Le Duel

Le Marquis Serhal de Sombre en voyage dans le Languedoc, s'était arrêté au Lys de Fer afin d'y prendre quelques repos. Pris en charge par Les Karines, Hétaïres siamoises du bordel, il profitait des charmes de ces dernières...

Au Lys de Fer
Posté le: Dim Nov 19, 2006 6:40 pm

Marquis Serhal de Sombre-


Serhal contemplait les deux Karine , voyant qu'elles semblaient s'amuser ainsi en le flattant, il se mit à sourire d'une étrange manière. Un voile passa dans son regard, le rendant soudain sinistre.
Celà ne dura qu'une fraction de seconde, déja, se tournant vers celle qui semblait être la maquerelle, il lui lança d'une voix claire et forte, celle de ceux qui ont l'habitude d'être obéits dans l'instant.

Toi là, sert nous donc ton meilleur vin !!! Et cesse donc de tirer cette funeste mine, vient t'amuser et boire avec nous !!

Toujours caressant les Karine, il attendit que daigne se dépacer la serveuse.

Namarië


Une lueur de haine passa dans ses yeux. Son corps se tendit prêt à bondir sur l'outrecuidant personnage. Mais assez d'émotion pour aujourd'hui et pas l'envie de se battre, plutot celle de s'enfoncer dans une nuit sans retour. Elle fit demi tour sans répondre, attrappa une bouteille d'un geste à peine trop vif et retraversa la salle pour la poser sèchement près de l'homme. Pas un mot, pas un regard. Elle retourna derrière son comptoir laissant aux Karines le soin de s'occuper de cet homme là si elles y trouvaient le coeur. Pour l'heure ce n'était pas son affaire. Se tournant vers Lyselle et Tuili, son verre de retour dans la sa main un peu tremblante, elle se pencha vers eux.

Je pense qu'il n'y en a plus pour très longtemps. Babette aura sans dout bientôt terminé.

Lyselle, vous étiez venue en ces lieux pour une certaine affaire, profitons de ce répis pour la régler maintenant. Et après j'aurai quelque chose à vous proposer, nous verrons. Alors vous cherchiez quelqu'un il me semble ?

Il fallait finir cette histoire, il fallait évacuer les problèmes, les uns après les autres. D'un geste machinal, Namarië ramena derrière son oreille une mèche qui la gênait et essayait de sourire à la jeune fille. La seule chose que cet homme avait dit de censé, c'était qu'il fallait faire bonne figure. Il serait toujours temps de se laisser aller, ce soir, plus tard, seule.

Tuilinelle

Tuilinelle sirotait le vin mais n'en sentait presque pas le goût se perdant de nouveau dans ses pensées. Au bout de quelque temps il regarda Lyselle qui ne lui repondit pas, et s'adressa à elle en disant :

Excusez-moi, ma dame, à vrai dire je n'ai pas bien compris votre question. Que m'avez vous prop.....

La voix volontaire et méprisante du client l'intorrompit. Une flambée de colère s'empara de Tuili. Il tourna la tête vers le visiteur et lança un regard furieux. Il déposa brusquement le verre sur la table manquant de peu de le casser et serra les poings. Nam apporta une bouteille au client et se dirigea vers lui et Lyselle. Tuili reprit rapidement le contrôle de soi : son visage est redevenu serein. Mais cela n'empêchait qu'il bouillat à l'intérieur. Tuili fit apparaître un charmant sourir et tout en le conservant s'approcha du client et de la femme-double. Il parla au visiteur avec une voix mielleuse :

Messire, j'ose me permettre de vous demander d'avoir l'extrême obligeance de bien vouloir daigner condescendre à parler sur un ton quelque peu plus respectueux à cette dame, si vous voulez bien! Toujours avec le même sourir charmant et de la même voix douce il enchaîna :

En ce qui concerne sa funeste mine, vous n'en connaissez pas les raisons. Par contre je connais les raisons qui pourraient rendre votre mine encore plus funeste, si vous faites une remarque de plus sur le même ton. Tuili ôta un chapeau imaginaire et fit une révérence.

Namarië


Elle regardait Tuilinelle, debout devant l'homme, un sourire en coin. Décidément il était beau quand il était en colère. Une flamme intérieure dansait dans ses yeux gris. Grand et élancé, le visage fermé et des mains d'artiste. La tension dans son corps arrivait jusqu'à elle, il était vivant ... lui. Le feu jouait à créer des ombres et creuser ses traits, décidément oui il était beau. D'un geste léger de la main, elle lui fit signe de revenir au comptoir.

Laisses donc, quelle importance. Les mauvais coucheurs ont toujours un langage grossier, ils ne leur restent que ça pour avoir l'impression d'exister.

Marquis Serhal de Sombre-


Serhal observa le jeune freluquet qui avait sans respect pour son rang, osé lui adresser la parole avec si peu de civilité. Avec un sourire méprisant, il lacha les deux Karine. Son regard s'était voilé a nouveau et une lueur malsaine brillait dans les yeux noirs du nobles. Fouillant dans sa bourse, il en retira une pièce d'un écus. D'un geste négligeant du pouce, il lança la pièce vers le petit défenseur de ces dames.

Tiens manant, va-t-en boire à ma santé en d'autres lieux !! Je te pardonne ton manque de respect pour cette fois, mais ma mansuétude n'est pas infinie.

Le ton glacial et le regard de Serhal indiquaient clairement que la discussion était close, et qu'il n'accepterais plus la moindre remarque venant de l'homme.
Dédaignant regarder l'individu importun, Serhal reposa son regard sur la bouteille.

Serveuse ... Je vous ai demandé quelque chose il me semble, non ?!
Régalez nous de votre présence je vous prie, je ne suis point en ce lieu pour être entouré de funestes corbeaux !!
Un peu de vie que diable !!!!

Et je vous demanderais aussi d'user d'un langage plus digne de ma condition, et de retirer les propos malséant qui ont atteint mes oreilles !

Tuilinelle

Tuilinelle inclina la tête devant le noble, attrapa la pièce, s'inclina encore, puis dit :

Je vous prie de m'excuser, messire S'adresant aux filles il dit en s'inclinant encore :

Mes damoiselles...

Il se dirigea vers le comptoire, y déposa la pièce Nam, je te paye pour ce verre de vin que mon seigneur m'a offert

Tuili saisit le verre de vin blanc qu'il buvait tout à l'heure, s'appocha à noueau du visiteur, dit :

A vot' santé mon bon maître

leva sa main au dessus de la tête du noble et fit couler très lentement le vin sur les cheveux du client. Puis Tuili se tourna et fit quelques pas pour rejoindre Namarië et Lyselle au comptoir.

Marquis Serhal de Sombre-


Serhal furieux se redressa vivement. D'un geste d'une vitesse effrayante, il saisit l'outrecuidant personnage par le menton et plaça son visage en face du sien.


Petit, tu est tout petit ... Insignifiant et cependant tu oses te mesurer à moi ?!
Tu ne pourras pas longtemps te vanter d'avoir ainsi traité quelqu'un de mon rang !!!

Le feu brulant des yeux d'obsidienne, le tremblement léger qu'il s'efforçait de controler, la position et le ton, sourd, grâve, semblable au feulement d'un chat sauvage, tout celà tendait vers l'adversaire.
Sa haine, une soif de mort, de vengeance, la volonté de briser les os et déchirer les chairs, formaient un magma infâme et bouillonnant en son esprit. Sa colère, semblable aux vagues sur la grève, émanait par ondes au ressac régulier, destructeur et corrupteur.
Celà faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti vivre à ce point. La force de ses émotions brulait son âme dévoyée, le feu vif rouge et incendiaire de la haine pure, mélée d'un sentiment difus de remerciement, courait en ses veines, animant ce corps qui ne connaissait plus ce que vivre voulait dire.
Cette âme morte revint à la vie dans un flamboiement irissé de sentiments violents. Il allait faire le plus beau des présents à celui là même qui l'avait outragé.

Rejetant en arrière la tête du jeune homme dans un geste de mépris, il déclara d'une voix forte, claire, hautaine et courroucée.


Demain, au Champ d'Honneur je serais votre homme !
Venez, ou si le courage vous manque, que votre nom soit honnis et la honte votre fardeau durant le reste de votre pitoyable existence.

Puis reprennant ses affaires, il se dirigea vers la sortie de l'établissement d'un pas rapide, cadencé par la colère. Arrivé au seuil, il attrappa sa bourse et la lança aux Karines.

Payez vous Mesdames et buvez le reste à ma santé.

Il remit alors son chapeau, jeta un dernier regard rempli de haine sur l'homme, et disparu dehors

Tuilinelle

Tuilinelle fit quleques pas vers le comptoir quand une secousse violente le fit se retourner. Une main percutta son menton et le saisit fermement. Dans un geste rapide le client rapprocha le visage de Tuilinelle du sien, de sorte qu'ils se touchèrent presque.

Tuili fronça les sourcils, surpris et un peu indigné. Il sentit l'haleine ardente de son adversaire se repandre sur sa peau. Mais ses sourcils se déplissèrent, et, alors que le visage du noble respirait la haine, la séreinité émana de celui de Tuili.

Il se plongea dans les yeux de l'homme. Un brasier de haine faillit brûler le regard de Tuili. Ce brasier qui semble rechauffer mais rechauffer malsainement. Ce feu qui n'éclaire pas, mais fait répandre l'obscurité en y noyant la raison. Si un homme se laisse dominer par lui, ce feu noir corrompt et consume son coeur jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des cendres sans vie. Mais pour le moment ce feu brûlait et était vif. Tuilinelle crut même voir un changement dans l'attitude du client. Quelque chose qui dormait et qui venait de se reveiller.

Tuili s'arracha de cette vision et vit devant lui tout siplement un homme en colère. Il n'entendit que la fin de sa phrase et sourit mélancoliquement et sicèrement et soupira. Il ne ressentait pas de la haine, mais de la compassion.

Dans un mouvement brusque l'homme projetta la tête de Tuilinelle en arrière et le défia de sa voix toujours autoritaire. Tuilinelle se redressa et prononça simplement :


Je viendrai!

Quand le noble partit, Tuilinelle murmura mais j'aimerai autant t'aider

Le lendemain, sur une place d'Alais

Marquis Serhal de Sombre


Serhal attendait sur la place. Il avait amené avec lui pour témoin Jehan son serviteur, muet suite à une discussion qui avait agacé le maître. Le pauve homme, rouge et courtaud, soufflait dans ses mains pour les réchauffer, jetant de temps à autre un oeil craintif vers le Marquis.

Celui-ci avait revêtu une tenue de cuir brun sombre, dont l'exquise délicatesse et le travail de finition tranchait cruellement avec l'usage de pareil vêtement. Les rehauts de métal noir, les boucles d'acier, et l'entrelac des lannières servants à maintenir fermement les protections, tout ce travail d'orfèvre, ouvrage sans conteste d'un maître en son art, n'empechait pas d'éprouver cependant un curieux malaise devant cet homme.
Son visage pale sévère et volontaire, la légère barbe noire qui encadrait la bouche, les boucles aile de corbeau de la chevelure, tout respirait un profond sens de l'entretien et du soucis de l'apparence. Cependant, une sensation malsaine, comme celle que l'on ressent face à un animal répugnant et dangereux se faisait ressentir sitôt croisé le regard noir du noble.
Ses bottes claquaient sur le pavé suivant le rythme nerveux du va et vient incessant de leur porteur.
La lame dans son fourreau battait la cuisse de l'homme, et la garde, lannière sombre de cuir, portait la trace de la main qui la maniait. Fine patine, témoignage d'un usage fréquent de l'arme.

Tuilinelle

Tuilinelle se rendit sur la place des duels.

Il devait se battre. Et se battre en duel n’est pas une activité de tout repos, ni une partie de plaisir. Si l’on s’amuse à la pratiquer, on risque fortement de se faire trouer, de se faire égorger, de se faire couper la tête, de se faire saigner sans doute, ainsi que plein d’autres choses de ce genre, tout aussi sympathiques.

Devant de tels événements on a généralement tendance à paniquer quelque peu et d’éprouver certains sentiments. Par exemple l'inquiètude terrible qui fait battre le coeur tellement fort et tellement vite qu'on croirait qu'il va bondir hors de la poitrine. A cela s’ajoute la pression du sang cognant contre les tempes, sang bouillant qui dessèche la bouche, semble brûler les veines et les poumons, rend la respiration haletante. Se préparer à affronter la mort est un exercice bien rude. On risque d’être torturé par l’incertitude et la peur qui empeche de dormir, capture l’entière attention de sa proie et dévore toutes les pensées agréables. De même que l’angoisse sourde face à l’ineluctable et funeste réalité, cette angoisse face à un événement horriblement inévitable, qui fait qu’on hurle intérieurement de toutes nos forces : « Mon Dieu, faites que ce ne soit pas vrai ! Faites que je me réveille et que ça disparaisse ! ».

Tuilinelle, le ressentait-il ? Avait-il peur ? Avait-il peur de la mort ? Non. Pourquoi ? Inconscience, folie ou bien sagesse ?

La belle et calme tristesse de ce début de journée impregnait Tuilinelle. L’Automne régnait. Il faisait froid, le ciel était gris. Quelques grands arbres entouraient la place et laissaient tomber sur le pavé mouillé les flammes de leurs larges feuilles d’or et de cuivre.

Arrivant sur la place Tuilinelle entendit un tapotis régulier. Il vit son adversaire marcher faisait des aller-retours, comme s’il cherchait à mesurer les dimensions du Champ d’Honneur. Les talons de ses bottes produisaient tantôt des claquement clairs en se percuttant contre les pierres noires du pavé, tantôt des tapotements sourds quand l’épais tapis des feuilles amortissaient les chocs.

Le noble était remarquablement bien habillé, il n’y avait nul doute quant à son goût vestimentaire. En ce qui concerne Tuilinelle, il prit quand-même la peine d’enfiler une chemise moins déchirée que les autres et un pantalon comptant le moins de trous. Le tout était recouvert par sa cape grise qui conservait toujours son éclat de soie malgré sa viellesse et les nombreux voyages de son possesseur. Certes, Tuilinelle aurait pu mettre quelque chose de plus luxueux, de plus prétentieux. Seulement il se dit que pour eventuellement mourir il n’avait pas besoin de mettre autre chose que ce qu’il portait en vivant. Et puis, quel gâchis que de déchirer des chemises toutes neuves !

Un autre homme se tenait non loin. Il se frottait les mains et les bras, piétinait sur place, en resumé, il essayait de se rechauffer. Son attitude était craintive.C’était sûrement le valet ou le témoin du noble, ou bien les deux en même temps. Tuilinelle avança et s’arrêta au milieu de la place. D’une voix ferme il commença :


Beajour, messire. il marqua une pause en attendant la réaction de son adversaire et continua

Vous êtes venus. Je vois que votre parole est souvent mauvaise, mais vous savez la tenir. Mais avant de nous embrocher joyeusement, il nous serait bon de savoir par qui et de définir pourquoi, n’est-il pas ?

Je me présente. Je m’appelle Tuilinelle. Ma noblesse... disons juste que mes titres de noblesse appartiennet au passé et ne vous dirons rien. Alors, sachez seulement que je suis Tuilinelle, paysan, éleveur de cochons. Il y avait un grand contraste entre ces paroles presque autodérisoires et celui qui les prononçait : sa posture fière et digne, sa voix forte et résonnante, l’expression décidée et grave de son visage. Il regardait droit dans les yeux de son adversaire. Il poursuivit :

Je vous accuse, messire, tout d’abord, d’avoir offensé celle à qui j’ai donné mon coeur. Et c’est avec bonheur que je verserai pour elle mon sang.
Je vous reproche d’avoir manqué de respect à son deuil.
Je vous accuse finalement d’avoir insulté la noblesse elle-même et ses principes : vous avez osé parler avec mépris à une dame. Est-ce là un fait d’un gentilhomme ?

Ne vous méprenez pas, messire, je ne prétends pas pouvoir vous vaincre facilement. Je ne prétend pas être sûr de gagner. Seuls les sots peuvent se remettre à leurs propres forces au point de le prétendre. Ne vous méprenez pas non plus sur mon apparente jeunesse. J’ai vu passer bon nombre d’années et j’ai livré bon nombre de combats.


Les cheveux de Tuilinelle d’un noir brillant et son front plissé seulement par quelques légères rides semblaient démentir ses propos. Mais ses yeux les soutenaient. Yeux gris, profonds et brillants. On pouvait y voir les reflets gris-noirs des nuages qui grondent, gris sombre de la mer. Couleur d’un bois hivernal, de ce ciel pâle d’Automne. Couleur des ailes d’oiseaux quittant nos rivages, reflet argenté des étoiles.

Il détourna son regard et le posa sur un arbre. Il vit une feuille dorée se détacher et onduler dans l’air avant de toucher le sol et d’offrir son or éclatant à la noirceur triste du pavé mouillé. Tuilinelle suivit la feuille du regard et se dit que la feulle de sa vie allait probablement être ainsi arrachée aujourd'hui.

Il reposa le regard sur son adversaire.


Je n’ai pas de témoin. J’espère qu’il y a en vous de la droiture au moins en ce qui concerne les combats. Dans ce cas je m’y remets et je n’aurais besoin de nul autre témoin que le vôtre.


Tuilinelle enleva sa cape et la jetta par terre. D'une poche il sortit un ruban et attacha ses cheveux longs. Il dégaigna l’épée que Laigle-noir lui prêta récemment. Il inspira à pleins poumons l’air frais, leva les yeux et sourit au ciel. Puis expira et regardant dans les yeux de son adversaire dit :

Je suis prêt, messire. Voulez vous peut-être examiner mon arme ?

Marquis Serhal de Sombre-


Serhal s'était arreté de marcher en voyant arriver son adversaire.
Posant son regard sombre et froid sur celui-ci, il l'écouta parler sans manifester aucune émotion, la tête légèrement penchée sur son épaule, tel un loup curieux. Il observait la mise de son adversaire, les mouvements qu'il faisait en parlant, écoutait la maitrise du Verbe.

Noble déchu, songea-t-il un instant.

Il l'écouta exposer ses griefs avec un léger sourire en coin.
Finalement, après avoir attendu quelques instants à la fin du discours de son adversaire, il daigna enfin prendre la parole.


Marquis Serhal de Sombre-Havre, Fils d'Alder de Sombre-Havre et d'Euphonie de l'Orme. Quand à moi, Sieur Tuilinelle, je vous défie pour avoir oser me porter outrage en publique.

Pour répondre à vos accusations, j'ignorais son deuil, et en fait celà ne m'interesse guère. Quand à insulter la noblesse, n'oubliez pas que je parlais a Votre Dame qui n'est autre qu'une maquerelle et ne mérite nul respect de ma part à cause de son métier.

Il prononça les derniers mots d'un ton détaché, avec ce même sourire cruel et méprisant. Puis d'un geste ample, il dégaina son arme.

Je ne demanderais pas le combat à mort, la demande de Grâce sera amplement suffisante a mes yeux. Je ne m'abaisserais pas à oter la vie d'une personne comme vous !

Tandis qu'il dégainait, un changement s'opéra, ses traits se détendirent totalement et la lueur dans ses yeux s'éteignit brusquement.
Sous le ciel qui se plombait, l'homme avait pris sa position, de biais la main gauche en arrière de lui, bras droit tendu pointant la lame vers le visage de Tuilinelle.
L'épée, aux reflets froids, se trouvait finement gravée tout le long de sa goutière. Scènes d'orgies funèbres, visages hurlants, extatiques, souffrance, soumissions, haine, plaisir, jouissance, terreur ... le travail du graveur bien que superbe, dénotait un profond malaise et les rehauts carmins et noirs ne faisaient qu'alourdir la répulsion.

Derrière les deux protagonistes, Jehan se signa et s'éloigna de quelques pas.

Faisant quelques passes d'arme pour s'échauffer le poignet, Serhal fit glisser sa main le long de la garde de cuir fin.
Le visage marmoréen sculpté sur le médaillon de garde fixait de ses yeux d'onyx les belligerants d'un air méprisant, lourd et sombre.
Les mouvements du noble se faisaient plus vifs, plus précis à chaque mouvement, la vie qui avait déserté son visage se trouvait désormais dans l'arme.

Jusqu'à la Grâce Tuilinelle, dit-il en ramenant son épée devant son visage.
Jusqu'à la Grâce ...

Se fendant d'un geste vif et ample, il s'élança sur son adversaire sous la fine pluie qui commençait à tomber.

Tuilinelle

Quand le marquis parlait, Tuilinelle écoutait sans mot dire en le regardant toujours droit dans les yeux. Tuili décida de ne plus s'indigner des paroles de cet homme : on va pas non plus se battre contre lui à chaque fois! On n'en finirait pas avec les duels!

Le noble avait dégainé. "Demander la grâce?" Tuili sourit : il ne pouvait pas imaginer l'homme lui demander la Grâce et ne s'imaginait que difficilement le faire soi-même.

Tuilinelle, son épée à la main, attendit impassiblement que son adversaire ait fini de s'échauffer.

"Hm, ça fait longtemps que je me suis pas servi d'une épée... Qu'est ce que ça va donner? Est-ce que je sais toujours me battre?"

L'adversaire avait finit. Tuilinelle regarda l'épée du noble. "Hm, beau travail cette épée.. rro, je ferais mieu de me concentrer! Maquerelle? mérite nul respect? encore heureux qu'elle mérite pas ton respect! la grâce... étrange demande de sa part. Quoique il a raison, c'est encore plus humiliant, ça lui apportera plus de satisfaction s'il gagne... Oh, tiens! il commence à pleuvo... "

Soudain un reflet métallique, un sifflement. La main de Tuili a bougé toute seule. Son épée dévia la lame énnemie qui autrement allait percer sa poitrine. "rrro j'ai eu chaud. Au moins je crois que je sais toujours me b...". Tuili para de justesse un autre assaut. Plusieurs autres attaques suivirent. Tuilinelle n'avait le temps que de reculer et de les esquiver de peu. "Là, faut que j'arrête de reflechir !!" Il para un autre coup, et sa main gauche, bien que vide, fit machinalement un mouvement de contre-attaque comme si elle portait une autre épée. "rro mais j'ai qu'une seule arme, qu'est ce tu fa...". Son côté gauche se trouva à découvert suite à ce faux mouvement. Tuili se hâta de se remettre en biais, mais l'épée du marquis effleura tout de même sa poitrine en déchirant la chemise et en coupant légerement la peau.

Tuilinelle s'efforça à se concentrer. Il fit le vide dans son esprit. Il mit toute son attention à observer son adversaire, à analyser le moindre de ses mouvements. Maintenant qu'il était concentré, même un léger mouvement des paupières de son adversaire suffisait pour l'avertir du danger. Maintenant, il suffisait d'observer avec les yeux, les mains faisaient en conséquence tout ce qu'elles avaient à faire : Tuilinelle n'avait plus à reflechir : les parades et les contre-ataques partaient machinalement, preuve d'un long entraînement.

Avec la concentration, les gestes de Tuilinelle devenaient très précis et rapides. Son épée se transformait en un serpent qui essaye de se faufiler entre les parades de l'adversaire et de mordre au moment opportun. Si au début Tuili ne faisait que se défendre, maintenant il passait aussi à l'attaque et le combat devenait plus intense et plus dangereux pour les deux parties

Marquis Serhal de Sombre


Serhal continuait à se battre, mechaniquement au début, il avait rapidement changé son approche. Il avait discerné un changement chez son adversaire qui l'avait poussé à se montrer plus offensif et plus attentif au combat. Un je-ne-sais-quoi de déja vu, la certitude d'avoir affaire à quelqu'un qui savait enfin se battre.
Il avait réussit une touche, mais pas assez pour l'invalider ou le gener en quoi que ce soit.

Les mouvements particuliers du dueliste lui avait clairement indiqué qu'il avait affaire à quelqu'un qui outre savoir manier les armes semblait ambidextre, une chose a utiliser.
Un mouvement inutile de sa part, ouvrant une breche dans sa garde, fut immédiatement sanctionné par une vilaine estafilade sur son bras droit.
D'un geste rageur, il saisit son arme de sa main valide, et égoutta le sang qui s'écoulait de son bras blessé d'un revers.
Les fines goutelettes de sang s'épanchèrent dans l'eau ruiselante des pavés, et de des fleurs carmines aparurent dans les flaques sous ses bottes.
Continuant à combattre du côtés senestre, Serhal simula encore quelques vains assauts, avant de partir d'un éclat de rire déplacé en ce lieu.

Maintenant battons sérieusement !!!

Il fit alors tourner la garde dans sa main, et se presenta face à son adversaire, tenant son épée en sens inverse, le fer de la lame dans son dos. Sa main fermée, porteuse de fer se détendit brusquement vers la machoire de Tuilinelle.

Au fait, je ne suis pas droitier ! lacha Serhal avec un mauvais sourire, tandis que le poing renforcé d'acier partait.

Sa main droite parti aussi rapidement prête, à saisir le poignet de l'adversaire lorsque ressortirait la mauvaise habitude d'essayer de contre-attaquer avec la deuxieme main ...

Posté le: Ven Déc 01, 2006 1:30 am
Tuilinelle

Au bout de quelque temps d'attaques plus ou moins heureusement vaines et de parades tout à fait heureusement efficaces, Tuilinelle s'élança pour atteindre son adversaire. Leurs lames se croisèrent, et comme toutes les lames bien élevées qui se respectent, elles se croisèrent dans un tintillement caractéristiques des lames qui se croisent. Elles se croisèrent donc, et l'adversaire parat le coup, mais ayant besoin de prendre l'air il se déconcentra. Tuili profitant de l'affaire se relança et sans tarder essaya d'enfoncer dans sa chair sa lame mais ses tentatives échouèrent. Juste son bras droit il lui blessa. Ce qui n'est pas si mal que ça, remarqez.

Voilà que le sang venait s'ajouter à l'ornement du pavé. Dans une des flaques de la place l'image du ciel et des arbres se trouva perturbée par de grands cercles concentriques, plus grands que ceux provoqués par la fine pluie, et le rouge du sang colora davantage le reflet des feuillages.

Cette image n'a pas échappée à l'attention de Tuilinelle. Mais elle aurait mieux fait de lui avoir échappé : Tuili regardait par terre, il observait la flaque au lieu de fixer le marquis dont la main gauche renforcée par la garde de son épée retournée arriva bien à destination : dans la mâchoire du rêveur. Le premier reflexe de Tuili fut le bon : se donnant des noms d'oiseaux que l'on ne précisera point ici, Tuili bondit instantanément en arrière pour ne point recevoir un autre coup, cette fois un coup du tranchant. Se retrouvant à plusieurs pas de son adversaire il reprit ses esprits, et dit en riant :


Une drôle de façon de combattre à l'épée, messire. Pour être à égalité, je changerai ma main. J'ai jamais su, moi non plus, si j'étais droitier ou gaucher. Jusqu'à présent ma main droite n'a pas eu l'occasion de me decevoir. Voyons avec la gauche.

Il prit l'épée dans la main gauche et s'avança de nouveau vers le noble.

Cette histoire n'eut jamais de fin car les temoins ne contèrent jamais la suite, mais à Alais, nous ne revîmes jamais le Marquis et Tuilinelle depuis ce jour conserva dans le regard une lueur étrange...