Jugement Dernier (la fin d'Halleck)

Halleck Posté le: Jeu Déc 20, 2007 12:51 pm


Entouré des fidèles Aamon, Afanassi, Akzanss, Alvera, Antarkaiila, Hyste_ria, Jack le Fossoyeur, Lubas, Nesmeïana, Sanguin Arius, _Oroanca_ et bien d'autres, la masse opulente, entrelacement de muscles, rejoint le campement. A sa gauche se dresse l'increvable. Yarkoich, vétéran des soldats de l'ombre.

De la bouche du géant s'extirpe un fin filet de bave qui s'en va dévaler son menton. Un rictus illumine son visage. Quelques lambeaux de chair frétillent entre ses dents saillantes. Enlacée en sa main dextre, veuve de deux doigts perdus à Béziers, sommeille une hache tranchante. Quelques esclaves, cueillis à même leur Cour des Miracles, furent offerts à la Divine afin qu'elle les couve de son aile. Nestrecha, déesse de la mort. Puissance suprême. Omnipotente et omnisciente, les guidera durant cette campagne Guyennoise.

Le guerrier vient prendre place autour de la tablée. Il mande à ce que lui soit offert la tête de la barbaque éventrée. Délecte l'oreille, qu'il lacère d'un coup de canine adroit. Le cartilage cède et lui arrache un grondement jouissif.

Puis, d'un voix lourde, le voici qui se met à beugler :

Oui da, prenez place, mes frères. Odessa s'en est allée en repérage. Deux escouades surveillent les alentours. Offrons nous un peu de repos avant que ne débutent les réjouissances.

Que l'on fasse préparer les femelles. A chacun sa putain.

Levant un godet aux courbures gravées, il ajoute :

Que le Vin Noir des Larmes de Pal renforce notre Foi.

Na śmierć i życie !

Le musculeux de vider son verre d'une traite. D'un battement de sourcil, il intime à ce que lui soit livré un repose pied. Un esclave s'en vient s'agenouiller face à lui. Halleck de s'enfoncer dans son siège, avant d'abattre ses mollets sur le dos du merdeux.

Que le mystique s'avance, et expose la prophétie !

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Azazel Lupus Luxuriae Posté le: Mer Déc 26, 2007 3:16 am


Le destrier émerge des ténèbres, lisière en pénombre de torches. Une pesante maille le recouvre, ajustée, du poitrail à ses flancs, roulante, cliquetante, à ses moindres frémissements, couvert ainsi de métal noirci aux feux des sacrifice, massif, sculpté d'un bloc aux reflets des ombres, mue d'un signe imperceptible, il s'avance, vers le banquet, sabots frappant le sol, l'haleine glacial de Hull modelant à ses naseaux une épaisse buée fantomatique.

Son cavalier a la nonchalance des porteurs d'épée, la garde de son arme dépasse à son épaule sénestre, les mains, gantées de cuir noir, reposent sur le pommeau de la selle, il regarde Halleck, son visage découvert à la nuit, immobile.

Réponse silencieuse d'un Prince Démon, à un pacte ancestral, le liant, par delà les générations, à une noire déité, une alliance résistant à l'oubli, à l'érosion des mémoires humaines, il tombera dans le silence lors Nestrecha aura recueilli ses fidèles en son néant, mais sera honoré jusqu'au dernier.

Le choix du démon.

Azazel Lupus Luxuriae, Prince Démon de la Luxure, membre de l'Ordre des Encapuchonnés, frère parmi les Sept, incline la tête, une fois. Et traverse le campement, sans plus se préoccuper de quiconque, l'identité, le sort des individus l'indiffère, l'intention de leurs actes seule lui importe. La balance se brisera sous ses bottes.

Derrière lui, sur un chemin de traverse, il laisse sa compagne et son fils. Rien dans sa posture ne l'indique. Ici, il n'est pas leur. A l'écart, adossé à l'arbre d'Odin, laissant piaffer l'impatience d'Yggdrasil sans entraves, Azazel contemple les braises du foyer, enclos de pierres sèches, flammèches colorées de la mousse se tordant à la chaleur.

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Alvera Posté le: Mer Déc 26, 2007 11:44 pm


Partir, il a dit partir, alors, parce qu'il faut, elle a pris le cheval et a suivi. Loin, sur les chemins et à travers les villes, loin. Là-bas, où les chevaux les portent.

Elle n'est jamais longue à se préparer parce qu'elle n'a rien, mais elle suit, toujours, où il va. Un jour et un autre, deux fois, sa vie il a sauvée, elle est devenue son ombre. Derrière lui cachée, à sa vie attachée, il subit les marmonnements de réprobation sans connaître la peur de l'acier qu'elle porte. Jamais elle ne l'approche plus que nécessaire, jamais sur elle sa main ne se lève, leurs frontières réciproques sont connues, leur espace vital respecté. L'alliance s'est faite en dehors de lui, malgré lui peut être, mais la chose est établie. Où il va, elle ira. A l'orée de la conscience s'est gravée une notion qu'elle ne comprend pas mais qui depuis lors pèse sur ses actes.

A l'approche d'un bosquet, le vent transporte l'odeur de ses cauchemars, lui griffe les joues comme l'autre la maltraite. L'autre est là. Sur la selle, elle se tortille, contorsion incontrôlable, un filet de salive à ses lèvres, la peur.

il est là, le puant oui oui

toi pas aller, toi pas aller, toi pas non non

et frère avance encore

faut qu'il s'arrête oui oui

faut stopper là

frère repart oui oui

toi pas aller non non

Akzanss .. non ...

Mais il n'écoute pas et elle rentre la tête dans les épaules pour affronter ce qui doit l'être. Elle ne s'approchera pas, ne le regardera pas, peut être que si elle ferme les yeux, il ne la verra pas. Le puant ... Quand il démonte, elle imite, quand il va à la table avec les autres, elle imite, quand il s'assoie, elle se fait petite à ses côtés, taiseuse pour une fois, les mains agitées de spasmes, tiraillant et pinçant sa peau jusqu'au sang. Le puant ... Tous les autres ne sont rien à côté de la montagne qui obscurcit sa vie, elle pourrait les déchiqueter les uns après les autres, mais celui qui beugle ne peut pas mourir, elle le sait, l'acier une fois, déjà, l'a raté. Et toujours sa voix qui lui déchire les oreilles, jamais il ne sait se taire, le silence pour lui ne veut rien dire. Elle plaque ses mains à ses oreilles, disparaître, creuser en elle pour ne pas être là, seule solution à la promiscuité qu'on lui impose.Un balancement rythme la folie dans son esprit.

trop de monde oui oui

trop de monde

trop de monde

pas le voir non non

pas le voir

pas le voir
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Jack le Fossoyeur Posté le: Dim Déc 30, 2007 11:10 am


[Sur les routes, dans les bois]

Laissé à la traîne... A la bourre... Sale carne!

Les In Tenebris avaient quitté l'Antre quelques heures plus tôt. Il avait pris le cheval qu'on lui donnait et était monté dessus... Bons pour les seigneurs ces animaux-là... Il pensait qu'elle avancerait toute seule, c'était ce qu'elle avait fait les premières lieues, puis ralentissant de plus en plus.

Il avait fini par trouver le truc, frapper quand elle ralentit pour rattraper les autres. Mais au milieu du sentier boueux, sous de vieux chênes cachant le ciel, elle s'était arrêtée. Ne répondant plus aux coups de talons et de pelle sur la croupe, elle ne bougeait plus.

Tchak, tchak, tchak.

Silence, les coups de cognée s'interrompirent tandis que lui vociférait toujours à l'intention de sa monture. Un jeune homme blond, au torse épais, la cognée sur l'épaule apparut et ne put s'empêcher de rire du spectacle. Le Fossoyeur frappant son cheval sur la croupe avec sa pelle et vociférant dans le silence des bois. Il descend de la jument, celle-ci s'enfuit, la croupe ensanglantée par tous les coups reçus.

Il n'hésite pas, s'avance vers le jeune homme, qui descend sa hache de son épaule pour la prendre à deux mains, par précaution.

Tchak.

Le corps s'écroule à terre, la bêche plantée dans le vieux chêne, la tête du bûcheron reposant ridiculement sur celle-ci, répandant son sang le long du tronc tandis que le corps décapité gît à son pied.

Hu huh hoh ho... Ce jeu l'a toujours amusé, ces têtes ôtées d'un coup d'escoupe.

Il tire sur le manche, récupère sa bêche. Pok. La tête retombe sur le corps.

Tchak. Il coupe une main, de quoi se restaurer en chemin. Il s'abaisse pour ramasser son butin. Une cognée, il la passe dans sa ceinture, ça peut toujours servir... Une petite scie à main, voilà qui fera plaisir au Boris... Il ramasse la tête aussi, noue les cheveux à sa ceinture, une tête pour Hallek, c'est la règle, le tribu au chef.

Il repart sur la route, traînant sa bêche dans un raclement métallique. Il croque dans la main ramassée recrache un ongle et mâchonne... De quoi tenir jusqu'au camp. A quelques mètres, le cheval broute paisiblement un peu de mousse, comme si de rien n'était. L'occasion d'essayer les nouveaux jouets. Il jette la main dans les sous-bois.

Tchak. La moitié de la tête coupée d'un coup de hache, presque aussi efficace qu'à la pelle... Le cheval s'écroule, la tête à moitié tranchée se croquant bizarrement. Il achève de couper à la scie... Ca plaira vraiment à Boris, ce joujou... Il ramasse ses rennes et repart, traînant la tête du cheval derrière lui.

[Au cimetière]

Il arrive enfin en vue du camp, le Mystique vient de descendre de cheval et étripe un petit animal à fourrure. Il les rattrape, traînant derrière lui d'un côté une tête de cheval toujours bridée, de l'autre sa fidèle bêche. Juste à temps pour recevoir une gerbe de sang sur la gueule et hurler avec les autres.

Une fois que Nostraïm a fini, il retrouve Boris assis près du feu et lui dépose la petite scie à main sur les genoux.

Pour toi. Je l'ai essayé, ça va bien.

Il s'avance vers Halleck en s'inclinant.

B Tенебрис Halleck! Désolé pour le... retard. Problème avec le cheval. Gromèle-t-il en désignant la tête du cheval empoussiérée sur le sol derrière lui.

Il tire sur les cheveux du bûcheron, toujours noués à sa ceinture, pour retirer son trophée pour le chef. Il le pose sur les genoux de celui-ci.

Cadeau, un bellâtre rieur. Pas eu le temps de le faire souffrir... Dommage... Дерьмо !

Il s'incline à nouveau et retourne auprès du feu où il s'assied. Il n'a pas froid bien que faiblement vêtu. La solitude l'a rendu résistant comme une bête. Mais il veut contempler sa nouvelle acquisition à la lumière.

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Ce qui a été enterré peut être exhumé, Ce qui a été exhumé à nouveau servira,
Avant qu'un autre ne rencontre son trépas Et qu'à nouveau sous la terre soit oublié.

Nesmeïana Posté le: Dim Jan 06, 2008 11:42 pm


Sans ses hommes cette fois.
Juste elle et lui.

Juste Lubas et Nesmeïana comme dans la steppe durant les jours hivernaux si courts, la louve et le faucon, un couple aussi aiguisé qu’une lame finement affutée et mortellement tranchante. Il rabat, elle saute à la gorge de la proie… mécanique puissante que la machoire qui ne lache pas prise.

Halleck avait lancé l’appel et ils avaient suivi, comme toujours à l’aveuglette mais prêts à tout pour la gloire de la Déesse et la sauvegarde du colosse.

Les rôles avaient été dévolus et le destin énoncé par le Mystique. Un jeu sanglant amorcé et tout se mettait en place.
Elle avait regardé partir ceux de son clan sur l’ordre du bien aimé de Nestrecha.

Elle restait là, fourbissant sa lourde épée et veillant sur lui comme elle l’avait juré des milliers de lunes auparavant. La vierge garantissait la vie d’Halleck, mieux qu’une promesse, une raison de vivre, et Lubas veillait sur la sienne au mépris de sa vie même.

Je sens le sang Halleck … bientôt il coulera sous nos doigts…
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Lubas Posté le: Lun Jan 07, 2008 11:34 am


Il y a la fidélité des fourbes, des vassaux et des valets, qui transpire la trahison, l’intérêt et la rouerie.
Il y a la fidélité des faibles, des amants et des maris, qui s’étiole avec le temps, la concupiscence et l’ennui.
Il y a la fidélité des fiers, des amis et des égaux, qui éclate avec le mésententes, les malentendus et les rancunes.
Il y a la fidélité des fous, des servants et des esclaves, qui dure comme le roc. Forgée dans la soumission, dans l’absence d’ambition. Dans l’abnégation sans borne. Dans le déni de la liberté. Dans l’oubli de la peine et de la mort.

Rares sont les fous. Forts sont les fous, car ils ne faillissent jamais.

Sans doute, quelque part, Lubas était-il fou, car il était l’esclave de Nesmeïana comme nul autre jamais ne le serait : il était esclave de son plein gré. Il n’était qu’un outil, et il ne le savait. Il n’était pas en tant qu’être, mais en tant que bouclier, et il le savait. Il était Nesmeïana plus qu’il n’était Lubas, et il le savait.
Il le savait, et il le voulait.
Il n’en était pas fier, car la fierté est un sentiment de faibles.
Il n’aimait pas Nesmeïana, car l’amour est un sentiment de faibles.
Il n’admirait pas Nesmeïana, ne l’honorait pas de son amitié, ne la désirait pas.
Tous ces mots n’avaient aucun sens pour lui, car enfin…
… Il était Nesmeïana autant que le bras de la guerrière était elle-même.

Il la précédait en tout lieu comme l’ombre de celui qui marche avec le soleil dans le dos.

Ce jour encore, à ses côtés, « Sokol » se tenait, immobile et inexpressif, auprès de la signification même de son existence.
La vie de Nesmeïana était l’essence de Lubas comme le tranchant est celle d’une épée.
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Effraie la Dame Blanche Sam Jan 26, 2008 12:43 am


Chouette, chic ! Choc ? nan, bourrée.

Faudrait pas que ça devienne une habitude pour la chouette. Elle ne vole même plus droit. Zig Zag incessant, ivre. Ivre de liberté, parce qu’honnêtement, les cages, c’est pas une vie de chouette. Ses yeux roulaient à présent sur la branche. Elle observait son tortionnaire. Il avait l’air tranquille. Se poser délicatement sur l’avant avancer tel un pingouin sur la banquise.

Hou hou… (Bon tu me décroches ton courrier ?)

Tapoter des serres manquent de pelure ces animaux là, doivent toujours se vêtir de leur nourriture. Est-ce que les chouettes se vêtent de peau de souris ?

Hou hou… (oui le facteur sonne toujours deux fois)

Se nettoyer un peu le ramage, se lustrer les ramiges, attendre qu’il s’approche de sa patte et …

Clac ! (non mais Oh ! l’aller retour se paye)

Claquement de bec à lui bouffer les doigts, la chouette fait le voyage mais réclame paiement. S'il le faut, elle tapera dans le gras, doit bien en avoir.

La meute a écrit:

A mon loup, A son père.
Tu nous manques.
A lui par ses gestes, qu’il reproduit de ses souvenirs, il exhale tes silences et susurre des mots qui te ressemblent.
A lui par sa force, sa manière de m’entourer.
A lui, parce que chaque regard m’apparaît sa part de toi.
Il te dit monde.
Il te dit nous.
A moi, parce que le soleil se couche et se lève, sur un rythme monotone et monocorde, livré sans ivresse, sans autre heurt que ceux de la guerre qui couve. Une journée dans le sang et les larmes. Ta lettre m’as trouvée sur le fil, m’apportant soutien, chaleur, et vague de souvenir précis, vivant. Ou une caresse d’hier qui émeut l’aujourd'hui, qui appelle demain l’œil aguicheur.

Tu nous manques.

Ta meute impatiente.

Hou hou… (alors, tu m’lâches ?)

Alvera


Sur le parvis

Il a dit, un corbeau t'attend. Il faut suivre les vilains pour découvrir son nid, avoir l'occasion de contempler son ombre sur les pavés de la place. La jambe traînante et lourde à son corps, elle a tué le temps à suivre les contours d'une cathédrale dessinée sur le sol. Un faux nid, tout en inégalité caillouteuse.

L'oeil d'Akzanss ne l'a pas quittée, mouvements suivis au millimètre, la petite femme toute drapée de noir, pas plus lourde que le poids de ses os est sous haute surveillance. Elle sait, s'en fiche. Au signal, il crie son nom, l'arrachant à son jeu, la mauvaise humeur lui tire une exclamation de dépit, mais si il va, il faut lui emboîter le pas.

Avançant dans son dos, elle se fait invisible au monde, impossible de rivaliser en taille ou largeur avec son frère. L'acier froid rejoint ses doigts qui savourent la caresse. Elle jongle, une main, une autre, tap tap tap, chansonnette aux lèvres.

Le corbeau nous attend
tu lui mets tripes au vent
planter la lame acérée
jouera à l'faire beugler

Alvera plume les oiseaux oui oui
pour se faire un chapeau
pis avec leur peau
tu étouffes un agneau

non non

les agneaux ça se saigne oui oui
sinon pas bons non non

juste au cou couic
gros bouillons chaud couic

Les visions de barbaque rougie se font précises, le fumet monte à ses narines, l'imagination d'un rêve culinaire, combler cette faim qui jamais ne la quitte. Le frère prend de l'avance, il a allonge trop longue et trop rapide pour elle, la jambe s'active à tracter l'autre à sa suite, elle s'enlise dans ses songes de broche tournante, y prend goût, oublie le reste et le rêve s'envole, s'enfuit dans le choc qui la stoppe.

Un homme se tient devant elle, l'écu à la main prêt à en découdre, mais les faims d'Alvera se paient au prix fort, à celui de la haine du vol d'image, de ses doigts qui se crispent, de la salive qui emplit encore sa bouche à se déverser en filet à ses lèvres. Elle doit lever les yeux bien haut pour le regarder, celui ci ne chaparde pas que les repas en devenir, il lui faut aussi la lumière du soleil. Reniflement sonore, elle crache à ses pieds, s'avance pour récupérer ce qu'elle croit être à elle.

C'est lui le ver visqueux qui a le repas d'Alvera oui oui
lui le porc qui a mangé l'agneau oui oui
tu vas aller le chercher dans sa gorge
clac ! petit trou, voleur d'idée.

Azazel Lupus Luxuriae


Elle s'élance vers le ciel d'un bleu abstrait, élégante demoiselle aux formes fines, aguichant la cité en séduction gothique, jeune vierge attendant l'amant suprême, offrant ses formes délicates aux gorges nacrées de ses sculptures, épure aérienne ciselée aux roches tendres et blanches, caressant d'une main gantée d'acier et de cuir noir une chouette effraie assoupie, il admire le détail précis du rosace, éblouissant des sables d'orient portés à l'incandescence du verre chatoyant.

Les compagnons Angevins firent belle œuvre en leur temps, le portail, en trois arc-boutants tranchés d'un pilier retient son attention, sobriété évidente des nombres d'architecture, l'apogée des offrandes de l'esprit, le Prince Démon sourit, il y a là tant à comprendre, de ce dialogue entre la matière et l'ineffable, les constructions humaines ont un sens bien plus profond que la simple adoration à une quelconque divinité, et cela de toute époque, et ces insectes se contentent d'y prier, célébration absurde des sacrements dévoyés d'un éternel questionnement au mystère.

Le talon de ses bottes claquent sur le dallage du parvis, il ne prête guère attention aux combats alentour, les Ténèbres n'ont besoin de lui pour faire couler l'offrande du sang, Azazel Lupus Luxuriae se décale un peu, autant pour laisser place à un duel que pour mieux voir cette gargouille torturée, surgissant de la pierre en supplique infinie, son épée, au pommeau orné d'un couple de loups copulant repose encore en son fourreau, il ne la tire point pour si peu, et en son écu niche l'oiseau endormi, le blason à gueules, orné de sa devise, calé à sénestre.

Luxuriae domine

Leurs mots résonnent à la moindre parcelle de son souffle, son fils lui dit monde, son fils lui dis nous, et cela unit cet effort, tant de siècles, en recherche de compréhension, les secrets de l'univers, dévoilés à l'ouvrage issu des mains de l'imagination. Sa louve sur le fil de la guerre, autant dire cruellement navrée, il la connaît au moindre détail du plus caché de ses grains de beauté, chaque syllabe est gravé en sa mémoire, chaque hésitation de la plume, arrondie d'une lettre, les lectures successives n'ont fait que mettre le manque en exergue.

A nouveau, il porte son regard sur la bataille, non, toujours pas d'adversaire ou de situation nécessitant qu'il tire sa lame, rien à sa mesure, soupir infime, ses pas le portent vers le déambulatoire, avant la découverte de la nef, ainsi s'avance Azazel Lupus Luxuriae, Prince Démon de la Luxure, membre des Neuf Tentateurs lâchés sur terre, de l'Ordre des Encapuchonnés, à la découverte de l'édifice.

Alvera


Et l’astre contemple les champs de ruines grouillants sur lesquels s’évertuent à survivre les rats à la queue effilée, velue et rêche. Les pattes s’agitent désespérément, stériles, ils persistent à vouloir vivre.

Et dans le fracas des aciers, rampe la femme, insanité noire aux mots éructés, pourchassant de sa haine tout oscillement vital, elle abomine les satellites en orbite aléatoire autour d’elle. Centre de son monde, seule.

Et explosent les odeurs en couleurs criardes, spectre du rouge au putride. La désolation des sens, quand le regard dévoile les chairs disloquées, les membres abandonnés à une indépendance incongrue. Dans le tonnerre des clameurs se matérialise la souffrance, tangible douleur, mur dressé face à la conscience. Poisseuses sont les pierres du sang répandu, la folie atteint les sommets qui courtisent ses nerfs. Elle a tâché ses mains à leur sève en flaque pour s’en travestir le visage, sa bouche s’est faite réceptacle de salive et d’humeurs. La femme vomit des limaces de bave, les yeux roulant, le corps en spasme continu, vibration létale induite par une promiscuité qu’elle exècre.

Et claque le tissu contre ses jambes alors qu’elle chemine vers son cauchemar. Là-bas, passé les portes, décor d’une scène aux frontières de la réalité, se dresse le mont mortifère, amas mouvant de la déliquescence humaine. Elle se débat dans la masse pour s’extraire de leurs serres, aujourd’hui la peur devra se taire, les lames se feront foudres, le jour est enfin venu.

Effraie la Dame Blanche


En sommeil. Je suis un animal sauvage, je n’ai pas l’habitude de la proximité d’un deux pattes. Il a commencé par me menacer. Finalement, mes enfants se débrouillent, déjà.
Le temps file, Je ne suis pas une chouette du dernier vol. Eux si. Un regard d’adieux et les voilà partis.
Fallait il qu’Il me soigne juste quand j’étais abandonnée par ma propre chair, après tout ce que j’avais enduré pour qu’il ne les tue pas ?

Modifiée. De sauvage, on ne passe pas à apprivoisée d’un geste. Mais ne plus avoir besoin de chasser, commencer à manger dans la mains de l’homme, et vous finissez par vous retrouver dans un creux de bras, comme un enfant deux pattes, à dodeliner de la tête et à rouler des yeux, sans plus vous plaindre. Un envol de temps à autre, c’est pas cher payé pour une retraite assurée par la main de l’homme … Si ?

Les battements de cœur se modifient n’accélèrent que fort peu, et le bras invite au décollage. Mes ailes se déploient, s’étirent, je vole vers les anges de la verrière. Les humains se battent. L’un est au sol depuis à peine une minute, les mouches n’y ont pas goûté, il doit encore avoir la saveur du vif, réchauffé à température ambiante. Je le goûte. Il a le fluide épais. Meilleurs qu’un castor. Je tire sur la chair qui se décolle. Aisément. Mes serres s’occupent de récupérer bien précieux, vitreux, fixe.

Lui, il s’occupe d’un autre animal. Deux pattes aussi.
Mais.
Frontière d’incompréhension.
Pas tout a fait la même bête. Une femelle. Mais pas que ça. Comme si la nature avait changé sa perception du temps et de l’espace. Mais pas comme lui. Lui renifle le savoir des anciens.

Comme… Je ne me souviens plus.

Mes griffes bien enfoncées dans la pâle imitation de visage, je retourne ma tête, claque du bec.


Gâchis. Ça commence à être juste assez tiède pour que les mouches arrivent.
Dégoût. Je n’ai plus faim.
Décollage. J’aime le son froufroutant dans l’église à demi nue.

Direction, dehors.
Je vais en haut.
Mais je n’ai pas besoin de marches pour atteindre le ciel moi.

Clocher.
Plus haut encore. Je me pose sur les poutres et observe, clignant des yeux pour ajuster ma vue.

Halleck


Il se tenait dressé face à cet évêque dont la langue s'agitait tel le cul d'une putain. Ce discours, il le maîtrisait également pour le compte de ses Déesses. Mais il n'allait s'emporter dans un débat théologique. Une seule chose importait : séparer la tête du corps de l'évêque. Hors, sa posture et les coups de crosse ne lui facilitaient guère la vie. Il encaissa la douleur qui le submergeait de toute part. Se montrer fort, esquisser un sourire intimidant et dévoiler ses dents pourries à l'ennemi. Se déplacer latéralement de quelques pas vifs. Conserver son équilibre et attendre le moment... Le bon moment... Pour frapper !

L'autre de l'irriter derechef, lui assénant un second de spectre qui décuple sa rage. Le colosse pivote puis fond sur l'ennemi pour encastrer son front en le sien. L'autre vacille, recule puis se remet en garde. Halleck lit en lui la peur de la mort. Douce sensation qu'il repère en le regard de ceux qui lui font face. Quoi de plus légitime que de le craindre.

Troisième danse, nouveaux petits pas latéraux enchaînés avec soin. Épier, traquer la proie, s'élancer pour encaisser un coup de crosse. Rugir et cracher sa rage, se résigner à perdre son arme pour se frayer un chemin. Le bras du musculeux s'élève puis projette le dague en le buste de l'évêque. L'arme siffle pour finalement butter contre la maille du prélat. Un bleu qui mettra temps à disparaître.

Et, profitant de cette attaque déstabilisant l'adversaire, il se rue sur l'ennemi, hurlant un chant victorieux destiné à gonfler l'ardeur de se frères :

De nouveau, l'appel du rouge sang nous envahit,
Sortons de l'Antre, allons traquer ses maudits,
Des larmes scintilleront au fond de leurs yeux,
Et sécheront éclatant leur cœur contre un pieu !

Les lumières vont se dissoudre dans l'abîme,
Grandioses, afin qu' jamais ne perdurent nos crimes,
Le bain de sang s'étalera, tel un cauchemar,
Noiera les survivants dans cette vaste mare !

Alors, les membres de la confrérie s'en iront nager,
Trinquant à la mort sous une ronde lune argenté,
Dégustant les chaires offertes en beaux sacrifices,
Jouant parmi tout ces morceaux d'immondices !

Ces têtes décapitées aux effrayantes grimaces,
Qui montreront l'horreur sur leur vilaines faces,
Un grand fleuve de la souffrance va renaître,
Dont chacun à jamais se repaître !

Sus aux putains d'Aristote !

Gloire, gloire à la Sainte Mère Nestrecha !

Douleur, néant. Il s'effondre dans le sang. Fauché par ce trait venu d'il ne sait ou. Entre ses deux yeux pénètre la flèche. Déjà, il s'effondre sur l'évêque, pour moitié inconscient. Un râle interminable gronde d'entre ses dents. Il repense, un instant, à son enfance passée en la Cour. Feu son Père Lycius qu'il s'en ira rejoindre. Ses frères, qui toujours l'ont soutenu. Les putains, les bordels, les chastes femelles, culbutées, étripées, pour pas même un denier. Les fesses de Mara, la poitrine opulente de Mebd, dont il a délicatement accroché la tête en la lugubre Pochée. L’amour de la haine.

La campagne Biterroise, qui demeurera toujours son meilleur souvenir. Les duels... Le goût de se battre, d'animer sa hache. Le lieutenant Mendois.

Cette fois, les hérétiques l'emportent. Mais au pied de chaque foyer. A la cime de toute cheminée. En tout lieu, séviront les IT.

Ainsi s'éteint une vieille brute. Affalé dans le sang, au pied d'un clocher. Un dernier pet, tonitruant, s'élève des entrailles du mécréant. Sonne le glas, s'épousent les paupières.

La fin d'une ère.
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Mort au combat !

Né à la cour, Voué à la cour !

akzanss


Qu'est-ce qui te prend, crétin ?

Maudissant sa propre niaiserie, Akz aspire une goulée d'air et menace de son poignard le flanc du ravisseur.
Une flamme, plus démente encore qu'à l'ordinaire si c'était possible, brûle dans les prunelles toutes proches d'Alvera.
Elle se débat, balafre et lacère, frappe, sinue, tantôt hydre furieuse aux membres tortueux et tantôt griffon courroucé labourant ce qui lui tombe sous les serres.

Azazel ! Rat puant ! Tu dois pas toucher !

La voix discordante surgit du fond des entrailles de la follette, saute du mugissement sourd à l'éclat suraigu.
Il s'écarte afin d'échapper tant aux coups qu'au hurlement qui lui déchire les tympans.
Mais son bras, inconsidérément lancé au devant de l'homme noir, est déjà bloqué, et alors même que sa lame rencontre le côté de l'inconnu, le voilà propulsé, impuissant, dans la muraille contre laquelle l'autre l'oppresse. Ses côtes déjà malmenées lors du précédent combat cèdent à cette poussée brutale, une douleur vrille sa poitrine. Une écume sanguinolente monte à sa gorge et l'étouffe.
Une voix inconnue sonne à ses oreilles :

Un giton pressé

En d'autres circonstances il en eût ri.
Mais pour l'heure un spasme parcourt douloureusement sa poitrine, un rictus étire sa bouche, un voile obscurcit sa vue alors qu'il glisse le long du mur et s'effondre sur les marches.

Un giton pressé...

Une botte noire s'envole vers les marches supérieures, claquement de semelles qui s'éloignent, les vociférations de la frangine se perdent dans les lointains.
Il sombre.