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 loukoums et citrons verts

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MessageSujet: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeMer 12 Déc - 3:21

Marlowe's Posté le: Sam 08 Déc 2007 06:19
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Deuxième bataillon Penthièvriole, aux abords de la sept mille cinq cent trente quatrième gouttes de pluie, face à Laval.

Le frisson est là. Meurtrissant l'échine. Une éclaircie nocturne fait scintiller aux étoiles perles d'orage sur armures. L'assaut est proche, adossé au poitrail de sa cavale, Marlowe's frotte avec application sa dernière pomme, contre le cuir usé de ses braies, la fait rouler sur sa paume, torsion du poignet, équilibre sur le dos de la main, roule entre les jointures, infime mouvement d'épaule, s'envole, revient se nicher entre ligne de vie et de cœur, repart, tempo s'accélérant, son regard quitte le fruit, se porte vers les remparts, presque invisibles, jonglerie fluide, quelques pas foulant les graminées humides, l'api rouge virevolte, attaque à la lueur des torches en perspective, le sang prendra teinte brune, aura-t-il le temps de distinguer le sien, il s'en moque, lancé haut, apogée d'une pomme tournoyante, pile ou face, tranche, d'acier et de chair, son bras se dresse, cueille la fortune ronde, poing serré, il ne la croquera pas ce soir, elle rafraichira sa bouche au matin, ou fera le bonheur d'un détrousseur de cadavre.

Volte rapide, talons s'arrachant à la boue, se juche d'un bond sur Sans Nom, à peine un frémissement, la monture mâchouille un reste de fourrage, proche, Aphélie et Magic se chuchotent des mots n'appartenant qu'a eux, discrets, pourtant présents, confiance absolue pour assurer ses flancs, des ombres piaffantes les entourent, la cavalerie est prête, les bretons assurent lignes d'arbalétriers et pesants fantassins, les angevins ont charges des murailles, eux, seront partout, Lucioles tourbillonnantes, couvrant éventuelles sorties, cherchant la brèche, mobilité et rapidité en sauvegardes.

Même pas un pourpoint en daim cette fois, le marlou est en simple chemise, lacets défaits, spadassin des venelles se riant de la ferraille des chevaliers, si la Camarde le veut, elle le trouvera léger et désinvolte, danseur aérien d'une valse mortelle, acérée, sans regrets pour l'alourdir, une pensée pour des compagnons ayant préféré les tavernes de Mayenne aux murailles de Laval, aucun jugement porté, fut un temps, il aurait agi de même, le funambule a changé, assumant ses choix sans remords, sans faux semblants, à se foutre du regard d'autrui, le rire d'un Coucou en son castel en ruines, une princesse s'offrant sur un arbre, le soutien jamais remis en cause d'une nièce, une conversation, si anodine d'apparences, dans les cuisines de la Suerte, n'y sont pas étrangers.

Murmure rieur destiné au couple repoussant les limites du bécotements cavaliers.


Vous connaissez la différence entre un lit et un licorneux ?

Une clameur monte des troupes assemblées, tintements des épées sur boucliers, son strident des premiers traits perçant l'obscurité.

On enlève ses bottes pour sauter sur un lit.

Marlowe's se penche, arrache une herbe folle, se la cale aux coins des lèvres, au coin du sourire, l'heure est au carnage. Pour tous.

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Blanche Morbaque Posté le: Dim 09 Déc 2007 16:06
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Nous, juste derrière le dos du p'tit con avec un air des bons jours.


On a tourné bride sans discuter plus avant. Y'a des couillons qu'il faut savoir abandonner à leur sort. On nous avait promis paiement, il était jamais arrivé, si la thune venait pas à nous, on irait à elle. Pas compliqué de tracer la route, suffit de suivre les rumeurs et les mines renfrognées du paysan local. Plus ça fait la gueule, plus on est près du but. La petite gens n'aime pas les hommes de guerre, sûr que c'est pas nous qui allions leur reprocher.

L'intendance suit, l'Tambouille calé dans sa chariotte, un gars monopolisé à faire bouger les canassons. Emmerdant, pas grave, mais emmerdant. Foutue pluie, deux jours qu'elle nous a pas lâché. Au début c'est rafraichissant, au bout de deux heures ça devient humidifiant, le matin du deuxième jour on frôle la déprime. Ca m'a pas allégé l'humeur.

Les gars qui se cherchent des noises pour faire passer le temps forment le fond sonore. Ca s'asticote à grand renfort de noms d'oiseaux et autre fleurs de champs. Autant qu'ils s'occupent, ça aide à avancer. J'me demande de quoi on peut avoir l'air, troupe hétéroclite à tronches de gueux ayant pas vu un baquet d'eau chaude depuis des lunes, tout en cuir et en armes.

Les murs de la ville se dessinent sur notre horizon, ça arrache quelques soupirs de soulagement dans mon dos. Pas mécontente de suivre la route labourée par les troupes montées qui sont passées avant nous. On y clapote façon mare aux canards, mais au moins nous voilà sur la dernière ligne droite avant impact.

Quel populo .... on a beau avoir trainé ses guêtres sur un nombre trop grand de batailles, un tel rassemblement d'hommes tous là dans le seul but de s'entretuer sur ordre, ça vous colle des frissons. Imaginer un instant à quoi on peut pousser l'humanité. Un mot, tue, y'aura toujours un imbécile pour le faire.

Debout sur les étriers, à repérer au loin un étendard qui flotte. C'est Bel Oeil qui pousse le premier la gueulante de découverte. Ouep, allons. Coup de talon, tranquille, on force pas l'allure. Même les ch'vaux en ont ras le chanfrein. On traverse tout l'bordel organisé des campement sans être inquiétés plus que ça. Sont pépères dans le coin ....

Arrivée parfaitement synchronisée. Il blague en plus. Même de dos, y'a pas à se tromper, un margoulin pareil, ça s'oublie difficilement. Il a la mèche humide et la chemise façon classieux m'as tu vu. Cheval stoppé juste à côté du sien, tout occupé qu'il est à faire le mariole, épée lentement dégainée qui vient lui chatouiller le cou, sourire dans la voix.


Tu connais la différence entre un bon payeur et toi ?

Les gars se rapprochent, silencieux mais précisément là.

Lui peut encore chier par ses voies naturelles.
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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeMer 12 Déc - 18:59

Marlowe's Posté le: Mer Déc 12, 2007 3:48 am
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Cavaliers sous un ciel d'orage

Pris à la gorge d'une mauvaise lame, jongler avec une pomme d'adam se révèle un exercice périlleux, soit une corporation de barbiers a décidé d'étrenner une nouvelle forme de services, pratique taquinant les limites de l'outrage moderne, soit le marlou a, encore, laissé flancher sa mémoire en gaudrioles diverses, déglutissement en où est passé cette foutue salive, l'était là y'a pas deux secondes pourtant, il bat le rappel de ses souvenirs, façon ralliez-vous à mon panache les gars, ou sa blancheur immaculée va subir les derniers outrages.

Nous nous connaissons donc...

Forcément. Difficile d'oublier des trognes pareilles, déjà, l'élégance de la meneuse pose un peu le sujet, pas le genre à s'exclamer "désolé, erreur sur la personne" après avoir occis, elle égorge, sans erreur. Bien pour cela qu'il les a embauchés... Ah voilà, le raccord est fait, il les a engagés, pour s'occuper d'une broutille d'arrière garde, la compagnie... Mhm, le nom lui revient pas, peu importe, Evidence devait solder les comptes, le truisme est un échec.

Soupir, deux doigts écartent à peine l'épée.


Permettez...

Marlowe's chope une bourse dans ses fontes, enfer, c'est la rebondie, tant pis.

Voilà, payez-vous. Prime de déplacement en sus.

Inutile de s'informer, leur présence certifie l'expédition du labeur. Légère volte de sa cavale, le livide se cale face à Blanche.

Mauvais coucheur souvent, pauvre payeur jamais. Je viens de constater une étrangeté dans ma vie, les soucis m'apprécient, sous formes avariées souvent, revenez me trouver une fois les écus calanchés. Je vous embauche. Du moins si le larron vous sied. Sangre y furia.

Brève inclinaison de tête, frisson léger à la nuque, sans rapport avec le combat s'annonçant, vision fugitive d'une chevelure blanche éparpillée sur une cape de cuir, dans la pénombre d'une tente, resserrant ses cuisses aux flancs de Sans Nom, il s'enfonce dans la nuit.

Ses bottes sont faites pour chevaucher

Pas vraiment une guerre, non, une escarmouche campagnarde, une façon de vérifier la réactivité des domaines royaux, lente et pesante à vue de rapière, puis, surtout, les Lucioles sont rarement là où on les attend. Pour profiter de leurs rires, il est bon d'avoir l'œil partout.

Trois jours d'assauts. La tronche d'Aphélie se passe de commentaires, un souci, lourd, Magic étant là et entier, forcément la famille, Vendôme. Bien, de toute façon, il est l'heure de s'esquiver, le jeu est amusant, mais n'incite point à abuser. Et si certains tirent gloriole à massacrer du paysan défendant les propriétés de son seigneur, Marlowe's préfère affronter gens de cuirs et d'acier, sans aller jusqu'à s'amuser d'une partie de cache cache, les porteurs d'épées sont souvent forts en gueule en ce Royaume...

Une aube pas plus grise ni plus pluvieuse qu'une autre les voit donc partir, un brin boueux, le Maine ne sera bientôt qu'une lointaine réminiscence, à l'exception de quelques fragrances de pins, et d'une ou deux plaisanteries. La farce, pourtant, n'en est qu'aux prémices.


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Blanche Morbaque Posté le: Mer 12 Déc 2007 17:20
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Ca va aller, sus la rage

Le sourire obstinément accroché aux lèvres, si on s'connait, difficile de penser que j'aurais fait le déplacement avec toute la troupe pour un bel inconnu. Pas dit que le romantisme façon prince charmant dégoulinant de flotte, chemise mouillée, soit mon quotidien. Allez allonge et réfléchis pas, ça te vaut rien.

Epée rengainée, ça sert pas à grand chose de jouer les gros bras quand on a déjà vingt gaillards prêts à bouffer de l'employeur au petit déjeuner. Un geste d'une main gantée en invitation. Je permets petit. Récupération d'une bourse qu'on va faire dégorger sans façon. Caresse d'une main sûre qui l'amène déjà à se délier, s'offrir, toute liquidité évidente. Allons, cela suffirait à dédommager la peine qu'on s'était donnée. Vrai que c'est pas notre genre d'avoir à galoper après le commanditaire.


Que ça devienne pas une habitude, j'aime pas avoir à venir réclamer.

Paiement empoché, futur emploi zieuté du coin de l'œil. Si les emmerdements te courent après, t'auras l'avantage d'avoir un physique de coffre fort et l'inconvénient de nous embarquer dans ta mouise à ta suite. Mais la réponse qu'elle a déjà faite vaut contrat d'engagement.

Doigts refermés sur les rênes pour retenir le canasson qui suivrait bien son camarade quadrupède. Epuisé, mais prêt à se jeter dans la mêlée comme un imbécile pour retrouver la fébrilité de se frotter aux autres. Un instant occupé à le regarder s'enfoncer dans la masse, la désinvolture dangereuse pour qui la prendrait pour certitude.

Déplacement du poids du corps, demi tour, on n'était pas rémunéré pour ça. A chaque écu suffit sa charge.


On dégage, quartier d'hiver.

Avant la nuit tombée, on s'est dégoté un p'tit coin tranquille, loin des fureurs de leur semblant de guerre. Une bouffarde en coin de lèvres, la botte calée contre une caillasse hospitalière, j'en profite pour rattraper le retard dans mes écrits. A laisser filer le temps, la mémoire se fait capricieuse, les souvenirs menteurs, être à jour est gage de réalisme. Le repas du soir s'est apparenté à ce qui ressemble le plus à un festin mais j'ai pas voulu les laisser trainer en ville, ils m'auraient claqué la fortune avant que j'ai le temps de gueuler on rentre. Craquage de cervicales, tu rajeunis pas Blanche, il faudra songer à passer la main. Oui ... il va falloir se décider à partir. Tambouille s'en sort pas si mal, le Druide a encore bien réussi son coup. L'est pas sorcier pour deux sous mais il en a sorti de situations si limites qu'on a fini par croire qu'il était plus puissant que la mort. Ca rassure. Allez, la nuit même a mal au dos vu son grand âge, soufflage du bout de chandelle, les yeux dans les étoiles, bonne nuit camarades.
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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 15 Déc - 0:40

Blanche Morbaque Posté le: Ven 14 Déc 2007 04:28
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[Retour des troupes lucioliques and co, dur à Laval, hé !]

Encore un bout de cire à mèche pour éclairer le tracé de mes lignes. Notre histoire se doit d'être rapportée simplement parce que ça donne une raison à nos vies, un genre de justification. Ca fait du poids à trimbaler dans les fontes, mais une vie, ça pèse.

Remontée touristique, petite balade en traversée de bleds. Quatre jours de marche pas trop forcée. Un objectif à atteindre mais personne aux fesses pour accélérer le rythme. On s'est joint à la troupe quand il leur a paru évident qu'ils feraient mieux de r'tourner dans leurs pénates plutôt que de tenter le bourgeonnement sous les trombes de flottes que le ciel a bien voulu leur déverser sur la tronche. M'ont bien faite marrer quand on les a récupérés. Des guerriers, vouais, tendance bain de boue. Tiens même le rigolo à créance avait la mine moins fraiche.

On s'est pas tellement mélangé. Trop l'habitude de rester enfermés sur nous même j'suppose. Vase clos à ciel ouvert. On a notre routine, nos schémas de fonctionnement. Une troupe, ça finit par tourner à la famille. Toujours les mêmes à se tirer des chiquenaudes, toujours les mêmes sujets qui font monter la sauce, chaque fois les mêmes engueulades et au final, retour aux cartes et au calme. Y'a des accointances, pas des préférences, un compagnon de route est égal à l'autre, non plutôt des liens qui se créent, des sensibilités qui se trouvent. Sensibilités, quand on voit nos tronches on pourrait dire que le mot est à se tordre de rire. Ben faudrait pas. Sûr qu'ils ont pas l'âme poétique, moi non plus, mais ils ont le sens de l'amitié, l'atome crochu de la camaraderie, la vraie rigueur de l'entraide. C'est plus que le moitié des hommes sur cette terre.

Ce sont quand même pas trop plains mes gaillards de la promiscuité avec les autres. Jamais on a dormi aussi souvent au chaud et dans des lits. Nous voilà repus, reposés et propres. Trois choses qui se faisaient rares ces derniers temps. Du coup, on a eu la grande surprise de retrouver les boutons purulents sur la face de La Couture. Peut être pas la peine que j'explique pourquoi on l'appelle comme ça .... Jusque là, la crasse nous voilait le spectacle. Dommage. Moi j'ai retrouvé le plaisir d'être à cheval. Parce que ces derniers temps, les crevasses au creux des cuisses me filaient plus des envies d'hurler rien qu'à l'idée d'une selle, voire des visions de canasson à la broche, plutôt que le goût d'une promenade en sous bois. Quel enfer, tous les soirs rêver qu'on puisse se baigner complètement dans une eau propre est chaude, prendre soin de son corps fatigué de la journée, détendre la peau usée de trop de frottements. Il était temps qu'on trouve du savon. Les repas complets ont fini le travail de retape.

Nous voilà à bon port ou presque. Retour au point de départ pour nous. Mais ici ou ailleurs, les chemins sont notre domaine. Etrange compagnie qu'on parasite là. Y'a de tout dans leur foutoir. Des mômes, des amoureux qui s'bécotent, des nibards en veux tu en voilà, quelques couillons aussi. Ca me laisse pensive. Je juge pas, je constate. Un conglomérat d'humanité qui a trouvé à se cristalliser autour d'un nom. Les Lucioles, vouais, pourquoi pas. C'est mignon une luciole, pis pratique, ça éclaire la nuit. Ca a arraché quelques sourires aux gars ça. J'peux pas leur en vouloir, mais autant qu'ils la ferment à ce sujet. On sait qui paie, on a un engagement à respecter. Faudrait pas se fâcher pour ça. Parlant de payeur, où il est passé celui là ? J'aimerai assez connaître notre point de chute pour la nuit.



Marlowe's"
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Le retour des douze et la sale eau part...

Le temps du voyage, étapes courtes, par des chemins connus d'eux seuls, passé les deux premières journées, il cessa de surveiller leurs arrières, nuls ordre royal lancé à leur poursuite, nul éclaireur d'armée remontant la piste du groupe, la sortie du guêpier se fit en douceur, et Marlowe's commença de s'inquiéter des retombées résiduelles à la chevauchée mainoise, l'avantage de fréquenter le coucou, peu d'instants de répits, l'obligation d'essayer d'avoir, au minimum, une manœuvre d'avance sur les mouvements adverses, et des plans de replis, d'esquives, une tactique en permanente évolution, les journées passèrent en cogitations bercées du pas de sa cavale, les soirées à interroger méticuleusement Elderlyne, d'abord, sur le moindre détail des rencontres, sur les bribes d'informations récoltées en taverne, les conversations de marché, puis tout les autres, avec une minutie frôlant l'agacement, profitant des haltes citadines, à épuiser les relais de pigeons, à nouer des fils ténus, recoupant les contacts, tandis que les lucioles s'amusaient avec les cours locaux des marchandises, une compagnie franche et un marlou ont en commun de tirer partie à la moindre occasion, peu à peu, un plan d'ensemble ramena les fines rides de son sourire, la trame des possibles s'enrichissant d'insignifiantes béatilles mouvantes et factieuses, comprendre le cheminement de sa pensée, c'est accroire sa préférence pour la diagonale du fou et la marche lente des pions sur l'échiquier, protégeant les pièces maîtresses.

Le temps du voyage, de la réflexion, de l'observation, Blanche les a rejoints au sortir de Mayenne, sa compagnie l'entourant sans un mot, le contrat est tacite, il les a laissé prendre leurs marques, l'accord solide, or et parole des gens de cuirs, point besoin de plus, intrigante pourtant, goûtant le confort, précieux, de l'eau chaude et du ragout mijoté, précieux oui, un routier comprends cela, la valeur d'un abri contre le froid et d'une couche reposant les muscles, aux abords de Tours, il a conduit Sans Nom bottes à bottes, buées froides d'une conversation en sourdine.


Aux contreforts de Vendôme, vous trouverez une tour écroulée, voilà vos quartiers. Des travaux de reconstructions s'y feront à la fin des grandes froidures, d'ici là, nous nous accommoderons. Tachez de vous reposez, je gage que les jours à venir seront bien embesognés, si il vous manque de l'équipement, dressez une liste, il faudra sans doute aménager une forge de fortune, pour le fer des montures, dans un premier temps...

Regard en coin vers la cavalière, curieux de connaitre son histoire, plus tard peut-être, à l'occasion d'une veillée, et toujours ce tressaillement de l'échine lors elle plante son regard dans le sien. Etrange. Au détour du sentier de forêt, une clairière à bucherons se découvre, près d'un feu crépitant, une silhouette connue se dresse, attitude mêlant contemplation et et songeries soucieuses, le Campéador a eu écho de leur arrivée.

Avec un soupir indiquant les courbatures, Marlowe's démonte, les voilà de retour, dans la sécurité relative de la Touraine, il espère que Calembredaine acceptera sa proposition, une autre raison de rebâtir le Chicot Carié, si sa mère commence à vouloir passer le balais dans les gravats, quoique, pas souvenir de l'avoir déjà vue avec un tel engin dans les mains.

Il chope une gourde de vin, pas du bourgogne, mais l'anjou se laisse boire, longue goulée, sourire, tends la boisson au Don, va s'affaler près des flammes.


Ah, fait du bien, j'refous plus les pieds dans le domaine royal avant mon septième mariage mordiable.

Avec un peu de chance, cela lui laisse une période s'étendant au delà de sa mort.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 17:51

Blanche Morbaque
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Un demi ? Blanche ou brune ?

Ca ira.

Le confort, on se le crée, on l'invente s'il le faut. L'intendance est prévue pour ça. Qu'on nous laisse un arpent de terre pas trop engorgée, on en fait émerger de quoi passer l'hiver au chaud. Ou pas loin. Les gars sont de vrais magiciens de la construction éphémère. Ils ont le clous pratique, la cheville précise. Ca fait un sacré bordel à traîner à notre suite, mais assure la survie.

Tiens, le retour était attendu. Y'a un valeureux qui a pensé à préparer la chaleur. Après l'humidité collante du bois, sûr que personne va pisser sur les flammes. La troupe lui défile sous le nez en grognements pour simple salut. Pas loquaces les zouaves.


Bonsoir.

Clairière plane, ou peu s'en faut, herbe rase de début d'hiver, juste de quoi taquiner l'estomac réclamant des bestioles. Va falloir se préoccuper du fourrage avant même que de la forge. Nourrir toute la troupe, chevaux compris, demande une attention particulière. Quand on en a l'occasion, quand le patron se fait rare, il nous arrive de nous poser une saison entière, à cultiver trois bricoles histoire d'avoir nos propres réserves. Vu le larron qu'on venait de se débusquer, fallait pas compter là-dessus.

Inspection du matériel, faudra monter le campement à l'arrivée. Fissa.

Ca roumègue dans les rangs. Le Loupiot, celui la c'est le doyen, voyez l'genre d'humour, se ramène, discussion serrée. Il avait cru comprendre qu'on aurait droit à l'hébergement façon grands seigneurs. Un toit sur la tête, les doigts d'pieds en éventail. Un instant, il s'était permis de rêver. Tu penses, à nous trimballer d'auberges en baraques à louer, ils se sont pris à espérer la vie de château. Il passe son temps en jérémiades le vieux, l'arthrite qui le travaille. Faudrait qu'il prenne sa retraite, mais la compagnie c'est sa vie. C'est pas moi qui le foutrait à la rue.

T'as cru qu'on aurait des serviteurs aussi ?

Ironie, moment de détente pendant qu'autour; tous les autres s'activent à déballer tentes et autres matériels pour aller chercher la couffe à réparer. S'agit pas d'avoir à faire ça dans la nuit.

Et pourquoi pas, j'aurais pas craché d'sus. On mérite, on fait l'boulot et comme il faut. Tu sais plus négocier les contrats ...

Réjouis toi, tu vas effectivement conserver ta salive, tu cracheras sur personne. Et pour les négociations, ben te voilà tout désigné pour t'occuper des courses. Tambouille est pas encore sur pieds, c'est pour ta pomme.

Grognement de dépit, il tourne les talons sans rien ajouter. Ca fait plaisir à personne d'être de corvée de ravitaillement. Si on a le malheur d'oublier quoi que ce soit, c'est toute la troupe qui vous tombe sur le coin de la tronche, gueules ouvertes. Un coup à se faire poursuivre de quolibets toute une semaine. Lui on l'épargne en général, il vit un calvaire à se trimballer sur un chariot cahotant, son cheval fait moins de remous. Il la fermera la prochaine fois.

Tambouille justement, c'est le moment de s'inquiéter de son état. Dans sa charrette hôpital, le Druide a bonne figure, il est content de lui et de son patient. Ca déconne tranquillement. Il annonce, un mois de repos, un de plus pour réapprendre à marcher, quelques séquelles peut être, rien d'handicapant. Un mois ... on n'a pas fini de s'avaler des marmites dégueulasses. A par lui, personne n'est un champion des fourneaux. On fera avec.

Je m'fais ma part de boulot, pas de raison que j'y échappe. Personne n'est au service de personne ici et tous à l'attention de l'ensemble. Moment mis à profit pour causer avec chacun, constater comment ils se portent, si le moral va, les mettre au courant de ce qui nous attend. On y va d'un commentaire ou d'un simple hochement de tête. Pas de refus catégorique, la chose est entendue.

Aller, ça va bien pour aujourd'hui, on termine de s'occuper des chevaux et quartier libre pour tout le monde. L'enclos est vite torché. On a un canasson un peu joueur, tendance escapade nocturne. Y'en a marre de passer son temps à lui courir aux trousses, il nous a appris la prudence. J'les laisse faire, pas besoin de moi pour ça, direction l'incendie de bienvenue.

L'hôte a quitté la place, besoin d'espace peut être, pas mes oignons. Accroupie devant les flammes, sur la pointe des pieds, ça détend les cuisses et étire les mollets, un régal, coudes posés sur les genoux, un bout de viande séchée en main. Ca creuse la route. Regard posé sur la lumière qui joue à cache cache avec le minois de l'employeur.


Va nous falloir de la graisse. On a subi trop de flotte, j'vais me flinguer les harnachements si on s'y prend pas rapidement. Vous avez ça dans votre bled j'suppose.

Tape dans l'porc d'un coup de dent précis, c'est pas que ce soit un délice, mais ça met du plomb au ventre.

Faudrait qu'on cause un peu sérieusement de nos obligations respectives.

J'ouvre la discussion et je laisse venir. Tranquillement, pas la peine de s'affoler et de secouer l'prunier. Contrairement à ce qu'on croit, c'est pas toujours celui qui commence qui damera le pion à l'autre.



Marlowe's
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Une des deux clairières, non, pas celle là, l'autre, suivez un peu quoi...

Il y a des vérités immuables, faire tomber la pluie est, par exemple, assez simple, il suffit d'un hérétique et d'un bucher, faut pas s'étonner après du nombre de dimanche noyé sous la flotte en période d'obscurantisme, les froidures de l'hiver influant sur les natalités estivales, par contre, n'est que pure mauvaise foi, le gel a bon dos, et les doubles rideaux une invention pas si récente, à l'inverse, c'est toujours aux pieds des remparts, lors l'huile bouillante gicle à flot, quand ça frite sévère, qu'on perd la patate, le principe d'attirance universel d'un minuscule feu, paumé, solitaire, en pleine cambrousse, tient un peu de ce constant postulat, d'où est tiré le théorème du marlou, si c'est humide, plonge, ça évite de se mouiller.

En d'autres termes, pour être peinard, ne pas s'arrêter.

Tandis que le coin se transforme vaguement en foire ducale, armée passant à dextre, Campéador disparaissant à senestre, revenant coté arbres, frangine surgissant des bosquets, tentes se dressant un peu partout, agitées de grognements râleurs, chevaux baguenaudant, Sans Nom se gratouillant l'échine à une guitoune, effondrement en découlant, jurons inventifs, possibilités évoquées d'un ragout de cheval, air angélique de sa cavale, voyageur esseulé fournissant le picrate la mine un peu perdue, Marlowe's mâchonne un brin d'herbe, allongé sur le ventre, menton aux creux des paumes, regard tourné vers Blanche, vue en contre plongée loin d'être désagréable.


Ah... Sérieusement donc... Voyons. Je vous paye, fournis la graille, le logis, l'équipement, vous assurez ma sécurité, celle des miens, et la réussite de mes projets. Pas nécessairement dans cet ordre.

Grand sourire rieur, à la limite de l'innocence provocatrice, se tourne un peu vers Hugues.

Salut à toi compadre, cale tes miches, sers toi, et raconte ce qui te fais plaisir, c'est du bourgogne ta vinasse ?

Retour à la mercenaire, le brin d'herbe joue sur ses lèvres.

Du velours non ? Butin en prime, cela va sans dire...

Il roule sur le flanc, les étoiles se baladent à leur convenance, brève ombre sur son visage, il n'a que sa chance insolente, Marlowe's en est bien conscient, et après, il aura vécu...

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 17:55

Blanche Morbaque
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Un des deux feu de camp, non, pas celui là, l'autre, suivez un peu quoi...


Il va me falloir confesser ici qu’un moment j’ai trouvé l’homme assez drôle. Juste le temps qu’il m’a fallu pour appréhender l’idée qu’il ne faisait aucunement preuve d’humour en la circonstance. Avec ses airs de chat se prélassant au feu, il débitait des âneries plus grosses que lui avec la plus parfaite désinvolture. Trop d’assurance dans les yeux, bien trop de certitudes de môme gâté.

Je ressemble à la fée clochette ? T’as vraiment l’impression que mes gars montent en charge bonnets rouges vissés sur le crâne et poussant des how how how festifs ?

J’ai pas monté la voix d’un cran, pas besoin, elle a pris toute seule cette sourdine qui dénote les énervements poussés. J’avais du perdre l’habitude qu’on me prenne pour une conne. A moins que ce ne soit lui qui plane à mille pieds au dessus de la réalité. Si jamais le mot réalité a quelque sens pour lui. Vu ce qu’il arrivait à faire du terme « sérieusement », on pouvait douter.

J’assure ta sécurité et celle des tiens, pour le temps du contrat. Pour la réussite de tes projets mon gars, il va falloir régler ça au coup par coup. Ce que je veux, à mon prix, chaque fois. On s’entendra ou pas, j’m’en fous, mais va pas croire que je m’engage comme ça, pour tes beaux yeux. J’en ai rien à branler moi de tes projets. Le velours faut le laisser au cul blanc de tes femmes.

Un crépitement plus soutenu que les autres. Le son du cuir des bottes qui craque quand j’ai repoussé une branche dans les flammes m’a tiré une grimace de dépit. Elles aussi auront besoin d’un coup de graissage. Un regard, un geste vers l’homme qui a rejoint le cercle de conversation.

Si t’es pourvu en vinasse, fais en profiter l’artiste, ça lui réchauffera peut être la cervelle.

Y’a des romantiques pour trouver que les discussions au coin d’une flambée sont toutes empreintes de douceur. Là, il leur faudrait réviser leur jugement. Rien que les faces de pet qui peuplent la place peuvent amener au doute. On est loin du décor lunaire. Rajouter la gueule fermée que je dois me payer, l’image d’épinal vole en éclat.



Marlowe's
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A proximité d'une des gourdes... Non, y'en a qu'une... Quoique...

Il le sait, mais refusera toujours de l'apprendre. La meilleure façon de se faire salement fourguer la gueule, être détendu, amical, sympathique, à se foutre des convenances du genre humain, le fameux dix septième commandement : j't'écrase la tronche, t'me reluque jouasse.

D'un coup, il en a sa claque, de tout ces rigoristes tenant leurs miches en merveilles, prenant la moindre virgule au sérieux, se vautrant dans la gravité perpétuelle, rigide de l'échine, engoncé de la réflexion, empesé des gencives, sectaire de la cédille, guindé des jointures, bégueule de l'humour, et autres foutus étroits du gosier et de la tripe.

D'une prompte volte il se retrouve accroupie, chope au vol l'outre, s'en octroi une rasade à renvoyer Bacchus chez sa daronne, le sourire reste aux lèvres, s'absente du timbre, roulant en fond de gorge.


Marrant. Une compagnie avec une gueule à gober l'fion d'un cardinal. Et elle suit le premier baltringue qui passe. Pourtant y'a de l'embauche aux quatre coins d'Europe. La moindre bourgade s'offre son armée. Le temps des guerres. T'as les moyens de minauder ? J'vais t'dire, ça s'voit pas.

Il lui expédie le vin. Crache le brin d'herbe dans le feu, remarque à peine l'arrivée de Don et de sa sœur.

Ouais. C'est pas les harnachements qu'il faut graisser. Le derche coince, ça grince aux entournures. T'veux de l'ordre militaire ? Allez. Quand j'dis cogne, vous éclatez. Quand j'dis marche, c'est crève. La paye elle tombera. Si t'es à la hauteur. Et si mes beaux yeux t'emmerdes, y'a ma rapière, ou la prochaine clairière.

Il étouffe une envie de la frapper, de la prendre, respire, coup de menton vers Hugues.

Vendôme, notre destination. Bienvenu en Touraine, foutoir à Lucioles, entre autres... T'en dis quoi toi compadre, tu préfères un mercenaire qui l'ouvre ou un soldat qui clamse en silence ? J'choisit le premier, mais j'me contente du second.

Marlowe's s'étire quelques muscles engourdit, rajuste sa position, plante son regard en plein dans les pupilles de Blanche. Il a eu les Miracles à sa botte, s'en fout la mort et se marre de l'existence. Et se balance de ce que peut penser quiconque de ses actes. Il vit pour lui, pas pour la galerie.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:01

Blanche Morbaque
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Eux c'est hypocras air jouasse, nous c'est vinasse, main dans ta face

Y’a des intelligents pour dire qu’une bonne engueulade ça détend. Mais la crispation dans l’omoplate là, c’est l’envie de lui retourner une torgnole. Encore cinq ans en arrière, il l’aurait prise. Maintenant … maintenant je vieillis, je discute. J’ai pas quitté son regard de morveux à qui faudrait tendre un mouchoir pour lui nettoyer le pif, juste tendu un index vers le troisième larron pour lui signifier un : surtout, t’avises pas de répondre !

C’est pas moi qui suis venue te chercher il me semble. Tes ordres, tu peux te les fourrer bien profond. Le tas de gueules cassées que j’t’amène, ils ont pas besoin qu’on leur donne la cadence pour apprendre à marcher. Tu pues le pognon à plein nez, je ramasse où ça tombe, toujours eu un penchant pour les paniers percés.

Posé un genoux en terre, encore ces cochonneries de bottes … faut de la stabilité quand la voix va chercher les graves, l’inflation grimpe en volume respiratoire. Un coup de gorgeon derrière le gosier. La causette tendue, ça assoiffe. Une pause, la main vient essorer les lèvres et puis faut bien ménager ses effets. On est verni, on a droit à des spectateurs. En plus du taulier, fournisseur d’outre pleine, une volée de tourtereaux et les gars qui viennent prendre le feu, encore une partie de carte à la lueur des étoiles. J’les vois qui se marrent les cons. Ca les a toujours fait bicher que j’me coltine avec un soyeux. Bande de crétins.

T’as pas bien saisi en fait. J’te tiens pas au courant, j’t’explique. J’fais pas dans l’aumône, j’fais dans la précision qui s’impose. J’envoie pas mes gars se faire latter la gueule avec pour toute information la réussite de tes projets. Un peu vague comme raison pour crever.

Ca ricane en chicots pourris entre deux annonces d’enjeu, sont pas nerveux eux. Ils savent autant que moi que maintenant que j’ai encaissé le pognon, on fera avec, au moins jusqu’à épuisement des fonds. Une histoire d’honneur à la con. Pas de dettes aux guêtres, on est propres à notre manière. Mais nom d’un chien, quelle putain d’envie de lui faire ravaler son sourire.

J’vais t’dire, si tes hauteurs sont au niveau de s’que j’ai pu voir de vos exploits jusqu’à maintenant, sûr que t’as pas fini de cracher au bassinet, j’suis pas inquiète. C’est ça qu’il faut aller taquiner ? T’as l’sommet modeste.

J’relève pas son p’tit défi à la rapière. Jamais fait dans le duel, j’en veux à personne en particulier, m’en tamponne du reste du monde. Faut quand même avoir un grand intérêt pour le peuple pour aller s’y frotter en un contre un. J’ai rien à prouver, qu’il s’excite avec son bout de ferraille tout seul si ça l’amuse, très peu pour moi. Puis c’est pas ma petite fiole qui est en jeu ici, c’est les prochains mois de la compagnie, y’a nuance.

Retour à l’envoyeur, la vinasse se prend une envolée jusqu’à ses paluches manucurées. On n’est pas d’accord c’est une chose, pas une raison suffisante pour se priver d’une lampée. Faut savoir être poli, j’lui avais coupé la chique au Hugues j’ai la langue bien pendue, autant lui donner l’occasion de s’en servir.


Qu’est ce que tu r’gardes en premier chez un bonhomme toi, ses yeux ou ses bourses ?

J’annonce : le premier qui s’marre, j’lui allonge une avoine.



Marlowe's
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Feux à volonté ! Choisis ta poule camarade...

Elle croit quoi, qu'une frimousse de dure à cuire ça révèle rien. Un vrai grimoire à feuilleter ce minois, doté d'enluminures à l'eau forte. Pas le recueil à endormir les marmots, plutôt le bestiaire énumérant l'évolution de la mégère au travers des ages. Pas sûr qu'elle est dépassé celui de pierre. Effort de volonté pour déserrer les ratiches, vont finir par faire des étincelles à force de racler, s'enquille une goulée de pinard, histoire de filer un peu de répit à son humeur, fumasse.

A son regard, escarbilles ardentes, et, niché tout au fond, imperceptible, vapeurs froides de l'analyse. Aucun des deux n'est capable de lâcher, en auraient-ils l'envie, Blanche ne relève l'allusion au combat, il s'en doutait, et cela lui va, sortir sa lame pour une revêche pareille, elle mérite un plus doux fourreau.


Ah. J'suis déçu. A défaut du reste, j'te gratifiais de l'intelligence. Faut une raison pour calancher ? Bonne ou mauvaise ? J'croyait qu'la thune suffisait. Les ordres religieux recrutent. Fonce. Ils adorent lécher les braillardes dans ton genre.

S'en renvoie un derrière le col. Rembarre la gourde dans sa direction, ça lui assouplira peut-être la compréhension. Détend sa nuque de la paume, souffle retenu, vers Hugues cette fois.

Les causes se valent. Toutes. Les humains, parfois, certains, font exception. T'as pas tort, on s'en moque. Juste, à crever, autant le faire avec un sourire en ultime crachat.

Pleurent tous leur mère. Ouais. D'ailleurs. La sienne est en route, il plaint l'escorte avec un rictus, il tire pas son fichu caractère du néant. Et sa sœur non plus. Tiens, Elderlyne a l'air de renouer avec le Campéador. Est-ce que toutes les femmes du royaume sont des foutues teignes, ou ce trait de caractère est à lui seul réservé. Craquement d'épaules, repart au front.

Pas moi qu'est accepté les écus, que je me souvienne. Ton appréciation à l'emporte pièce je m'en cogne, claro ? L'pognon, j'sais d'où il vient, j'sais à quoi il sert. T'en veux ? Tu prends les conditions avec. T'crois que j'vais cracher mes projets à la première venue ? Pour sa p'tite gueule ? A portée d'une palanquée d'oreilles ? Avachie à servir d'la nobliaille de province ouais. C'est quoi votre dernier baroud, rafler le poulailler d'un baronnet.

Il attrape une branche, faut occuper les mains là, elles vont voler sinon, et pas en caresses. Elle se brise sèchement.

Et dans un miroir, tu regardes quoi, ta gueule ou les regrets qu'tu trimballes.

Il n'y a bien que le feu qui crépite joyeusement. Du coin de l'œil, il lui semble bien apercevoir des échanges de paris, faut croire que le spectacle est suivit. Pas plus mal qu'il y est du monde, seul avec elle, Marlowe's n'aurait pas résister au désir de lui... La branche est en quatre morceau à présent.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:04

Blanche Morbaque
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Un perdreau à la broche ...

L'art de la formulation foireuse Blanche. Bourses, pourquoi j'ai pas dit gonades. Tant qu'à foutre en l'air le personnage, autant y aller franchement. Mon ami, n'est il point vrai qu'il faut toujours commencer par une palpation des roubignoles avant de s'engager plus avant ? La fête quoi ...

Le Hugues, faut pas lui promettre une phrase, il te sort un chapitre, il te dégueule une encyclopédie quinze volumes d'une seule traite, même pas le temps de s'humecter le doigt pour tourner les pages. Le salaud, il doit faire ça en apnée, il prend ses interlocuteurs à court de souffle.

C'est le moment où ça a commencé à me plaire, a tourné à la veillée à faire honte aux enfants de coeur en classe verte. C'est plus de la crispation musculaire à ce niveau là, c'est de la mutation minérale. Faut que je me lève, faut que je me lève où je vais me le faire !


J'te croyais juste bouché, t'es pire que ça, t'es un idéaliste. T'aimes les longs discours pour brasser dans le vide. Ca s'écoute parler, ça joue de la modulation vocale. Epargne moi tes envolées lyriques mon pote, j'suis pas mélomane.

Marcher, marcher et boire un coup. J'ai cru que ce serait une bonne idée, que la vinasse ferait passer la braillarde, la p'tite gueule, l'avachie et le baronnet en prime. Raté. Force est de constater que j'ai la jambe bagareuse, du genre à aller lui frémir d'un coup sec dans les côtes. Pas fini d'avaler ma rasade, que deux enjambées m'ont amenée à son aplomb. Belle vue sur sa face de mioche depuis les hauteurs. Et le genoux tellement près de son nez .... Une rasade de plus pour virer de ma tête le son des os qui éclatent, ça se fait pas de commencer un contrat par un broyage de pif.

Le pognon gamin, c'est fait pour t'assurer nos services, pour garantir la montée aux champs de batailles. Jamais ça nous persuadera d'aller crever pour toi. J'ai la tronche d'une pétasse qu'on fait virer bourrique avec trois pièces d'or ? Tiens, tu vaux même pas la salive que j'use en ce moment. Tu veux garder tes raisons, fais à ton idée, mais je ferais à la mienne. T'auras pas plus que ce que t'as donné ...

Et une autre pour saluer le mauvais payeur qui se rajoute le qualificatif de mauvais employeur.

... et oui le jour où je calancherais le nez dans la merdaille des autres, je préfèrerais savoir pourquoi. Tu m'fatigues tiens, je ferais mieux d'aller me coucher, mes rêves sont moins stupides que tes discours.

C'était plutôt une bonne fin, je suppose que j'aurai du en rester là, tourner les talons, laisser les gars se fendre la gueule et pour de bon filer me pieuter. Mais ça c'est pas passé comme ça. L'alcool, la fatigue, le fait qu'il avait raison, un mélange de tout ça peut être, aujourd'hui encore je serais incapable de mettre un mot sur ce qui m'a poussée. Je lui ai balancé l'outre qui prenait de la légèreté dans les bras et j'ai été lui crocheter la gorge. Ho j'ai pas serré plus qu'il fallait, même pas cherché à lui faire mal, juste planté mon regard dans le sien, qu'il écoute, qu'il entende. Grondement sourd, à lui seul destiné.

Fous la paix à mes remords petit, à mes regrets et mes cauchemars. Que j'en ai ou pas regarde que moi. Je t'autorise même pas à en évoquer l'idée.


Marlowe's
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Une dinde aux marrons...

Brutale cascade de lucidité. Même sa colère est intuitive, son seul guide, et là, difficile d'ignorer qu'il a frappé juste. Il sait aussi autre chose, ce dont on accuse les autres, on se le reproche souvent à soi même. Jamais vu une silencieuse jacter autant. Ni une calme se contenir à ce point. Et encore moins une donzelle l'enfumer aussi profondément. Il sent l'énervement se muer en rage, froide, conscience des limites du basculement, il s'y refuse, dans cet état, il n'aime rien tant que danser avec la Camarde, à en oublier son désir de vivre.

Poing crispé sur la gourde, il croche la pointe de ses bottes dans la terre, Blanche a de la poigne, il s'en contrefiche, le barrage contenant sa folie se fendille sous la pression de la main à sa gorge. Il la contient, voile rouge, résiste à l'attirance, refuse la séduction de la démence, rien que cela est un changement effrayant, pas si longtemps auparavant, il y aurait cédé, avec jouissance.

Un croyance commune veut que seul l'homme soit chatouilleux et délicat de l'intimité. Il n'en est rien. Le talon d'achille est commun aux deux genres. La paume libre du marlou va saisir l'entrecuisse de sa partenaire du soir, prise sans équivoque, aucune traces de stupre à ce geste, empoignade ombrageuse, légère torsion, affirmant sa présence, sans forcer, juste un peu, et encore un peu plus, pour l'énervement, pour le gamin, pour ces regards méprisants, pour le petit, sur la douleur provoquée, être élevé dans un claque à marins apprends plus qu'on ne le croit.

Voix étranglée, narquoise, vacillante, frontières de la brisure.


Jamais. Demandé à personne. De crever. Pour moi. Jamais. Demandé à quiconque. De vivre. Pour moi. Je paye. Pour l'indépendance. L'improvisation. Pas pour. Des esclaves. Tu crois. Être la seule ? A avoir. REGRETS. CAUCHEMARS !

Le poing enserré à la gourde part. Le barrage ne rompt pas. Il se crevasse. Un peu plus. Jointures blanches. Livides. Cogne l'estomac. A toute blinde. Malgré le cuir du plastron. Malgré les muscles de l'entrainement. Les écartent. Il s'enfile une gorgée, en recrache la moitié.

Tu veux mes raisons ? Viens les chercher. Sans faux semblants. Ou barre toi te terrer !

La tension l'enveloppe en brouillard, épaisse, l'outre repart vers elle, à la volée, dans sa reprise de souffle, un contrat comportant un passif inassouvis est un danger vibrant à chaque secondes, pour eux comme pour lui. Il n'entraine pas des hommes à la mort en orgueil d'avoir raison. Jamais. Et si il doit servir de défouloir, et si il doit perdre la fine fleur d'une compagnie afin de l'éviter, baste, cela sera. Marlowe's respire par saccades, lucide analyse de ce besoin primaire. Présent à leur deux êtres.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:06

Blanche Morbaque
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Préparation de farce ...

Le silence offert par la perte de souffle m'a donné de les entendre, la masse, le bloc entier qui se soulève, les crissements de ferraille tiré à l'air libre et lui, sa morgue à pleine gueule. Adieu les cartes et les paris merdeux, ils sont prêts à abattre, sans sommation. Mais non, pas comme ça. Juste lui et moi, en tête à tête, du frontal, trop de passif à épurer. J'ai levé une main pour les arrêter, l'autre pour avaler un coup de vinasse. Plus de saveur, plus d'importance. Ils ont compris, se sont placés autour de nous, sans rengainer, façon personne ne s'approche, la Blanche solde les comptes.

C'est ça, j'allais clôturer le bilan de la journée, la rage au corps, la tronche dans le brouillard. Saoule et fatiguée. Un reste de raison, un geste déboucle le ceinturon qui fout la rapière hors de portée. C'est pas du meurtre, c'est la finalité d'un apprentissage, d'une mise au point, le dernier chapitre de la leçon. Deux pas, je lui colle la gourde dans les bras et mon poing dans la gueule. Il se mange en une seule fois la tension accumulée depuis le début de la conversation. J'ai du finir de péter les plombs à ce moment là ....

Le genoux vole pour aller se carrer dans ce qui fait la différence physique entre lui et moi. Ho nom de dieu que c'est bon ! Rendre ce qu'il a donné, pas de dette mon pote, jamais, aucune. C'est un mensonge éhonté que de dire qu'on ne pense plus à rien dans ces moments là. Quand la botte vient lui vriller la cheville pour l'envoyer constater si la terre est propice à un petit somme, quand les genoux cèdent pour se planter dans le sol de chaque côté de ses flancs, quand les regards se croisent et que j'encaisse la mite qu'il devait me réserver depuis un moment, la pensée est là : t'es saoule Blanche, complètement cuite ... Lorsque je me vautre à éviter la deuxième, que j'ai les dents qui claquent à me résonner dans le crâne et que pour toute réponse je vais lui éclater la gueule avec toute la force de la haine, la pensée est là : Blanche, tu pues la fin ... Et quand je lève le bras, poing serré, bide au bord de la nausée de ce qu'il m'a déjà mis et que j'entends la voix du Druide qui braille en galopant ....


BLANCHE ! Vieille carne ! Arrête tes conneries ! Et vous tas de crétins, vous restez plantés comme des bouses au milieu d'un champ !

... la question est là : pourquoi ? Et mes yeux qui se posent sur le sang qui coule à ses lèvres m'amènent la réponse. Dessaoulée, sans autre forme de procés. Haletante, penchée sur lui, je sais enfin ce qui nous a conduit jusqu'ici. C'est les muscles tendus à en hurler, le bras encore suspendu au dessus de sa tête que j'ai fait l'aveu de ma vie.

Je veux savoir pourquoi ils meurent ....

C'était ça, rien de plus. Maintenant que je noircis la page, je peux noter tout ce qu'il y avait dans le silence qui a suivi. Tout ce que je n'ai pas pu dire. Que l'argent justifie qu'on prenne les armes, mais que jamais, je ne voudrais faire l'affront à quiconque de lui ouvrir le bide sans savoir pourquoi. Que la raison soit bonne ou mauvaise ne change rien, mais pouvoir dire, voilà pourquoi mon fer est en train de t'enlever la vie, c'est pour ça que ton âme te quitte si tu en as une, pour ça que ta maison brûle, pour ça que ta vie ne vaut rien. Peut être bien qu'il a lu la supplique dans mon regard : justifie mes actes. Peu m'importe de savoir pourquoi moi je crèverais, la vérité, celle qui fait que je fais semblant de pouvoir me regarder dans une glace sans vomir, c'est que je sais pourquoi je tue les autres. Et j'emmerde le premier qui viendrait me dire que c'est mensonge et chausse trappe à ma conscience, chacun survit comme il peut.

En fond sonore, les claques et torgnoles distribuées par le Druide sur les caboches vides de la compagnie en grommèlements et promesse des pires sévices qu'il pouvait inventer. Tu flippes toubib, je disjoncte trop souvent. Qui a pris sa leçon dans cette histoire ....



Marlowe's
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Acta est fabula...

Enfin. Ultime étincelle de lucidité. Elle maitrise sa compagnie. Geste en miroir dont il n'a pas conscience, le ceinturon se détache des hanches, rapière et miséricorde tombent au sol. Ensuite. Il ne sait plus. Il encaisse. A nouveau. Et davantage. Combien de temps qu'il s'est pas mangé une telle douleur. Depuis... Danilo. Une houle de violence semblable remonte, réclame son due, hurle son envie, son besoin, sa soif. Il encaisse. Chope la pulsion avide à sa volonté. Encaisse. Il la sent se tordre de manque, goulue, rapace, altérée. Encaisse. Ne la satisfaire qu'à sa décision. Dressage sauvage. Brutal. Encaisse.

Maintenant.

Ses phalanges mettront un bon mois à s'en remettre, mais c'est une volupté sans mesure. Jusqu'au bruit du craquement, et de la chair s'offrant en fruit trop mûr. Et ce grondement furieux à ses veines, murmure, implore, supplie, quémande, encore, encore, encore.

Non.

Encore !

Non !

Déchirement. Un gueulement d'arrêt parvient à son attention, à retardement, ses doigts griffent le sol gelé, retour au monde, saveur du sang à ses lèvres éclatées, le visage de Blanche en horizon. Et ses mots, sincères, prolongés à l'infini du regard. Enfin. Le contrat est établi.


Tu le sauras. La vérité des actes. Pas l'illusion. Tu décidera. Toujours. En connaissance de cause.

Elle vient de lui arracher un damné pacte, inaliénable. Le marlou ne donne à personne les raisons, véritables, de ses faits et choix. Se les refusant même parfois. Le poids de Blanche quitte son corps. Il roule sur le coté, crachant un glaviot sanglant, affichant un sourire rouge, murmure à la terre.

J't'ai eu carogne... Tes griffes. Sont mienne. Gangrène.

Il retient un gémissement de souffrance. Elle n'a pas fait dans la dentelle, deux côtes cassées, au mieux, le pif de traviole, et il ignore obstinément les élancements pourpre montant de l'entrejambe, morflage sévère, sans conteste, pourquoi ce foutu sourire refuse de se barrer alors... La leçon est rude, mais Marlowe's a tenu son rôle. Peut-être cela grandir. Sa mère, ça fait mal.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:07

Blanche Morbaque
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Ramassez les mises

Quelle dérouillée, j’ai encore mal en y pensant. Tout ça pour réussir à se comprendre. On doit avoir un problème de communication. Mais maintenant je sais ce qui fait la différence entre nous et des soldats. L’ordre merdeux ne suffit pas à justifier nos morts.

Y’a pas de honte à l’écrire, j’ai été récupérer mon ceinturon à quatre pattes, autant que j’y ai cherché ma respiration, parce qu’une fois debout, fallait pas compter réussir à se baisser. Quelle dérouillée. Le Druide m’a sauté dessus, redressée d’un coup de rein colérique, tâtée, engueulée, il puait la peur ce con. Je lui aurai bien offert un sourire pour le rassurer, mais vas t’en l’arracher à une gueule en feu. Quand ses doigts experts en palpation se sont posés sur ma mâchoire tout ce qu’il a eu c’est un râle étouffé et une grimace de douleur.


Quinze jours à la soupe de bébé, bravo !

Et la grâce d’un canard pour ramper jusqu’à ma couche toubib. Mais ça, c’est mon affaire. Tant pis, il fallait le faire, il est nécessaire parfois de tuer le corps pour ouvrir l’esprit. Je l’ai repoussé doucement, pas trop assurée sur mes cannes, une tape sur l’épaule pour tout commentaire, j’allais pas leur brailler dessus pendant quelques temps, ils vont y gagner en silence. Ouais ça fait mal. Quelle dérouillée.

Ca s’éparpille tranquillement, le spectacle est terminé, les gars repartent à leurs occupations et vont passer une heure à discuter qui sort gagnant de la rencontre. Ils ont des paris à honorer. Faudra que je pense à prendre ma part. Un pas en avant, putain, je sais pas si je tombe ou si j’avance. Regard voilé par une sale douleur, j’ai failli rater la gosse. J’ai entendu plus qu’écouté, faut pas trop m’en demander quand même. Quelle dérouillée. Un haussement d’épaules, discret, pas de mouvement inutiles. Je peux assurer à quiconque en douterait qu’il a besoin de personne pour prendre soin de lui. J’ai les tripes en garantie de preuve.

Elle libère le passage sans en rajouter, rien que ça lui vaut mon remerciement. Il va falloir m’accorder la ligne droite. Le pieu en point de mire, j’ai chaloupé, en sueur et pas encore trop fière de l’air qui pénétrait mes poumons. Fallait quand même mettre un point final à cette nuit.


Tu frappes comme une fille.

La mauvaise foi en partage, ça on sait faire. Y’a du sourire dans ma voix à défaut de ma gueule. J’ai fini par quitter la lumière du feu pour faire copain avec un arbre qui a bien voulu me prêter son écorce pour y appuyer l’épaule. J’ai dégobillé un bon mois de repas et deux dents. Fais chier. Plus qu’à jouer de la reptation sur ma paillasse improvisée. J’ai même pas tenté d’enlever les bottes, rien enlevé du tout d’ailleurs, me suis roulée dans la couverture et passé la première nuit sans rêve depuis une éternité. Bonne nuit p’tit con, quelle dérouillée …


Marlowe's
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Y'a pas d'arrangements...

Se tenir droit. Mauvaise idée. Nausée vicieuse. Se raccroche à sa sœur. Regret fugitif. Abuser d'Isadora. Finalement. Aurait eu son charme. Maintenant. Certitude lancinante. Indifférence subite à la mode féminine des réveillons. Dommage. Elle se promet courte. Craquement sec. Il broie le bras d'Elderlyne. Son nez est remis en place. Doigts poisseux de sang. Juron grossier. Blasphème familial direct. Avec une démarche. A tanguer un air saxon. Blanche lui en claque cinq. Sans y toucher.

V'nant d'une gueule qu'encaisse à la pucelle, j'prends en compliment.

Remarque de passage. Pluie et beau temps. L'air de rien. Respect. Ouais. la malice au pupille. Ouais. Respiration lente. Douillage sévère. Sensations à vifs. Le pire est à venir. Serrer les dents.

Frangine. J'vous rejoins sur Vendôme. Sert plus à rien de trainer. Rassemblement au nid du Coucou. Dit à Blanche d'établir un campement, de campagne, pas d'hivernage, au Chicot Carié. Pour nous, les Sentinelles, Fanchenn et Calembredaine. Lancelot prends ma cavale.

Se hisser en selle. Idée atroce. Il va se la jouer traversée des bois. Tracer la route à l'instant. Eviter de se retrouver noué. Muscles tétanisés. Au réveil. Tronche de l'écuyère. Attire son oreille à sa bouche.

Elder. Tu crois qu'Armagnac escorte, gratos, mère, pour ma jolie frimousse ? Escouade de Sentinelles en prime ? T'as vu le curriculum des invités de Cuculus ? Et la position du Bourbonnais sur les troubles du royaume ? Et les Ordres qui rameutent. Pauvre d'Esprit et autres licorneux.

Difficile de discerner un ensemble aux épissures de l'intrigue. Les protagonistes salent plus en grain, ils creusent des mines. Baiser laissant un peu de sang. A son front. Récupère le bouclard à lardoirs. Une dizaine de pas. Ouais. Sa destination prends de la distance. Va en baver l'escargot. Arraché à sa coquille. Chemin des flagellations. Saint marlou. Priez pour les crétins. Halte à l'épaule du Druide. Echange discret.

...à combien ? ...11 contre un, enfoirés ! ...t'as misé... ...t'as donné les côtes ? ...alors t'inverses... ...ouais v'là... ...donne mézigues en perdant... ...moitié tiens... ...tope...

Adopte une mine dégoutée. Traverse la compagnie en grommelant. Etale à la louche démarche de vaincu. Pas vraiment difficile. Par contre. Dur à retenir. Ce foutu fou rire. Mâchoires crissantes. A en avoir bouffé du sable. Par pleines poignées. Larmes dégoulinantes. Rigoles tracées dans le cireux. Passera en fierté et souffrances. Vrai aussi d'ailleurs. Bouffon. Une torrent fracassant. Vite. Couvrir l'éclat. La joie d'sa race. Nécessite l'intimité de la solitude. Se la payer en vrille. En égoïste.

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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeJeu 27 Déc - 2:40

Vendôme, le Chicot Carié

Blanche Morbaque
loukoums et citrons verts 19984618074602c97711201

Réveil orageux, façon coups de bottes dans les tibias. Tous les matins depuis trois ans, c'est la tronche de Cerbère qui me sert de rayon de soleil matinal. Tous les matins depuis trois ans, il encaisse ma bonne humeur sans moufter. De ma position, j'ai une vue imprenable sur le sourire perpétuellement accroché à sa face, sur les sourcils broussailleux qui lui mangent les yeux, sur l'interminable longueur de son corps.

C'est mon successeur tout désigné au commandement de la compagnie. On élit le capitaine, comme ça a toujours été fait. Sauf qu'il faut pas se cacher la vérité, avant même que chacun lève la main, tout le monde connait le résultat à la sortie du comptage de paluches. J'y ai eu droit, il subira lui aussi.

Si au départ mes ouvertures de mirettes sur le monde l'ont impressionnées, ça fait beau temps qu'il n'en a plus rien à carrer. J'ai droit à un secouage en règle et un vol caractérisé de couverture. C'est pas le respect des convenances qui nous étouffe dans la troupe. Grommèlements discrets, la douleur s'est réveillée en même temps que moi, j'ai la dent qui grince. Assise, les doigts se portent précautionneux à ma joue, gonflée, évidemment, assez prêt du bleu noirâtre.


S'l'heure Blanche, on attend plus que toi pour lever le camp. Le Druide voulait qu'on t'laisse dormir l'plus longtemps possible, mais là faut qu'tu t'remues. L'a laissé ses instructions l'patron, la gosse qui a fait la commission. Il a dit ...

C'est chaque fois là même chose, il peut pas s'empêcher de dégoiser alors que j'ai pas fini de me décoller les yeux. J'ai beau lui répéter que je supporte pas ça, faut qu'il mouline de la langue.

Ca va, j'me lève. Sors, tu me raconteras tout ça quand je serais prête.

Un semblant de toilette, fringues propres, ceinturon aux hanches, cape sur les épaules, droite dans les bottes. J'ai avalé la bouillie infâme que le Druide m'avait gardé au chaud en écoutant les nouvelles. Sûr qu'il l'a faite dégueulasse exprès. Ca va te calmer les douleurs qu'il a dit, à voir. L'ordre de départ donné, la chevauchée c'est passée sans embûches, j'ai fait semblant d'ignorer les sourires des gueules cassées chaque fois que je laissais échapper un juron. Il aurait mieux vallu que je fasse la route à pied.

Quel soupir de soulagement à l'arrivée. Je me suis pas faite prier pour reposer les pieds au sol. Une fois les chevaux provisoirement installés, on s'est fait un tour de propriétaire. Le Druide, Cerbère, le Loupiot et moi.


Hé ben ...

Ouais ...

Merdalor ...


C'était pas de mauvais résumés dans le fond. Il nous avait refourgué pour officier un tas de pierres écroulées. Serties dans un mur d'enceinte, en effet, mais câlinant la terre plutôt que le firmament. Le Loupiot a commencé à se dandiner, annonce d'un ralage en règle. On n'y a pas échappé. Pendant qu'il nous faisait le fond sonore, on a approfondi la visite. D'un côté, un précipice, de l'autre suffisamment de terrain pour installer tout ce qui serait nécessaire à un campement de fortune. On verrait à améliorer l'ordinaire au fur et à mesure. La position en surplomb de la ville rattrapait pas mal la première impression. On sentirait les emmerdements arriver de loin au moins. Aller, c'était pas si mal après tout et puis c'est pas les voisins qui feraient suer.

Ordres en cascades, creuser les rigoles pour canaliser la flotte les jours de pluies, monter un enclot digne de ce nom pour les chevaux, poser les tentes, envoyer le Loupiot faire les courses que je lui avais promises, caler les charriots de Tambouille, du Druide et l'intendance au pied du mur, se dégoter un point d'eau. Et après un coup d'oeil appuyé à ce qu'il restait du tas de caillasses, faire nettoyer ce qui était encore debout et décréter que ce serait parfait pour mes appartements. Les nuits sous toiles, je suis assez pour les éviter quand y'a moyen.

Pendant que s'activent pelles, pioches et marteaux, j'ai été me caler sur le mur pour admirer la vue depuis les hauteurs. D'un côté leur putain de château bouffant la moitié de la vision de la ville et de l'autre, la Touraine jusqu'à l'horizon. Ca méritait bien une bouffarde en coin de lèvres, mais alors ... tout en délicatesse.



----------------------------------------------------------------------------------

Juchée, le cul au frais sur la muraille, j'ai profité de l'occupation des gars pour explorer les volutes de fumée, elles ont toujours un tas de choses à me raconter. Là, par exemple, elles racontent une histoire de petit con à l'oeil trop allumé, au sourire en coin, à la droite ... fameuse droite. Fou ce qu'elle sait bien dessiner cette fumée. Tout en courbes et glissements, légère, à se laisser porter par le vent. Un vent qui n'a rien de taquin, plutôt autoritaire mais avec lequel elle s'amuse pour former des images qui s'évaporent pour poursuivre leurs vies dans mon regard posé au loin.

Il n'y a rien de plus convaincant qu'une présence silencieuse dans votre dos. Un quart de tour pour contempler le nouveau spectacle, un sourcil qui se lève, étonné de la vision. Y'avait eu du changement, pas en pire je dirais, autre chose simplement. Pourquoi pas, la routine c'est fait pour les vieux briscards. Le monde étant trop occupé à ses petites affaires, le moment était bien choisi pour faire un tour du propriétaire commenté.

Ceinturon rajusté à la taille, il m'a fallu baisser la tête pour ressortir de la tour écroulée. Faudrait penser à réhausser cette entrée. Un coup à se manger un moellon en pleine tête pour une fois où je serais moins réveillée. Le vent ne s'est pas relâché, le voilà qui joue à me faire profiter encore un peu des odeurs de sous bois, mousses, pierres, entêtante effluves des essences mêlées. Les bottes frappent le sol à l'unisson, il y a apparemment des présentations à faire.

On pense parfois que le temps aura la délicatesse de suspendre son court, foutaises, au mieux, il accepte de sauter une étape, de ne pas tout étaler au grand jour. Du monde était arrivé, pas pour moi, que les routes en soient remerciées, pour lui. Moi, ça ferait juste un peu de boulot en plus, les gars allaient être contents. Je l'ai laissé prendre un peu d'avance, quelques mètres, me suis faite alpaguer par les cloutiers et écouté leurs inventions sans quitter la démarche du regard. Les cons, une foutue bonne idée, si j'avais pu, j'aurai souri. Un hochement de tête pour toute réponse, ils en attendaient pas plus de toute façon. Les voilà qui filent comme pet de mouche sur toile cirée, à discuter boutique et derniers arrangements. C'est pas un campement qu'on va avoir, c'est un palace. Façon, bienvenue les étoiles, venez un peu vous attarder par ici, qu'en plus du panard à vivre on ait droit au luxe de sen foutre plein les yeux.

J'ai encore pris quelques minutes pour rallumer la bouffarde, pester contre le zef et je l'ai rejoint en grande discussion avec une troupe qui dénotait dans le paysage. Il a pas que la main heureuse le Seigneur, il a aussi la faculté de rameuter à lui tout un ramassis d'improbabilités. Un salut silencieux, autant suçoter ma lippe en continuation de rêveries.




Truffian
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Deux jours de glande. La gratte sur l'épaule, la route en solitaire, à soulever la poussière, la neige, l'humus et le sable des sentiers de traverses, rien à battre de rien, les bottes en liberté. Il a viré son maquillage au premier ruisseau, chapeau incliné sur l'œil tout en teintes délicates de bleu et noir. Et il a marché. Plein nord. Sans forcer. Tranquille. Remettant à jour les connaissances transmises par Gunther, particulièrement en matière de cataplasmes, de simples et de soins des hématomes. Ses gueulantes au réveil ont pas aidé aux rapprochements de la faune forestière et du marlou, quand le corps a bien refroidi du sommeil, que le moindre geste envoie palanquée de signaux affolés aux terminaisons nerveuses, moment idéal pour se coltiner le bandage des côtes. La ponction régulière de lapins aide pas des masses à la compréhension interespèce non plus. Faut dire, à la décharge des bestioles, qu'un Marlowe's moustachu, braillant dans les sous bois, ça incite pas. Sur la fin, même les goupils le lorgnaient d'un sale air.

J'suis un pélerin foutrement soucieux
Toute ma foutue existence, j'ai eu des blèmes
J'dis salut à c'te foutue vieille Bretagne
L'endroit où que j'suis né en foutu brave
Depuis dix foutues années, j'me tape des rosseries
J'ai rien pu trouver en plaisir sur c'tte terre
J'suis condamné à errer en ce foutu monde
Sans même la foutu aide d'un foutu pote


Une rivière, gelée en cul de nonnes, le trouve à raccorder sa vihuela, à l'instinct, Vendôme est derrière la butte, y'a des voyages plus court que d'autres. Une grimace le remets sur ses jambes, encore raide, rien de le dire, gravit la pente sans se presser, ponctuant ses jurons d'un pincement de corde, légère cime en lisière de forêt, Marlowe's sort du bois, le Chicot en contrebas, campement dressé, activité paisible mais précise, tentes alignées, en fonction du terrain, pas d'une parade à venir, et des arrivées, par le chemin montant de la bourgade, un charroi, frappé aux armes des Sentinelles, un mince sourire sous la moustache, voilà la maitrise pouvant emporter toutes les batailles, la synchronisation du hasard. Il se cale contre un arbre, contemple la cité, la tour en ruine, le castel des Lucioles, juste une mignonne petite ville de campagne, d'apparence paisible, si ce n'est un coucou y nichant, marlou s'y promenant, et une quantité assez invraisemblable de saltimbanques, à croire qu'une foire royale allait se tenir, reste à savoir où foutre les dindons et les bouffons

Il taquine de sa langue une incisive douloureuse, la silhouette, adossée au reste de muraille bordant le précipice... Ouais, aussi, reste à savoir si un reste de rancune traine pas entre eux.

Soupir ironique, reste tant à savoir, par exemple, sa nervosité soudaine, un rapport avec l'arrivée de sa mère, ou la réaction de sa sœur, ou de revoir Calembredaine, dans la foulée de son dernier passage aux Miracles, ou de régler les voiles du navire, avec un capitaine encore plus barge que lui...

Et surtout comment descendre par l'éboulis de rocaille sans se maraver la tronche.

Il ressort de la tour écroulée. La lumière restante suffit à lui plisser les yeux. Claquement d'un rabat de cuir, remercie silencieusement Armagnac de lui indiquer sa tente, pas le genre de précisions filées par la mercenaire, il veut discuter le franc compagnon, pas un soucis, faudra adapter les plans, ça changera pas, mais ils seront d'accord au bout du compte. En attendant... le chapeau retrouve inclinaison à son front, d'un pas assouplit par l'exercice, il se dirige vers le charriot et la réunion familiale, à l'aise dans ses bottes le marlou, pas toujours.


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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeDim 30 Déc - 1:10

Blanche Morbaque
loukoums et citrons verts 19984618074602c97711201

Ca faisait dans la réunion de famille, bien contente que ce soit pas le genre de bricole qui risque de me tomber sur le coin de la gueule. La vie est déjà pas une partie de plaisir tous les jours si en plus il fallait se fader l'ascendance, je préfère mes gaillards rafistolés de partout. Y'avait qu'à les laisser à leurs discutailles, la troupe avait rien à voir là dedans et c'était aussi bien comme ça. J'ai glissé un mot à l'employeur et tourné les bottes en direction opposée.

La nuit s'amenait avec une entrée en percussion qu'un artilleur aurait pu lui envier. L'hiver, le ciel est bas, elle a moins de chemin à faire. Les feux de camps nous faisaient dans l'ombre chinoise imprécise, une danse improvisée pour tout ce qui traine sur les lieux. C'est comme ça qu'on se retrouve avec trois compagnons en pleine gigue sautillante. En chemin, j'ai capté un bout de conversation qui frôlait pas le sympathique, Cerbère en pleine explication de civilité.


T'as froid, ben vas donc chercher du bois plutôt que d'annoncer des conneries. Ca sera plus efficace et puis ça f'ra son temps.

L'occasion d'apprendre que mon second est capable de communiquer même avec un ours en pré-hibernation, emmitouflé sous quarante couches de fourrures. Il a l'esprit pratique le bonhomme, droit au but et bêtement, il apprécie plus un bonjour qu'une annonce de massacre. On peut pas lui reprocher d'avoir des restes de politesse. Jamais su d'où il venait, pas plus lui que les autres, mais il a quelques manières qui me font penser qu'il est pas né dans le ruisseau. Petite tension dans la voix, rien de menaçant pas d'inquiétude à avoir, juste sa façon de causer à un étranger. La distance de sécurité.

J'ai rejoint le Druide sans forcer l'allure, compter les feux allumés, trois, ça c'est signe qu'on n'est pas encore d'équerre. Il y a des symptômes qui se répètent, de place en place, quand le camp est monté, on est à cinq feux ronflants. Un pour la bouffe, les autres pour avoir le droit de rester seul dans son coin, pas se condamner à rester tassé les uns sur les autres. La promiscuité ça se gère au quotidien. Il faut savoir se ménager des espaces vides, des points de respiration.

A l'arrivée contre le mur où était calée la charrette infirmerie, le saligot m'a refourguer sa bouillie entre les pognes. J'ai gueulé un coup, pour la forme, il a fait semblant d'y croire et j'ai fini par avaler son jus. Le Druide, c'est un mètre quatre-vingt de savoir et de réflexion. Il a la tignasse hirsute et une joue perpétuellement râpeuse. Il doit avoir la lame de rasoir capricieuse. Toujours l'oeil en vadrouille, à scruter ses interlocuteur à la recherche du pet de travers. Vaut mieux prévenir que guérir qu'il dit, c'est osculation permanente. On a causé intendance, fait l'inventaire de ce qui lui manquait, le quatrième feu s'est embrasé, excentré, ça c'était du Mèche et Tête Pleine, toujours besoin de s'éloigner ces deux là.

Au début, ils me faisaient frémir, sont tordus tous les deux et c'est jamais bon de les laisser sans surveillance. Je préfèrerai les avoir sous le coude et pas trop loin des yeux, mais, gardez les en permanence enfermés avec tout le reste de la troupe et c'est l'explosion le troisième jour, garanti, même sans facture. Tout le monde le sait, on leur accorde le champ libre nécessaire à leur équilibre. Ils ne se quittent pas d'une semelle, nuit et jour, mais le duo qu'ils forment leur suffit.

J'ai laissé le Druide à ses rangements méticuleux d'ustensiles après avoir tapé la causette avec Tambouille. Il commençait à s'emmerder sévère celui là. Pas dans sa pratique de conserver ses fesses au chaud sous les couvertures. Les guiboles commençaient à lui démanger d'arpenter la terre. Et puis, il en avait ras le bol de devoir s'avaler notre bouffe. J'ai pas été lui faire du contre sur la question, fallait reconnaitre qu'on y avait perdu en saveur, autant que ce qu'on avait gagné en plombage d'estomac. En ce moment, on grignote pas, on fait dans le lourd, le massif, ça te tiens pas au corps, ça fait dans l'étai de l'intérieur.

Les cloutiers m'ont sauté dessus à mi pente, excités comme des puces, ils avaient besoin de matériel pour leur projet. Il m'a fallut développer un argumentaire serré pour leur faire entrer dans la caboche que non, c'était pas à cette heure qu'on allait faire les courses. Ca m'a occupé suffisamment pour voir le cinquième feu naitre, les gars se rassembler considérant qu'ils avaient fait leur part et chacun vaquer à ses occupations personnelles. Les tentes des invités de l'employeur étaient dressées, ils n'auraient qu'à choisir, y'avait la place pour leurs canassons et pour la carriole supplémentaire, pour nous s'était relâche. Le retour du Loupiot a mis le point final à la journée et j'ai été m'incruster sur la partie de carte du feu central. Bottes calées contre une caisse, cape resserrée sur mes épaules. J'annonce :


Vingt et un.

Ca bougonne gentiment. J'adore.


Truffian
loukoums et citrons verts 1646417378477d9d69b374d

Dernière rencontre, escarmouches berrichonnes, bilan des hostilités, un bain partout, réhabilitation de l'Onagre au sein des guerres modernes, pas mal de rires, la découverte d'une amie différente, foutraque, sans contestes, entière, aussi, et autre chose, inaccessible, pas incompréhensible, à lui, à son existence, insensible, hors de portée, définitivement.

Le sourire décoché à Cal est ravageur, ouais, il a mangé pas mal, toujours une table dressée à son intention, de quoi bouffer son content, en Touraine, à Paris, dans le Maine, aux Miracles, baffrer à s'en exploser la panse, la gueule et l'âme.


Pas au point d'avoir un môme !

Estime de la situation, Fanchenn et Elderlyne sont accaparé par un rituel complexe de reconnaissance mutuelle, risque de durer, les Sentinelles font le poireau, polies, bien élevées, un air à croquer du remparts en paquet de douze, confirmation, elles ont bien escorté sa mère, Lancelot trainouille avec sa mine de pas là pas moi, et Armagnac l'attends dans sa tente, à deux doigts de se sentir carrure d'un général grec en Macédoine, seul point commun, sacrée salade.

Esquive de bretteur, trois pas en arrières, volte à dextre, alpague une bleusaille de la compagnie, la bleusaille en fait, depuis trois ans, le Druide lui a gloussé le morceau en lâchant sa part des paris.


Aha mon gaillard. T'as de l'avancement. Fourrier personnel et idoine de nos invités. Couchages, vivres, distractions, tu lésine pas. Exécution.

Quart de tour à dextre, main sur la garde de sa rapière, salut l'escorte, femmes et hommes d'un mouvement confondu, le chapeau ne bouge pas.

Pour le restant du séjour, mon hospitalité vous est acquise.

Ils sont gens de cuirs, d'aciers, nés de la boue et du sang de l'Europe, ses enfants maudits, chevauchant la guerre, soldats de fortune, mercenaires vendus au plus offrant, à la parole définitive, le temps du contrat, ainsi sont les francs compagnons, où l'accueil a sens plus large que gite et couvert.

Frétillement de moustache en grimace d'ombre vers Aznar, sourcil amusé, s'agit pas de s'en sortir loupiot, faut le vivre, brève pression sur l'épaule de sa sœur, ne peut s'empêcher d'envoyer un clin d'œil à sa mère, et le sale gosse s'esbigne, se repère aux feux en quinconce rigolarde, balance une recommandation à l'oreille de Blanche, et rejoint Maltaverne, conférence au sommet du Chicot, réunion de chapeau, ne pas déranger, ça cause à la cavalière.

Dernier entré, premier sortit, gueule des mauvais jours, phrases calmes, à la volée, en direction du cercle de jeu, de son écuyer, de Calembredaine, d'Elderlyne, de sa mère.


Calanchez pas la veillée, pas dit que ce soit que du repos. Lancelot, prépare Sans Nom. Comme tu le sens, t'as rempli l'accord, t'avises... Possible que Cuculus ait besoin de toi sous peu frangine. M'man... tu restes là.

L'avantage d'un écuyer, avoir sa cavale rapidement sous les bottes, l'inconvénient, perdre un peu du prestige gagné lors il tire la langue en tendant les rênes.

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Fanchenn
loukoums et citrons verts 502864345472bd46d25b4c

Brèves mais intenses retrouvailles.
Epilogue à des années d'incertitude : finalement, ça parait tellement simple.
Elle étreint la fillette devenue femme.
Mais aucune ne souhaite prolonger les effusions : il faudra s'accorder le temps de faire à nouveau connaissance.


M'man... tu restes là.

Cordoba !
Elle se retourne d'un bloc. Spadassin parmi tant d'autres, la silhouette qu'elle entrevoit s'engouffre déjà sous une tente.

Ne point se perdre en vaines jaculations est une chose, éluder en est une autre. C'est ainsi que tu m'accueilles, Mon Fils ?
Mais alentour tous semblent reprendre vie, après une parenthèse qu'elle a peut-etre rêvée. Le camp s'active, chacun à la tâche qui lui est assignée. Elder se dirige vers les tentes, le gamin qui lui tenait la main file vers l'enclos aux chevaux. Les joueurs rangent posément leurs cartes.
Ca chuchote chez les Sentinelles, certains louchent ostensiblement vers sa carriole (ben quoi ? L'est un peu bringuebalante, mais ca me suffit ! Pis vous étiez pas mécontents d'y déposer vos petites provisions, me semble, hein !).
Calembredaine lui confie Aznar, le temps d'installer ses affaires et de s'occuper de son cheval. Le petit ne semble pas mécontent de se dégourdir les jambes.

Fanch, quant à elle, ne se sent pas concernée par l'installation du bivouac : "on" lui a promis que la maison serait prête à son arrivée, l'"on" daignera peut-etre s'en souvenir, après avoir expédié les affaires courantes...
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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:11

Fanchenn
loukoums et citrons verts 502864345472bd46d25b4c

Une tente ! C'est le salon de réception ça ? Et on dirait bien que pour le champagne et les petits fours, faudra attendre encore un peu.

Bien ! En attendant mieux, Fanchenn entreprend d'inventorier un peu ses petites affaires : les autres lui ont déchargé la carriole sans façon, paraissaient vraiment pressés. Ca doit être plus gros qu'elle ne pensait, une dame blanche en boule de neige...

En attendant, tout est là : son balluchon, le sac à provisions de voyage, la canne à pêche, le chapeau de paille. Le panier à fruits, le chaudron à confiture. L'ecumoire de tante Azenor, important ça. A peu près tout ce qu'elle avait pu sauver de l'incendie du Bout-Dehors, en fait...

A ses côtés Aznar reste planté là où elle l'a posé. Etonnant ça... Un marmot qui ne fait que regarder... Mais quels yeux, houla ! Elle préfère ne pas s'y attarder. Après tout, il est sage, que demande le peuple hein ?


Elder, Marlou ???? Ohé du campement ???

Allons donc.... Vla autre chose !
Ramassant le petit qu'elle cale sur sa hanche, elle pousse jusqu'à l'ouverture de la tente, glisse un oeil circonspect par l'entrebaillement de toile.

Clown accoutré, cavalcade et cheval nain, annonce tonitruante par les rues...

Un cirque !
Manquait plus que ça !
Après le feu d'artifice, les saltimbanques. Ben voyons !
Vont voir, les pique assiettes...

Déjà, elle assez vite assimilé, la substance des rites d'accueil locaux : si elle connait pas encore très bien les paroles, elle a retenu en gros la musique.

Important, ça, de savoir se mettre en phase avec les usages indigènes.


Passez votre chemin, on a déjà donné !

Pis de toutes façons, y a personne ici : les gobe-mouches, c'est là-bas en ville que vous les trouverez !

Allez hop !
conclue-t-elle, désignant d'une vaste envolée de manches la cité fulminante.
Quand on a affaire à des saltimbanques, autant avoir un peu l'air d'enfant de la balle.



Aznar de l'Aube Rouge
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De mains en bras, la vie se joue de ses envies. Il faut savoir reprendre l'indépendance qu'on se croit en droit de vous ôter sous le fallacieux prétexte que l'on est plus grand qu'une épaule de cheval. Le géant qui palpite au creux de son être décide seul où ses pas doivent se poser, qu'on le sache et se le dise.

La saveur maternelle s'évapore au galop. Le roulement des sabots sur le sol renvoie les sensations des mouvances équines dans ses cuisses, les yeux suivent la trajectoire jusqu'à la disparition de son horizon propre. Un battement de cils pour toute expression, l'apprentissage de la perte lui a déjà été imposé. Il attendra.

Les yeux détaillent le paysage qui compose son nouvel environnement. Les changements de visions sont le quotidien des Trois. Toujours en mouvement, le décor défile sur les bas côtés, impuissant à conserver sa structure pour les enfermer dans un univers uniforme. Où le monde va la terre ploie. Où le monde ...

Les ombres parasites courent le sol, brouillant de leurs gesticulations les pensées qui s'envolent au loin. Où le monde ... Les flammes matérialisent le questionnement de leur danse aléatoire. Quelques pas, que le corps se mette au diapason des errances de l'esprit. Le gouffre se creuse, la nuit se dissipe, éteinte par les braises dans lesquelles il cherche réponse. Où le monde ...

Un galop précipité lui fait tourner la tête sans quitter ses réflexions. La saveur reviendrait elle, il faudrait, ce serait le moment subtilement choisi pour combler le vide. Les pieds perdent le sol en soubassement de stabilité pour gagner la hanche et le bras crocheté de celle qui tire des trésors du feu. Il suit le regard qu'elle offre à l'arrivant. Un soupir, non sa saveur préférée n'est pas là. A la place il découvre une toute petite chose, ridiculement naine posée sur le cheval à l'avant de ... d'une boule rouge et mielleusement souriante.

Il n'a jamais vu ça, c'est à peine si cela doit dépasser du sol une fois à terre. Un microbe à chevelure emmêlée de jaune, une demi portion d'être, pas fini. A quoi pouvait bien servir cette ... ce ... il devait manquer des bouts. La voix de la découvreuse de trésor tonne à ses côtés, un pincement de lèvres sous l'attaque vocale. Pourquoi faut-il toujours que ces grands donnent autant de cordes vocales aux autres ? Elle ne répond pas du tout à la question qu'il se pose. Les mots ne lui apportent rien. Le regard cherche donc seul puisque personne n'est là pour l'aider.

Personne n'est là ... un instant, le gouffre ouvre à nouveau ses bras. Où le monde ...

Je suis Aznar de l'Aube Rouge et je ne sais pas.




Fanchenn
loukoums et citrons verts 502864345472bd46d25b4c

Mais c'est que pour un peu ça prendrait ses aises !

Sidérée, elle voit la cabotine la repousser à l'intérieur de la tente, pour y installer son turlupin et sa ménagerie. Elle se croit peut-être sous le plus grand chapiteau du monde ?

C'est lorsque l'insolente s'asseoit sans façons sur son magnifique chapeau de paille que la moutarde lui monte subitement au nez.
Un grondement sourd s'élève de ses entrailles pour s'épanouir en rugissement.

Non mais dites-donc, VOUS ! On n'a pas gardé les cochons ensemble, que je sache !
Personne ici n'a demandé d'exhibition burlesque, vous pouvez disposer : allez donc débiter votre boniment ailleurs ; connaissez déjà le chemin il me semble !


Elle soulève la portière, désigne la sortie.

L'autre ne bronche pas, niaise avec son mioche, l'ignore ostensiblement.


Ah.... mais ça va pas se passer comme ça, espèce de sangsue !

Après tout, on est ici dans un camp militaire : s'il le faut c'est par les armes qu'on la débarquera. Qu'importe qu'elle ne sache s'en servir : bon sang ne saurait mentir !
Aznar toujours solidement arrimé à son côté, Fanch plonge vers l'épée imprudemment déposée par sa propriétaire, s'empare du bidule par le bout le plus proche, ah c'est pas par la pointe que ca s'attrape ? Aucune importance ! L'engin glisse un peu dans son étui alors que s'amorce la remontée. A l'apogée du moulinet le baudrier percute le mât central de la tente. L'édifice vacille, tangue un instant. Fanchenn lâche le fourreau, cramponne le petit Aznar à son côté, et se précipite vers l'ouverture tandis que la toile s'effondre lentement, emprisonnant l'intruse et son équipage.



Aznar de l'Aube Rouge
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S'élever au dessus du doute, ne pas se laisser gagner par cette peur sourde qui pulse, insidieuse. S'accrocher à la chaleur qu'elle offre, où le monde ... où la saveur ... Ventre en écrin offert à l'angoisse, gorge serrée, mains crispées à ses tissus. Eviter le gouffre, le monde ne le verrait même pas, la saveur saurait s'en jouer, s'ils peuvent le faire, lui aussi. Lui, Elle, Je, Nous. Il faut détourner la pensée, ne conserver pour eux que les moments de silence où les yeux se closent alourdis de fatigue. Ses jours doivent lui appartenir.

Le déchirement doit avoir lieu, la prise de conscience de l'autonomie aussi. Le monde s'oxygène par ses lèvres, la saveur s'exhale par son souffle, cette certitude doit suffire à vivre. La détermination n'est pas encore ancrée, le sentier solitaire sans aucune main à portée n'est qu'entamé. Si longtemps il s'est niché dans leur microcosme, si longtemps ...

Respiration lente, retenir les larmes qui voudraient se frayer un passage. Le monde réapparaitra, fera fuir l'éclipse, la saveur flotter en enrichissement du jour. Il ne peut en être autrement. Aznar de l'Aube Rouge le veut.

La voix de son inventrice de châtaigne le ramène sur la scène banale du moment. Regard accroché par une bête qui a tout du cheval mais à la taille du lilliputien. Comment peut on monter là-dessus ? Que jamais personne n'ose lui faire l'affront de lui présenter telle chose où déposer son être. L'observation approfondie apporte l'évidence, c'est bien un modèle réduit des montures de ses parents. Un sourire nait sur ses lèvres. Il y a une logique, un si petit être pour un minuscule équidé.

Ajusté aux formes de la dame, il suit ses mouvements sans manifester le besoin d'être libéré de l'étreinte. Qu'on ne le lâche pas tant que la stabilité solitaire ne sera pas découverte. Les yeux contemplent les éclairs lumineux produits par le fer qui mouline sous le ciel de tissu. L'étonnement chasse le gouffre pour prendre sa place. Il a vu manier le fer et bien que le souvenir se fasse lointain, il a la sensation que ce n'est pas comme cela que le monde s'y prend.

Les bras se resserrent autour de lui, il ressent plus qu'il ne comprend que la dame voit venir une situation tangente. Une crispation des muscles captée. Un saut précipité vers l'extérieur alors que le tissu s'affole, soudain animé d'une vie propre. La cabane s'écroule sur les petites choses, la boule rouge et la nuit recueille un éclat de rire qui finit de faire fuir les fantômes d'un enfant pour la première fois seul.

Je suis Aznar de l'Aube Rouge et je me marre.



Blanche Morbaque
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C'est pas un campement en fait, c'est un genre d'auberge à ciel ouvert. Mais une du genre où il entre tout et n'importe quoi. Ou quand il te sort une troupe tu te retrouves avec ... vas t'en savoir comment on pourrait appeler cet équipage. Un conglomérat de canassons plus ou moins grands avec une blondeur juchée là dessus comme si la terre lui appartenait. C'est les coups de coude des gars qui m'ont fait lever le nez des cartes. Un gars qui glousse comme ça, c'est jamais l'annonce de bonnes nouvelles. On peut s'y fier aussi sûrement qu'à la grenouille qui grimpe et qui descend.

On a continué quand même la partie, entre les oeillades des gueules cassées, j'en ai même profité pour sortir un joli coup, par ici la monnaie. Après tout, si la mère de l'employeur prenait le paquet en charge, j'avais pas besoin de m'occuper de la chose. Et eux, ils n'ont qu'à rester concentrés plutôt que reluquer les miches de la mère noël. Sûr que c'est pas un spectacle habituel, mais moi pour ce que ça me fait, autant grapiller quelques écus.

En fond de ciel, les volutes de fumée d'une ville qui s'éclate à fêter une distribution de torgnoles. Ca nous regarde pas, il l'a dit, moi, ça me suffit. Même pas un tremblement pour savoir s'il en reviendrait amoché ou pas du tout. Les employeurs, du moment qu'ils ont payé, y'a plus qu'à en changer si jamais ils décidaient d'aller combattre sur l'autre champ. Pas mes oignons.

Trois battements de jeu plus tard, l'écroulement de la tente a fini par me faire lever le cul de ma caisse. Qu'on fasse venir des invités surprises c'est une chose, qu'on me démonte le boulot des gars, là ça commence à devenir une autre histoire. Les blagues les plus courtes ... J'ai renvoyé les cartes à leur deux dimensions et allongé le pas nécessaire à approcher le déménagement de ces dames. Le temps d'arriver m'a imprimé au coin du l'oeil l'image de la gamine qui se mange un fameux ricochet. Puis aussi sec, la voilà qui dégaine comme on menace l'ennemi public numéro un. Fallait pas s'affoler tout de même, c'est juste qu'elle avait pas du trouver le conduit de fumée.

Derrière elle, je contemple le spectacle à venir, les bras croisés, le sourire à la limite ténue de la douleur d'une mâchoire pas remise. Une petite précision peut être, on sait jamais, si ça peut aider.


D'habitude c'est une chausse qu'on propose à la mère noël, m'enfin l'épée ça peut l'faire, à voir. A bien y réfléchir, c'est même plus convainquant qu'une godasse.
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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:21

Fanchenn
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La bâche s'affale. Vu de loin son ondoiement eût pu sembler langoureux, Fanch quant à elle trouve simplement la toile rêche et pesante. Elle se râpe les doigts à écarter les replis successifs qui l'entravent, et plaque de l'autre bras le petit tout contre elle. Pelotonné contre son flanc il se tient coi, heureusement, si ce n'est l'infime pulsation d'un curieux halètement.
T'en fais pas bonhomme, y a point trop long je crois.
Grommelant de ci de là un juron à mi-voix, elle constate bientôt que le poids s'allège :
Ca y est mon gars, nous y voilà !

Sitôt dégagée des rêts, elle se retourne, échevelée : évaluer l'ampleur des dégâts. Moutonnement de drap grossier, soulevé par endroits par le mobilier spartiate de campagne. Et au milieu du champ, elle désigne les remous désordonnés provoqués par des silhouettes informes.
Méfie-toi des bateleurs : tu vois ? Ces gens-là ont des tours perfides.

Un curieux hoquet secoue encore l'enfant : elle se penche vers lui, découvre le visage hilare du marmot. Son rire est cristallin, contagieux, et ne tarde à la gagner à son tour.

Regard vers le hourvari qui secoue la toile. Quelques fumerolles, aussi.

Bon... On va chercher de l'aide, avant que ça nous refasse un numéro de cracheurs de feu. On trouvera bien du monde, par là d'en-bas !
Et d'amorcer la descente, au petit trot parce que quand même, ça sent drôlement le roussi. Surveillant davantage par derriere que devant, elle bute soudain dans un obstacle inattendu. La pente pourtant paraissait dégagée, si ce n'est peut-être ce léger épaulement de terrain... d'où a surgi quelqu'un, y en a encore beaucoup des surprises comme ça ? Elle se retrouve le nez dans l'herbe, jambes emmêlées au crocheur de pattes. Se remettant péniblement sur son séant, elle récupère Aznar qui a boulé non loin de là, et s'apprête à informer le plaisantin de sa manière de penser.
Elder ? C'est à c't'heure-ci qu'tu rentres ?

La môme... (Faut qu'elle perde cette habitude, hein !)
Sa fille déjà s'est relevée, et entreprend l'escalade du chapiteau par les névés.

Pfiou !
C'est qu'dans c'sens-là,
ça fait quand même
un sérieux
raidillon !
Puis d'abord Fanch,
elle est chargée.
De ptite famille,
parfaitement !

L'a pris de l'avance, la Lynette. Et entreprend à son tour de chasser les importuns : brave petite ! D'ailleurs le renfort arrive, goguenard. Mais reste tout de même à distance, laisse Elder se débrouiller avec la bouffurie fulminante.
A peine dégagée, l'insolente, qui décidément ne manque pas d'air, s'offre des saluts affectés. Vu les fumées ça doit être ce qu'on appelle "brûler les planches" : ayé ? le numéro est terminé ? Bon vent, pour les rappels c'est pas la peine de repasser !

Fanch, hors d'haleine, prend enfin pied sur le terre-plein.
Dernière pirouette, risette à Aznar qui se retrouve affublé en carnaval : les piteux histrions, enfin, se retirent.
Constat du sinistre : la tente a en bonne partie flambé. Elder enguirlande la factionnaire, qui n'a pas su repousser cette grotesque invasion. Avant de se tourner vers elle. La Générale va bien féliciter ses valeureuses troupes, hein !

- bon... alors... heu... comment dire...
La personne que vous venez de chasser à coups d'épée et de brasero se trouve être une des mes meilleures amies, et je lui dois, entre autre, d'être toujours en vie. Je sais bien que les mœurs ici sont un peu rudes, mais on a pas coutume d'accueillir les amies de cette façon.


Stupeur. Sans tremblements.


Ma fille... Te voilà bien curieuses fréquentations !
Mes amis, chez moi, ne s'installent point avant qu'on les convie.
D'ailleurs ils ne se ridiculiseraient point à rendre visite en tel accoutrement.
Enfin, ils ne provoquent habituellement point, par leur stupide entêtement, telle dévastation.

Si tels sont tes amis...

Elle contemple, désolée, les décombre fumants.
Il n'y a pas si longtemps, c'est dans les ruines calcinées du Bout-Dehors qu'elle fouillait désespérément, à la recherche de ce qu'elle pouvait en sauver. Maigre récolte, qui connaissait de nouveau les flammes.


Et si c'est à cette rouge-queue que tu dois d'être en vie...
Ma fille...



Truffian
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Cavalier sous l'orage. Larges gouttes espacées, s'allégeant à mesure de sa montée vers le Chicot. Tourbillons de fleurs blanches, s'épanouissant en coroles humides, à son pourpoint de cuir. La rocaille du raccourcis roule sous le sabot de sa cavale, raidillon à flanc d'à pic, abrupte pente en lacet, s'adoucissant en garce à la caresse de la neige. Rude saison offerte à la meute, les loups solitaires passent différent hiver. Soliloque idoine, aux secousses de Sans Nom assurant chaque pas, s'élevant en saccades, oreilles attentives, garrot palpitant.

Des tables tarabiscotées, en bois flottés, épaves biscornues polies par la grève, un vraie bout dehors, avec la figure de proue, sein nue, pointant en corne d'espadon sur la façade, vers les quais du chantier naval. Un rade à marins en bordée, j'suis né là, dans la cuisine, entre une soupe de berniques et un ragout de crabe, la madre turbine, le paternel vogue sur les flots, les retrouvailles sont intenses, à faire flamber les docks, quand l'Esperanza ferlait les voiles, au mouillage des pontons, tout le port priait.

Le campement se dévoile, franchit la crête, il distingue sa mère, sa sœur autour d'une tente fumante, ainsi que Blanche, l'incident bête, l'exercice d'incendie qui dérape, interrogation brève, il démonte à proximité du trio, hausse un sourcil, puis les épaules, après tout, une sorte de routine.

Cordoba !

Sourire en coin, sale môme des bas fonds, lorgne un peu le ciel, moustache floconneuse, puis Fanchenn, pupilles en tendresses malicieuses.


Salut m'man.

loukoums et citrons verts Truffian1yw2



Fanchenn
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Un cavalieeeeer qui surgit hors de la-a nuiiiit
Court vers l'aaventuur' au ga-alop
Son nom, il le signe à la pointe de l'épée
d'un M qui veut dire...


    Cordoba !


Sourire en coin, son sale môme des bas fonds lorgne un peu le ciel, moustache floconneuse, puis vers elle, pupilles en tendresses malicieuses :
Salut m'man.


Respirer !

Un pauvre sourire tremblant naît au coin de ses lèvres - faut t'ressaisir, Fanch !
puis prend de l'ampleur, s'épanouit à mesure qu'elle réalise que cette fois, ça y est, il est là, bien là.

Mon Fils !
Enfin !


Elle écrase une larme furtive, se précipite vers lui, l'enserre dans ses bras. Recule d'un pas, lève la tête :
T'as encore grandi, mon Fils !
Sourire radieux : T'es encore plus beau qu'ton père !

Elle s'approche à nouveau, soudain inquiète. Frôle du doigt l'arcade, la pommette, la mâchoire tuméfiées.
Qu'est-ce là ? Attends ! Je vais te mettre... Le saisissant résolument par la main, elle l'entraîne, se tourne vers la tente.
S'arrête.
Les débris fumants lui font la nique. Saleté de saltimbanques !

Elle tourne son regard vers le chemin montant, la petite troupe qui approche, cavaliers encadrant sa carriole à la lueur des torches.
Mais de ce côté là non plus, point de salut à attendre : ils avaient vidé le plateau, déposé tous les sacs avant d'emprunter le véhicule, risquaient d'en avoir pour un petit moment qu'ils avaient dit...


Cord... heu, Marl, j'crois que j'ai perdu mon onguent.
Dommage il était bon, y avait des goemons d'dans. Faudra trouver autre chose : Elder, t'en as p't'etre ? Il peut pas rester comme ça hein ! Faut y mettre quelqu'chose, là-dessus.
Elder ?

Elder. Mince silhouette se dirigeant vers le chateau. Déjà loin.
Soupir...

Elle se retourne vers Marl, poings que les hanches.

Et t'es passé où, vaurien, pour t'mettre dans des états pareils ?

A califourchon sur sa hanche, Aznar s'agite.
Elle lui sourit.

Brave petit bonhomme !
Tu veux qu'on te retire cet affreux machin rouge ?


Elle poursuit à l'adresse de son fils :
Au fait, je te remercie : en demandant à Dame Calembredaine de m'accompagner, tu m'as permis une superbe rencontre.
Quant aux Sentinelles... hum. Pour des soudards, ma foi... ils ne se sont point montrés trop malpolis.
Les voilà qui reviennent.


Le regard fixé sur les cavaliers en approche, elle cherche vainement la chevelure rousse, qu'Aznar lui aussi paraît guetter.
Dans la lueur des flambeaux, une silhouette allongée sur la carriole attire son attention.


Viens, bonhomme : on va aux nouvelles.

Deux citations en tête. Autorisation de l'auteur pour l'une au moins. L'autre est sûrement mort, depuis le temps...


Calembredaine
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Le sommeil est une chose étrange, quand on y pense. D’un coup d’un seul, plus personne, veuillez rappeler plus tard… Donc pendant que son corps se balade sans son avis, son esprit lui se promène et tourne a plein régime, c’est vraiment l’éclate Calembredaine, bravo, quelle idée de picoler comme ça et ton fils, il fait quoi là ? Il danse autour d’un sapin en feu en chantant ? Comme un petit lutin avec un chapeau pointu ? Et Azazel, il fait quoi ? Il baptise ses fidèles sans doute ? Elle grince des dents dans son sommeil, le baptême qu’elle imagine n’avait rien avoir avec celui qu’elle avait reçut du Pater San Giovanni, même si les mines étaient encore plus réjouie, et prête à se prosterner aussi bas que possible. Elle grogne et étreint le tonneau comme si elle allait l’étrangler.

Ses rêves changent comme une farandoles, parfois vicieuses, parfois heureuse, elle revoit des moments agréables ou moins, se souvient de pas mal de détail qu’elle avait oublier, comme la peau d’ours dans laquelle elle se couchait pourtant. Elle se rappelait d’où elle venait, et le jour ou elle avait appris ainsi la mort de son ex mari. Elle se rappelait de Vvarn, Lliam. Elle se rappelait du pardon de son père et de son propre grognement. Elle se rappelait d’Alima, de sa douceur, et de sa manière de se pencher sur les siens. Elle voyait Numalane avec sa sœur toute fripée dans ses bras. Elle revoyait la sorcière Razelle, qui l’invectivait pour qu’elle nomme son fils… Elle revoyait la folle, déchiquetée à la base du cou et le sang qui coulait sur les murs…. Elle revoyait leur pleine lune, la colère et le désir, la rage….Elle revoyait Wulfen, le jour ou il lui appris qu’elle était sa fille…Dominique qui flambait pendant que Gem et Torgen la retenait… Et Aznar de l’aube rouge qui rit en l’appelant maman….

Elle agrippait le tonneau comme si c’était son seul port d’attache. Son échine était frissonnante, et l’éveil était proche. Ses yeux s’ouvrent et roulent dans leurs orbites. C’est quelques choses. Elle les referme illico. ça Brûle. D’ailleurs elle voit pas très clair. Aller un nouvel essai. Bouche pâteuse et cheveux en désordre, estomac qui n’était pas très d’accord avec le plaisir du chouchenn. D’ailleurs elle non plus n’avait pas saisi ou était le plaisir. Elle se lève, se vautre en travers du tonneau, se rendors ou s‘assomme, se relève et ne ressent aucune amélioration au niveau du mal de crâne qui lui vrille la cervelle et lui envoie des confettis colorés au niveau des yeux… quelques minutes plus tard, un juron aux lèvres, alors qu’elle parvient enfin à s’extirper du chariot, à cloche pieds…


BOR…

Elle tombe nez à nez avec les lucioles … Euuuh nan des sentinelles, reconnaît quelques visages, se compose un faciès un brin moins …. Ou peut être plus… enfin le résultat c’est que l’ours du réveil n’est plus que la louve d’habitude, elle marmonne un bonjour a la cantonnade, se demande ou est son fils, sa nounou, son pote, l’agacant personnage qui avait passer la semaine a la faire bisquer, l’grand chevelu, Bireli, l’coucou, qu’Est-ce que j’fout la ou suis-je ou vais-je dans quel état j’ère… D’une main elle vérifie la présence de son épée dans son dos, jure, elle a laisser l’bouclier dans le chariot… Elle a l’cogiteur dans la paille, et même qu’une cocotte a pondu un œuf dedans… (oui il tapote sur la coquille et ça lui provoque un tic, son sourcil se soulève compulsivement)

Elle lève le nez en l’air, apprécie la fraîcheur de l’air sur son visage… Les feux sont toujours là, la bonne femme aux cheveux blanc aussi. La brume et les rêves ne lui on pas rappeler d’où elle s’en souvient, c’est peu être juste une impression.

Elle avance vers le campement, sa démarche aurait fait fureur, sur terrain plat, elle marchait comme sur des œufs, avec l’assurance d’un fermier traversant une rivière pleine d’alligators sur une bûche mouvante. Sa main fait de l’ombre à son visage et elle ajuste la portée de sa vision. En clignant des yeux. La lune est particulièrement forte ce soir. Matin tôt nuit ? Soirée ? Ses jambes accompagnant la marée qui semblait faire rage dans son crâne, elle ne parvenait pas discerner l’heure. Une ombre se dessine. Une ombre a deux têtes. Elle a un léger mouvement de recul. Puis elle se ravise. Elle plante ses pieds dans le sol, croise ses bras… Elle a l’air de… La contenance de… Bref. Finalement son visage s’éclaire peu à peu… c’est pas un monstre, c’est Fanchenn ! Fanchenn et son fils…Aznar de l’aube rouge.


Bonjour, ou bonsoir… Oulala…

Elle descends d’un ton ses paroles résonne huit fois dans son crâne.

J’ai eu… euuh. Lamentable problème . Affreux, vraiment. Chouchenn.

loukoums et citrons verts Calrb9
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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:36

Aznar de l'Aube Rouge
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Le rire s’étouffe d’indignation, la gorge fait office de réceptacle à offense. Quelle est cette chose dont on vient de lui couvrir la tête, n’est il pas déjà assez contraignant d’être emprisonné dans les fourrures dont l’affuble sa mère ? Le sourire est renvoyé à plus tard, il y a brimade qui demande réparation. Le regard qui se pose sur le visage de celle qui croit lui faire offrande à son goût doit peser lourd des mots dont son vocabulaire le prive. Mieux que balbutier vainement, se taire. Petit être stoïque, crocheté à son îlot de chaleur. Tout est dit sans un mot. Il prend autant de recul que la liberté de mouvement le lui permet, éviter le contact est tout ce qu’il lui reste.

S’il n’accorde guère d’importance aux êtres rampants et marmonants, il reconnaît ceux qui comprennent. La dame sait cueillir trésor et le dégager de tracas trop terre à terre. Le soupire n’est rien d’autre que l’expression d’un remerciement tacite. Bien sur, elle a pris son temps et l’a entraîné dans une course pour rejoindre le corps trop présent d’un autre, mais ce simple geste et les mots qui l’accompagnent, lui valent excuse temporaire. Qu’on le laisse respirer.

Une troupe montée vient encore grossir les présences. Si cette constatation lui fait froncer sourcils, la vision de sa mère l’arrache aux grises pensées qui l’assaillent. La nuit n’est plus, le peuple disparaît, les sons parasites s’effacent. Il n’est que le bout de ce fil qui l’amènera jusqu’à lui. Un instant le géant se laisse croire que sa seule volonté à pousser la dame à se mouvoir vers sa saveur. Peut être après tout … Mais il n’y a que nous pour poser la question. Lui se focalise sur le seul but à atteindre, sur le gouffre qui se referme, laissant juste la place qui reviendra gâter sa nuit quand il sera lover au creux d’elle. Où le monde …

Je suis Aznar de l’Aube Rouge, fils d’Azazel Lupus Luxuriae, je suis l’éclipse du monde, gardien des Trois, il n’existe qu’Elle.



Truffian
loukoums et citrons verts 1646417378477d9d69b374d

Jamais vu un dawa pareil...

Neige, bise en rafale, gadoue, on dirait pas vraiment le sud, et il a pas fallu des millions d'années pour que la zone s'installe, une poignée d'heures, au plus, pour généraliser le foutoir. Gratouillis sous le galure. Y'a de la Sentinelle en goguette, de la Sentinelle en intime esquive, de la Sentinelle en faut qu'on cause, mais après le rencard, de la Sentinelle ivre, de la rousse disparue, de la rousse enchouchennée, de la madre chevauchant le coq, l'âne et l'onguent d'un même mouvement, un braillard taiseux, outré d'affront enfantin, de la luciole en pulsion meurtrière, de la luciole navrée, jouant avec le feu, un cheval paumé, des pigeons t'en veux, y'en a, de l'otage libéré, c'est pas si facile, de la Sentinelle inaugurant un nouveau cimetière, par les cojones d'Ari, y'a même Girafe, et Blanche, un piquet d'hilarité contenu, la prunelle aussi acide qu'un citron, le reste de la compagnie s'éclate à taper le carton sous la flotte, le marlou se pose question similaire, mais où a-t-il bien pu passer.

Sans doute quelque part, entre une famille recomposée à l'arrache, une morte dans un palais vénitien, aux Miracles, un hostel particulier, plongé en d'abyssaux travaux, quelque part, perdant une vassalité aux cartes, fixant une princesse avec stupeur, brulant son passé aux cendres d'un compagnon, s'usant la tronche à bouffer une bibliothèque, quelque part, aux confidences d'une demoiselle, servant d'un ami, quelque part, dans le brouillard rêveur de son chaos.


J'suis là m'man. Et j'suis passé... dans quelques coins depuis qu'tu m'as foutu dehors.

Il pouvait pas la fermer non. D'accord, elle l'a viré sans explications, à quatorze piges, mais ça pouvais attendre, au moins la phrase suivante. Fourrageant sa moustache avec énergie il volte vers la mercenaire.

Tu connais la distinction entre un campement de fortune et de campagne ? Ouais ? Ben alors...

Ah, ça se confirme, il est à cran. Sa rogne devient personnelle, regard rageur au hasard du décor, ses pupilles se font racler par les yeux noirs, précis, décidés, d'Aznar. Approche prudente, sourcils froncés, rencontre d'univers à l'opposé, Marlowe's extirpe la sculpture et la tends au marmot.

Y'a plus de clefs que de portes chtiot, oublie pas d'la paumer, être enfermé dehors à ses mystères.

Il laisse la clef de bois entre les mains du fils de la louve, vire son chapeau, ébouriffage de tifs, sourire en funambule à ses lèvres.

Tu m'as manqué m'man.

Une inspiration, certaines nouvelles nient la notion même de moment opportun.

Cal... Victoires, retrouvailles et morts à fêter ce soir. Nous avons les nôtres aussi.

C'est presque front contre front qu'il murmure deux noms, Mara, à souffle uni, Vvarnëleen, tombé au combat commun, l'existence, sans faillir, souvenirs gravés à l'os. Expiration lente, retour à Blanche.

Et si on se morflait une vraie biture ? A chavirer la quille. Les raisons sont provendes, et les provendes à foison... avec un peu d'imagination...

La dernière cuite prise, Fanchenn et lui, elle a gagnée, mais il manquait d'expérience, sa dernière cuite, l'état du Chicot en témoigne, la prochaine, faut voir...

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Blanche Morbaque
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Ca finit inexorablement par arriver. Sous prétexte qu’un gars paie, la terre entière se met à croire que son avis peut être intéressant. Je lui ai refait le coup du haussement d’épaules, c’est éloquent et ça m’évite une explication d’évidence. C’est ton pognon, non, alors ferme la. Je sens que ça va devenir notre mode de communication privilégié avec la gosse, histoire de pas chercher de noises et puis sûrement aussi parce que je m’en fous. Incroyable comme tout le monde voudrait t’apprendre ton boulot, est ce que je dis à qui ne veut pas l’entendre ce qu’il doit faire ou penser, jamais, si on voulait bien me rendre la pareil, je pousserai même le vice jusqu’à dire merci.

Un œil morne posé sur les restes fumants d’une tente, au prix de la toile c’est tout de même rageant cette petite bafouille. On doit avoir le mode de vie qui convient le mieux au fatalisme. Les emmerdements arrivent en cascades grondantes et nous on courbe le dos et on attend que ça passe. C’est la masse compacte qui aide à tenir le choc. Une tente flambée, c’est rien qu’une écharde supplémentaire dans une nuit qui n’a pas l’air de vouloir se terminer. Du coup, j’ai récupéré la pommade de la mère noël avec un hochement de tête, l’aie fourrée au fond des poches et remis à plus tard de refiler ça au Druide pour expertise. Je vais pas me la jouer façon tartine sous prétexte qu’elle a le sourire moins dévastateur que ses manières la distributrice de cadeaux.

Puis j’ai eu comme l’espoir de pouvoir tourner les talons, aller voir ailleurs si l’obscurité pouvait être plus reposante. Encore une preuve que si l’espoir fait vivre, il reste le pire des menteurs. Roulements de sabots, trois flocons pour accompagner la remontée, la fête. Ils m’ont trouvée incrédule. C’est que la Sentinelle se reproduit plus rapidement que le lapin. T’en laisses trois ensemble, ils t’en pondent dix de plus. Un phénomène à étudier de près, les érudits devraient se pencher sur la question, leur théorie me taquinerait l’intérêt. Mais pour l’heure, tout ce que je me demande c’est où tout ce monde va pouvoir se caser. Le chiffre de départ n’est plus celui de l’arrivée. On fait dans la jongle additionnelle. Sympathique, la solution s’impose d’elle-même, démerdez-vous, vous allez vous serrez, ça fera office de chauffage. C’est une loi de la nature, rien ne remplace la chaleur humaine. Camarades, à vos partages de couchage. Quoi qu’à les laisser pieuter ensemble, on peut craindre d’en retrouver le double au réveil.

Je vais pas détailler le lot, de toute façon on n’y voit pas à cinq mètres et puis les défilés c’est pas mon quotidien, les parades non plus. Faisons simple, retour de l’employeur et d’une rousse qui a du égarer le mot ligne droite au moment où elle découvert celui d’haleine. Elle a pas du faire semblant d’être polie avec le cruchon la drôlette. C’est reparti pour les effusions familiales. Ca non plus ça constitue pas l’essentiel de mes narrations. Sauf que le mariole arrive à me glisser une vacherie entre deux câlineries. Je note, ils ont ça dans les tripes, le frangin, la sœur, peut être la mère mais accordons lui le bénéfice du doute. Taquine, c’est pas un adjectif qui doit me convenir, ou alors personne n’a encore tenté de m’en affubler. Il parait qu’il faut tout essayer dans la vie, j’ai du lire ça quelque part. Un intelligent qui mesurait pas la portée de ses mots. Tout essayer, même se jeter sous les sabots d’un cheval au galop ? ha non, pas ça, ben soyons précis dans ce cas.

C’est ça, je vais faire dans la précision. Un geste de la main pour englober le paysage grouillant dans lequel je n’aurais même plus été stupéfaite de découvrir un chat, une tortue, des poissons rouges, avec ça, il n’aurait plus manqué rien.


Fortune hein, comment te dire sans paraître un tantinet agacée … si j’avais eu toutes les informations nécessaires au départ, c’est pas un campement que je t’aurai monté, c’est un chapiteau, avec le rond de sable au milieu et les cages autour pour enfermer toutes tes bêtes de foire. Je t’accorde que ça aurait été plus approprié. Mais comme on dit, encore eut il fallu que je le susse. Ben voilà …

On va tout de même pas s’empailler la tronche chaque fois qu’on a quelque chose à se dire, s’arsouiller me parait plus constructif.

Pour le reste, gardons la biture, le morflage si tu permets, je vais d’abord attendre que les bleus tournent au moins au jaune. Et vu s’que tu te paies, tu devrais t’accorder le même répis.

Y’a du sourire de connivence, l’emplâtrage collectivement consenti ça crée des liens. Pas aussi distendus que les tendons utilisés pour l’exercice. Allons, entre trois flocons flottants, on va bien trouver à se faire une place autour du feu ronflant. Les gars ont rajouté ce qu’il fallait de bois pour pas paraître dépensiers mais assez pour que ça ait de la gueule. De loin, je capte la silhouette d’un type en train de s’échiner à creuser des rigoles qu’on s’est déjà donné la peine de mettre en place. Une foire oui, rien d’autre. N’importe quoi.


Truffian
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Un marlou vers le petit jour

Une fourmilière, emprise de frénésie, au rythme des à venir orageux, pouces aux poches arrières de ses braies, il tourne lentement, pointes de bottes en talons, il se sent cigale toujours, et contemple un peu tristement sa vihuela accrochée aux fontes de Sans Nom, il a chanté aux chaleurs estivales, aimerait bien être dépourvu dans la bise venue, rêve de vagabond, douce illusion, au cœur du maelström, souvent, sans le vouloir, il ne sait, s'en fiche, le chaos l'a choisit, à sa naissance, ou celle d'avant, ou est-ce sa volonté propre, à l'instant précis de sa mort, il le saura, peut-être, d'ici là, il tourne, encore, sous les étoiles d'un été si lointain, dont il espère, aveu en douceur retenue, charmer l'or des blés murs, autour de lui, file le temps, les mouvements, les rencontres, l'air de rien, il grave en sa mémoire le visage de Maxfan, un mantel, un geste de protection, le marlou connait les potentialités de la musique, un frangin, ça veille au grain, en bon marin, il sent venir la risée annonciatrice de tempête, aux éclairs rouges parsemant les pupilles de Calembredaine, face à elle, droit, il suspend la ronde, voix basse, assurée, un reste des Miracles, un reste de ce qu'il deviendra, un jour, ou pas, vivant, brisé, malsain, ou fidèle à ce qu'il est, possible, probable, la dureté des émotions, la tendresse de l'âme, équilibre, toujours, en attendant, il est, entre l'éventuel et le certain.

L'un des tiens. Le nouveau Rey des Miracles. Tu connais le Gris... Son sang fut le sacre de Mange Rats, son bucher dressé au Mont Hurlant, tout se mêle, s'entrelace, et les nœuds sont tranchés par l'acier et la manipulation.

Je ne sais...


Le regard se détourne, à vouloir se découvrir, aux rudes traits de l'agir, prendre le risque du miroir, aux vieux jours, lors reste les rides, d'amertumes ou de rires, rien ne peut le prévoir, sa poigne enserre le bras de la louve, il est là, et si le temps n'est à la parole, il est à l'amitié, entière, sans remise en question, puis, le tourbillon reprends, l'agitation perpétuelle, celle de la veille des batailles, dans la profondeur des alliances d'honneur, les mots d'Elderlyne, glissés à son oreille, les fils du funambule se sont noués à la toile du coucou, et c'est la valeur d'une époque qui va jouer, sous les murailles de Vendôme, alors il s'échappe un instant, entrainant Blanche au précipice bordant le flanc du Chicot, en sourdine, en contrebas, lointain, le grondement du fleuve.

Le cirque ne fait que commencer. Et on se dirige plus vers les arènes romaines que sur la foire de province. Je te confie les arrières, l'esquive éventuelle.

Le sourire déborde largement la moustache lors son murmure donne instruction à l'attention de la mercenaire, si une peut réussir l'impossible hors délai, c'est elle.

Si nous en sortons entier, je paye la murge du siècle.

Des choses à rajouter, il y en a toujours, des moments pour le faire, moins, et un regard, tout expressif qu'il soit, suffit rarement, Marlowe's embrasse son poing, et l'envoie en fausse frappe effleurer le menton de Blanche, volte face, main sur le pommeau de sa rapière, son écuyer a disparu, forcément, il a intérêt à être présent le jour de la bataille, la valse repart, les préparatifs, encore foutraque, mais annonciateurs, d'un massacre, d'une fondation, cela sera, d'une façon ou d'une autre, en attendant, la nuit blanchit, livide, cherchant ses tons de bleus, il rejoint sa mère, proche du charriot, l'air presque égarée, entoure sa taille de son bras, et l'emmène, vers ses quartiers.

Il faut savoir prendre le temps m'man. Je ne sais pas si j'ai finit par devenir un homme, mais j'essaye, de multiples manières...

Au passage, il s'empare de cruches, eau et vin, pain et jambon bien entamé, le rabat de la tente tombe sur la mère et le fils, une lanterne sourde dessine ombres, dehors, les combattants se préparent, partage de courage, de mots, de vin et de chaleur, ils ne sont pas soldats, ils sont guerriers, et lors leurs épées étincelles dans la lumière, c'est eux, entier, qu'ils engagent, leur vie et idéaux pour solde.

Dans la pénombre du logis de fortune, le marlou raconte, son parcours, ses espoirs, ses erreurs, ses folies, que Fanchenn sache, quel enfant elle a donné au monde, il ne cache rien, aucune peurs, aucun rêves, pas à elle, pas pour ce qui peut être leur dernière nuit.


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MessageSujet: Re: loukoums et citrons verts   loukoums et citrons verts Icon_minitimeDim 3 Fév - 23:44

Blanche Morbaque
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Echange de questions réponses les voix posées dans le creux de sonorité laissé libre par la rivière,. les yeux plongeant dans l'obscurité, à la recherche des visions que la nuit soustrait. Son départ m'a laissée pensive, accoudée au restant de muraille, à tourner des possibilités, espérer des impossibilités, l'oreille entendant sans écouter le raffut ambiant. De l'eau, une plaine, un précipice, mélanger le tout, supposer les mouvements, une seule conclusion envisageable, réquisition. La réflexion a du me voler quelques heures plutôt que quelques minutes aux vues du froid qui m'a saisi quand j'ai voulu remuer un pied. L'idée était à la frontière de la précision, à l'orée de la visualisation, l'affinement se ferait en discussions avec les penseurs furieux de la troupe. C'est pas les monstruosités qui manquent de naitre dans leurs caboches. Mais pour commencer, déjà lancer ce qui paraissait évident.

Les Cloutiers, ramenez vous !

Arrivée en gesticulations et conversations contradictoires. Les trois bonhommes peuvent faire songer à une formation géologique perpétuellement hésitante, il en sortira forcément quelque chose mais j'offre une selle neuve au premier qui est capable de me dire quoi. Ces gars vous apprennent la patience, il faut attendre que le génie surgisse de leurs prises de gueules, qu'ils se tapent dessus pour se convaincre qu'ils ont raison et en l'occurrence qu'ils ferment leurs clapets. Pas la peine de s'énerver, ça finit toujours par arriver.

De quoi vous occuper une partie de la nuit, je veux un palan, ici, un truc à lever de quoi vous couper la soif à tous pour dix mois consécutifs. Prévoyez un harnais.

A peine l'occasion de mettre un point final à ma phrase, ils sont déjà avachis sur la muraille à parler les uns par dessus les autres. Ils doivent avoir une cervelle à multi niveaux de concentration, je vois pas d''autre explication. Je les ai abandonné à leur délire menuisier, leur inspiration braillarde pour rassembler le cercle d'échafaudage de plans improbables. Le milieu de la nuit a apporté le verdict.

Il nous faut toutes les vaches et moutons que ce bled contient.

Forêt de fronts approbateurs, le paysan local allait être mis à contribution. On allait faire dans la ruralité active. Pas dit qu'ils aient tous la spontanéité du bonheur, mais la troupe a l'avantage de quelques arguments tranchants. Ca ferait largement l'affaire. Plus qu'à distribuer les rôles.

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Blanche Morbaque
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Il y a toujours une nuit qui précède une bataille


Promenade nocturne, avant la fermeture définitive des portes, nan sans avoir pillé tout le bois qu’il nous fallait. Technique élémentaire de négociation. On se pointe tout sourire dans la première menuiserie croisée, la discussion coince au moment où le gars se rend compte que son sentiment patriotique est moins prégnant que son attachement au pognon qu’on ne lui présentera pas. En toute logique, il prend une baffe, commence par hurler au vol, ramasse une deuxième torgnole, parce qu’on n’a pas le temps de finasser, se dit qu’après tout si c’est pour aider à la sauvegarde de sa ville, en soupèse une troisième en accélération de réflexion et voici que tout à coup l’on peut s’entendre. Avec un coup de pied au derche il aide même à charger la charrette que nous lui empruntons, cela va de soi. Et y’en a pour dire qu’à se battre on en perd le sens des affaires.

Sortie de ville, chacun s’attelle aux tâches qui lui ont été attribuées. Les plus heureux sont ceux qui s’éparpillent à la conquête d’un monde bovin en réveil nocturne. La distribution de calottes fonctionne aussi pour la viande sur pied. Incroyable le nombre de fermes qui se dressent, isolées, en rase campagne. Les moins chanceux, quoi que leur soit évitée une marche à des miles, tournent l’angle des remparts pour venir s’affairer le long du fleuve, juste à son entrée dans la ville.

Les muscles se démènent à activer les pelles, scies et marteaux. Le temps est un caprice qu’il faut savoir s’accorder. Les discussions vont bon train, amusés qu’ils sont par la chose qui prend forme, le coup d’esbroufe qu’ils promettent. A ceux qui pensent que la bataille qui se prépare loin d’eux pourrait leur manquer, il faut préciser que crever n’est pas une vocation. Les gars, comme Blanche, ne sont jamais pressés de confronter leur capacité à survivre au milieu des armes brandies. Le mot gloire n’a d’intérêt que pour les prétentieux et être un héros mort comporte un sérieux défaut, celui de ne plus être en vie pour savourer sa légende.

Une nuit qui s’éternise, qu’elle en soit remerciée, le soleil ne sera pas notre allié. Contre le mur est montée ce monstre de pointes et de cordes tendues qu’avec leur humour à trancher à la hache les gars ont surnommé le hérisson furibard. Ce n’est rien d’autre que dix arbalètes alignées en deux étages sur un trépied et montées en série. Une se déclenche, les neuf autres suivent. Ca manque de précision dans l’ajustement de cible mais ça garanti un bordel honnête.

Une barge terminée, les meuglements offusqués des bestiaux commandés couvrent le bruit de terrassement. Une trentaine de bovins au regard roulant a été réuni, largement suffisant. Leurs paysans de propriétaires ont été invités à suivre le mouvement, dans leurs yeux, la même expression que dans ceux de leurs bêtes. Les gars qui s’étaient improvisés garçons de ferme démontent et se mettent à l’élaboration calculée d’un enclos en plein champ. Une vache affolée ça brasse déjà pas mal d’air, mais trente …


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Blanche Morbaque
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Avant, pendant, après

J’adore les nuits de turbin dans la perspective d’une aube en découpage de boutonnières. Une nuit entière à pelleter et persuader un tas de ruraux que s’ils bougent ne serait ce qu’un petit doigt avant qu’on leur en ait donné l’autorisation, ils n’auront plus jamais de quoi satisfaire leurs femmes, à traîner mes bottes dans la terre meuble des berges, passant de l’atelier découpe à celui de montage, pour finir chez les terrassiers, à recalculer qu’on est en train de se pourrir la santé pour des babioles qui se doivent la précision.

Quand le soleil a fini par pointer son quart de cercle à l’horizon de la journée naissante, il a posé son éclairage froid sur une tranchée au pont escamotable, trois barges tout juste pensées pour l’usage unique, une flopée de gaillards épuisés, un enclos en entonnoir grouillant de la masse compacte de mufles inquiets, et ma gueule face à celles réjouies de trois crétins patentés.


Qu’est ce que vous foutez là les cloutiers ?

Ben dis, on a terminé, fallait bien tester.

Sûr, ça fonctionne au quart de pet s’t’affaire.

Tu pourrais l’ver la colline entière avec s’qu’on t’a fait.


C’est qu’ils sont fiers d’eux en plus. J’ai pris quelques secondes silencieuses au monde, être certaine que ce n’était pas un tour joué par l’insomnie, un mirage produit par une imagination épuisée.

Alors comme ça vous avez fini et deux sont descendus grâce au harnais, et le troisième ?

Ben, j’me suis tapé la longueur de corde.

Bien sur, bien sur … donc, vous êtes là, tous les trois.


Y’a quelque chose dans leurs regards qui me dit qu’ils commencent à comprendre où je veux en venir. Pas tellement les mots prononcés je suppose, l’éclairage dans leurs esprits doit se situer quelque part dans les inflexions tendues de ma voix.

Qui reste t-il là-haut pour faire fonctionner le palan quand il y en aura besoin ?

Les voilà en train de tortiller du cul, pas à l’aise dans leurs bottes les cloutiers. Manier le plan d’architecte et tout outils aux usages parfois mystérieux pour le commun des mortels ne leur pose aucun problème, mais l’évidence, parfois, oublie de resplendir au fond de leur cervelle. Je viens de leur allumer un joli incendie. Raclement de gorges, toux angoissées, ils me sortent toute la panoplie du mec qui chie dans son froc, à l’acteur en recherche d’exemples frappants, il y a là leçon à prendre. Très sincèrement, je ne voulais pas crier, c’est en dehors de ma volonté que mes cordes vocales ont pris cette envolée de graves grondantes. La fatigue sans doute.

REMONTEZ ! MAINTENANT ! SONT TROP CONS, JAMAIS VU CA !

Déroute, débandade désorganisée, à toute berzingue, ça file comme fiente de piaf lâchée à haute altitude et moi, je m’offre un cent mètres à l’enjambée rageuse, à bouffer du kilomètre en apaisant une colère mordante pour la déverser sur le premier péquin qui passe. J’ai du brasser quelques bolées d’air frais mais ça a eu le mérite de me réveiller.

Réunion de têtes pensantes, cercle de guiboles et échanges vocaux. On tombe tous d’accord, l’ouvrage suffira pour la petite histoire. Pas la peine de finasser plus que nécessaire. On s’agite, ceux qui n’ont plus rien à foutre dans les parages remontent au campement, restent sur place dix pelés et ma fiole. Le strictement obligatoire.

La place dégagée, la plaine et ses acteurs ont ouvert le bal. Même d’ici, c’est pas joli à voir. Pour nous, c’est patience et longueur de temps, question d’habitude. Vigilance passive, on s’occupe à commenter les évènements pour ce qu’on peut en deviner. Les bannières aident à positionner les troupes et décrypter les images. Ca dure et ça prend bonne tournure, allons donc, c’est qu’ils étaient en train de distribuer une fameuse dérouillée les francs compagnons. Et ben, une nuit à bosser pour rien, merveilleuse conclusion.

Dernière volutes de poussières, une pensée pour l’employeur, j’te souhaite de t’en être tiré à pas trop mauvais compte p’tit con.
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