pièce emplit sa paume, le blason Luciole à face, Piaf planant à pile, et la devise martelée. Voltige aux doigts du marlou, s'envole au dessus d'un nid de coucou, déserté. Étincelante, elle file, au couchant, parée du halo déclinant de lambins rayons.


Tranche.

Sa martingale, conjurer la desgracia, narguer l'impossible, la complétude du chaos. La luciole de métal entame son apogeante décroissée, le murmure de Marlowe's l'accompagne.

Il existe un castel
à flancs de coteau
remparts zébrés de fissures
douves crevassées
Un figuier y pousse
à la verticale de l'échauguette sud
et sarabandes d'insectes
dansent aux herbes folles de la cour
On y vient à cheval
antre de cavaliers
non de piétailles
gens de cuir vivent là
Soupe d'orties et tendre venaison
confitures de reyne et oraisons dernières
francs compagnons de la gueule en biais
en un castel à la herse en sourire ébréchée
murs à lézards
dans la cagne de l'été

Per aspera ad astra


Aux ténèbres du ciel s'accroche l'étoile du berger, il bat son briquet, enflammant les torches aux ruines du Chicot, prélude à l'apprentissage du combat nocturne, l'art du spadassin, la caillasse du sentier annonce l'arrivée de son élève, Marlowe's débloque sa rapière de la sénestre, main opposée battant mesure fluide au baudrier.

'soir m'man.

Les manuels universitaires, nommés stratégicotacticotaracelenombredepages en langage estudiantin, sont catégoriques, une armée en campagne ne peut se passer d'un élément essentiel, organisé, réactif, préparant des voies de replis, apte à débouler en renfort, à couvrir la retraite. Terme d'ailleurs régulièrement biffé dans les dicts ouvrages, accompagné des initiales BK, heureusement équilibré par le rajout « et sachant siroter des anisettes en commentant les missives du front. Elz».

Tactique usitée, usée à l'antique déjà, l'arrière garde. Celle de Cuculus arbore la tronche du marlou et de Fanchenn.

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Lancelöt
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Assez plus loin.

***

J’jure que je reviendrais… c’n’est pas ma faute. Bon vent.
Au temps que le feu éclaira la nuit, un murmure en brisa le silence.
Au bord de la forêt voisine, mon épaule prisonnière d’une main se voulant amie. Ennemie.
Je compris que je n’étais plus le seul à partir. Peut-être le seul à le faire involontairement. Mais nous partions, nous séparions. Avec la seule certitude de se revoir. Je n’aurais jamais accepté une autre issue à notre histoire.


***
Le soir commençai à se montrer. Tout avait chamboulé dans ma vie en quelques journées, et s’apprêtait à le faire d’avantage. J’avais appris par la bouche d’une Altea et d’un Alexendre, qui avait été mon père. J’appris d’eux tout ce que je savais désormais de moi et de ma provenance. J’appris aussi, que sans avoir jamais eu de mère, je n’avais déjà plus de père. Et que Wiatt le savait. Je compris les regards jetés sur mon collier et ma sacoche, te cette sorte de maternité qui m’avait perturbé les premières fois. Une maternité en tous points incomparable avec celle qui la réunissait à Lucas. Bien sur, puisque maintenant je le savais, moi, j’étais orpheline.
J’avais gardé toutes ces découvertes pour moi, évidemment, comment avouer qui j’étais alors même que je disais en être un autre ?
Dans tous les cas, révélations sur révélations m’avaient un peu exilé du vrai monde. J’avais appris que j’héritais d’un acteur tout ce qu’il avait et que la dite Altea m’avait fait naître.
Alexendre, lui, s’était retiré. Il semblait avoir du mal à me regarder. Je ressemblais tant que ça à celui qu’il appelait « son Roy » ? Quand à Altea, elle était restée quelques jours, et avait essayé de me refaire sourire, avec promenades et achats. Mais j’étais trop étrangère au monde qui m’entourait depuis que je connaissais celui qui le faisait vraiment depuis ma naissance.
Et puis, ils étaient partis.

Mais ce n’était pas la fin de mes soucis.


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Tu est Lancelot ?
-Mvouep.
Les tiens, Ayumi et Walik, nous on envoyé te chercher et de t’enlever de ce nid de bestioles immondes –de force si nécessaire. Ta mère t’a trouvé un endroit digne de son fils pour vivre. On part dans l’instant, suis-nous. Pas besoin de prendre des affaires, tout ce qui te rapproche à ta vie actuelle n’existera plus dans quelques jours. Quand nous serons à Avranches.

Bien sur j’avais tenté la fuite à la course, mais ils étaient quatre, quatre soldats. Une de mes mères et mon parrain m’avaient envoyé quatre soldats, pour s’emparer de moi, un enfant, avec le but de m’enlever du milieu que j’aimais et d’aller, qui sais ou.
J’ai aussi tenté de négocier, mais ils étaient quatre incorruptibles soldats normands.

Ils ne me laissèrent prévenir personne, bien que j’en pleurai des larmes amères et des larmes de colère, et toute sorte d’insulte, de cris et de coups.

On me dirigea vers la forêt, ou nous attendait des montures. Je n’eus même pas le droit de prendre avec moi Maître-Avec-Nom. Tout ce que j’ai gardé, c’est ce que j’avais dans ma sacoche et les poches, mes cailloux, mes chapeaux, mes cartes de tarot, et mon épée.

De là, on voyait toute la ville. Nid de Lucioles, abandonné. Et le Chicot Carié, que je pleurais en silence, larmes cachées par la nuit. Je m’arrêtai de marcher. Peut-être pitié, mais ils me laissèrent cet instant de pensées. Je levai un bras et fermai le poing.


MARLOWE’S, LA SUERTE AVEC NOUS !

On saisit mon épaule, je baissai le bras.

J’jure que je reviendrais… c’n’est pas ma faute. Bon vent.


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Trois jours après, nous frôlions la terre Normande.
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Je grandirais pas!
Gamin scandaleusement destructeur et rigolard. Tout l'honneur à son maître le fol funambule.
Gamin, yep... enfin... nan.








Blanche Morbaque

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Ca gueule, ça s'époumone, les paquetages se font, on remballe avec comme un air de fête aux préparatifs. Il était temps de bouger, les gaillards avaient des fourmis dans les guiboles. Sont pas faits pour prendre racines, ils s'emmerdent à en devenir aimables. A l'annonce, ils avaient failli oublier de râler, heureusement que les vieux sont là pour perpétuer les coutumes, on se serait presque fait chier sinon. J'ai balancé, aujourd'hui pour dans une semaine, ce qu'il faut pour se procurer le vital pour le voyage. L'intendance, toujours. Se ravitailler sur les routes ne me plait pas plus que ça, on trouve pas forcément ce dont on a besoin, puis c'est un coup à se faire prendre par l'urgence et devoir accepter n'importe quoi.

Deux gars restent sur le carreau, ils ont trouvé femmes, trois autres viennent de s'engager, chaque fois qu'on s'éternise trop quelque part c'est la même chanson. Ca convient à tout le monde, personne n'est obligé de rester, que des volontaires. Reste le coeur de la troupe, les vieux de la vieille, ceux qui sont là depuis trop longtemps pour envisager un ailleurs, nous.

On a passé du temps à se choisir un itinéraire, les cartes ont envahis nos journées, ça a rouspété un peu, pas trop, pour la forme, histoire de pas être complètement d'accord. Le Loupiot qui a un avis qui diffère systématiquement de celui du Druide et Tambouille, qui termine de se remettre, accolé à ses cannes, qui vise les coins où on peut dégoter les meilleurs marchés. Moi je tranche, je tente de faire dans le compromis, parfois j'impose, quand ils me fatiguent.

Les derniers feux s'éteignent, les canassons sont parés, ferrés de frais, les charrettes chargées, j'y mets un coup de voix, tout le monde colle son derche en selle. Dernier regard d'inspection, des fois que, un mot, on est parti. Je laisse la colonne défiler, le plaisir de contempler leurs gueules cassées arborant un air réjoui. C'est pas souvent, faut profiter du spectacle. Ils n'ont pas fait dix mètres que les plus aguerris se mettent en devoir d'enseigner à nos petits nouveaux l'art du voyage. Pour eux ça signifie quolibets et vieilles histoires ressassées. Sont pas méchants, les jeunes s'y feront. Il faut le voir pour le croire. Ces hommes qui dans la bataille égorgent sans un remord taquinent la bleusaille sans lui vouloir réellement de mal. Entrez dans leur famille et vous ne risquerez plus jamais rien.

J'ai laissé filer quelques secondes et un sourire à regarder le merdeux ferrailler avec sa maternelle et tourné bride. Allons, il faut les rejoindre.


Au revoir.

Pas mon truc les adieux, il y prendra ce qu'il veut. Soleil dans le dos, le cul des canassons en horizon, le cri d'une mouette pour oraison.



fanchenn
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A l'épaulement du raidillon elle s'arrête un instant.
Appuyée au long bâton qui lui est troisième jambe, elle reprend son souffle en observant le branle qui agite le campement mercenaire. Ce qui fut leur campement du moins, car tentes et mâts ont déjà disparu dans les sacs que l'on empile sur les chariots. Près de la "cuisine" les dernières gamelles ont été remballées, et l'imposant chaudron noir finit de refroidir avant d'être accroché à une ridelle. Bientôt le convoi laissera place nette dans les dernières lueurs du crépuscule, seuls resteront les rigoles d'écoulement et les sentiers tracés sur le terre-plein, qui eux-mêmes ne tarderont guère à s'effacer.

Elle reprend sa progression : là-haut Cordoba l'attend. Une à une les torches s'allument dans la ruine dont les murs lépreux retentissent, soir après soir, du tintement de leurs armes et du souffle court des bretteurs.
Ca vient. Pas vite, mais ça vient, et au fil du temps l'épée qui bat contre ses reins à chaque pas, de poids mort étranger devient présence familière, presque rassurante. Elle perçoit progressivement, au maniement de la lame, la souplesse vive qui la distingue de la raideur du bâton, et prend goût à sentir le métal vibrer, répondre et amplifier le mouvement qui, du bout des doigts ou d'une légère torsion de poignet, lui est impulsé. De bout en Bout, pas mal de similitudes au fond, question d'attention et de sensibilité : petit à petit l'arme prend vie entre ses mains, ne lui manquent maintenant plus que la force, l'agilité, l'endurance... toutes dispositions qui, avec l'âge, s'envolent. Peut-être pas irrémédiablement, c'est du moins ce que, soir après soir, son Fils s'emploie à reconstituer, ou compenser. Avec constance et obstination.
Fanch a toutefois déjà bien assez vécu pour nourrir d'illusions : leurs efforts conjugués, alliés à sa propre détermination, feront peut-être d'elle un jour une combattante honorable, certes pas davantage.
Mais n'est-ce pas si mal lorsqu'il s'agit de défendre sa ville, sa vie, ou le nom des Marloë ?

'Soir, mon Grand !
Alors, c'est aujourd'hui que je te donne la leçon ?


Un cheval erre au flanc du coteau. Dans la pénombre qui gagne, il lui paraît sellé. Encore un écervelé qui va devoir rentrer de taverne à pied, puis battre la campagne au réveil : ces jeunes...

Signe de la main en direction de la colonne de soudards qui s'éloignent : pas eux qui auraient laissé un canasson à la traîne : des reîtres ceux-là, pas des amateurs...

Tournant le dos à la colline, elle appuie au mur son bourdon, se déleste de sa cape et rajuste le baudrier. En travers du dos, c'est là qu'il l'encombre le moins, et l'épée se dégaine aisément. La lame émet un son clair au sortir de son fourreau.


Une chope la touche encaissée ?
Ce soir c'est toi qui me saouleras, Cordob'


Une moue goguenarde creuse une fossette à sa joue.
On verra bien...
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